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Vicaut dépasse le maître

Pour la première fois depuis quatre ans et ses années juniors, Christophe Lemaître, en méforme et devant la forme excellente de Jimmy Vicaut, n'est pas monté sur la plus haute marche d'un podium national. Inquiétant en vue de la saison estivale.


Quand on allait parler au public présent à Aubière pour assister à ces championnats de France indoor d'athlétisme et qu'on leur demandait la raison de leur venue, la plupart nous parlait de l'enfant du pays (Aubière se situe dans le département du Puy de Dôme), le champion olympique Renaud Lavillenie et devait sûrement ignorer que le concours de la perche n'avait lieu que ce dimanche. En ce qui concernait les vrais passionnés d'athlétisme, ils nous disaient que ce qui les intéressait était cette finale du 60 mètres masculin. Une finale relevée où deferlaient les enjeux. Entre la petite forme du moment de Christophe Lemaître et les dernières excellentes performances de Jimmy Vicaut, on voulait savoir où en étaient nos sprinters à deux semaines des championnats d'Europe indoor à Göteborg où n'ira pas Christophe Lemaître. Le double champion d'Europe en titre du 100 m arrivait pour ce championnat de France sans trop d'ambitions. Il venait de réaliser son meilleur temps de la saison en 60 m, à Gand en 6"64, et souhaitait réitérer à peu près le même chrono. Jimmy Vicaut, quant à lui, auteur d'un début de saison en salle excellent avec deux courses à 6"53 lors de ses deux précédentes sorties, cherchait à confirmer sa très bonne forme du moment et même essayer d'abaisser légèrement le chrono d'un ou deux centièmes.
Rien qu'en série, on savait déjà dans quel ordre se classerait les deux pépites de l'athlétisme tricolore. Christophe Lemaitre manquait à nouveau son départ et ne passait la ligne d'arrivée qu'en 6"69. Pas vraiment rassurant surtout que dans le même temps, Jimmy Vicaut tapait fort d'entrée avec un déjà très bon 6"57. Sur les coups de vingt heures, Jimmy Vicaut entrait donc sur cette piste d'Aubière avec le statut de favori, ce dont il n'est pas trop habitué "c'est vrai que ça fait un peu bizarre d'aborder une finale de championnat de France en tant que favori. Ça fait longtemps que ce ne m'était pas arrivé et encore plus quand Christophe est présent. Ça fait du bien mais il y a une pression supplémentaire" déclarait l'élève de Guy Ontanon. Alors le coup de feu a retentit et Jimmy Vicaut a fusé des blocs bien que selon le sociétaire du club Paris AA "mon départ est encore perfectible. Je peux m'améliorer, je le sens". Christophe Lemaitre, comme a son habitude, se relevait trop vite et se trouvait rapidement distancé par son partenaire en équipe de France. Mais c'est le cas lors de chaque course. Normalement, quand Lemaitre est dans sa forme habituelle, il sait allonger ses longues cannes pour revenir inexorablement sur ceux qui le précèdent. Ce ne fut pas le cas hier "je reste persuadé que le 60 m est une course un peu courte pour moi. J'ai besoin de temps et d'une distance plus grande pour pouvoir accélérer et revenir. En 60 m, je suis censé faire mon effort à partir des quarante mètres. Hier, rien ne s'est passé comme ça. Je n'avais pas de jus, rien dans les guiboles donc je n'ai pas pu inquiéter Jimmy" avouait celui qui s'entraîne à Aix-les-Bains.


Jimmy vicaut enfin sur le devant de la scène

Au final, Jimmy Vicaut cassait sur la ligne d'arrivée le premier et signait un nouveau temps canon de 6"53 "je suis content car ce temps est bon à l'échelle mondiale. Mon objectif était, si je dois être honnête, de me rapprocher encore plus ou de battre la meilleur performance de l'année (détenue par le cubain Javier Perez en 6"51). Je ne suis pas déçu mais je sens que je peux aller sous les 6"50. Car ma course est loin d'être parfaite même si elle est très loin d'être dégueulasse". Avec le meilleur temps européen de la saison en salle, Jimmy Vicaut abordera ce championnat d'Europe avec l'étiquette de grand favori et semble exploser aux yeux de tous, ce qu'a du mal à comprendre son entraîneur "Jimmy est très jeune. Il n'a que vingt et un an et il me semble que pas mal de monde oublie son extrême jeunesse. Il était un des meilleurs sprinters au monde dans sa génération en junior. À dix-neuf ans, il devient champion d'Europe du 4x100 m aux côtés de Christophe Lemaitre qu'il considérait comme son modèle. L'année d'après, il est médaillé d'argent du 4x100 m et prend la sixième place de la finale du 100 m des championnats du monde. Et l'année dernière, il devient vice champion d'Europe du 100m à seulement trois centièmes de Christophe. Pour son âge, son palmarès est déjà pas mal rempli. Il était eclipsé par la très grande popularité de Lemaitre. Je pense que la méforme de Christophe a servi à Jimmy qui s'est un peu libéré de ce statut de second. Les gens prennent conscience de son talent et je ne peux que m'en réjouir car il le mérite tellement" estimait Guy Ontanon.
Christophe Lemaitre, lui, ne faisait que le même temps que lors des séries, c'est à dire 6"69, qui ne lui offrait que la troisième place, Emmanuel Biron prenant la seconde marche du podium en 6"64. Une performance loin de ses attentes "j'espérais faire mieux que ça mais je n'en avais pas les jambes. Je faisais des meilleurs temps en junior, c'est pour dire. 6"70, ce n'est pas le niveau mondial. J'ai l'habitude de faire des hivers mauvais mais celui-là est peut-être le pire de tous". En même, on peut lui trouver des circonstances atténuantes. Une préparation automnale entachée par une vilaine entorse de la cheville droite et un début de pneumonie survenue en janvier auront eu raison du début de saison de Lemaitre qui expliquait "l'entorse de la cheville, je m'en suis remis assez rapidement. Ce qui a été plus compliqué à gérer, c'est ce virus attrappé au début de l'année, qui m'a vraiment stoppé alors que ma préparation devenait serieuse. Je pensais en être sorti après le meeting de Gand mais je ne suis pas encore dans le coup". Des raisons alors de s'inquiéter une année de championnat du monde bien que son entraîneur, Pierre Carraz, resté du côté d'Aix-les-Bains, reste confiant pour la suite de l'année "il vit un moment compliqué qu'il doit principalement à ce virus. Quand il sera remis d'ici deux semaines si tout va bien, on pourra reprendre deux séances d'entraînement quotidiens et il sera de nouveau compétitif pour la saison en plein air"...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 01 mars 2013
Modifié le 24 février 2013
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