| Sir Alex Ferguson tire sa révérenceAprès vingt-six ans et six mois de bons et loyaux services à la tête des Red Devils, Sir Alex Ferguson a fait savoir hier matin, par le biais d'un communiqué, qu'il prendrait sa retraite à la fin de la saison. Cette annonce a eu l'effet d'une onde de choc pour des mancuniens maintenant orphelins d'un des plus grands entraîneurs de football de l'histoire.Mardi soir, Manchester United faisait savoir que le club annoncerait une grande nouvelle le lendemain matin. La rumeur du départ d'Alex Ferguson a alors fait grand bruit et c'est en ce mercredi 8 mai, vers les dix heures du matin, que la rumeur se révélait officielle. C'est sur le site internet officiel des Red Devils que l'on pu lire le communiqué écrit par Sir Alex Ferguson expliquant qu'il ne serait plus, à partir de la saison prochaine, sur le banc mancunien tous les week-end. On n'annonçait pas une catastrophe climatique ou un nouvel attentat mais l'information de la fin de carrière de l'écossais en fit au moins le même ramdam.
Dans les heures qui suivirent, le sujet du départ à la retraite du plus grand coach de l'histoire de Manchester United fut l'un des plus suivis sur Twitter. Les messages de tristesse se comptaient par centaines et même par milliers. Luke, supporter acharné des Red Devils depuis un petit bout de temps, n'arrivait pas à y croire et tentait la suplication "ne nous quitte pas Alex. S'il te plaît. Reste encore un peu. Manchester United sans toi, ce n'est pas possible" pendant que d'autres comme Lisa tentait la carte nostalgique "les plus belles années de Manchester United se sont réalisées avec toi aux commandes. Ce ne sera jamais plus pareil mais tu nous a tant donné qu'aucun reproche ne serait acceptable. La seule chose que je puisse lui dire serait merci".
Une décision mûrement réfléchie
Quand cela fait plus d'un quart de siècle que vous restez dans le même club, il est assez facilement compréhensible que le moment de partir soit plutôt compliqué à determiné et ce fut le cas de Sir Alex Ferguson qui appuyait dans son communiqué "c'est sans aucun doute la decision la plus dure à prendre de toute ma carrière et peut-être même de ma vie. Cela faisait un moment que je réfléchissais à l'heure de mon départ. J'avais besoin de temps pour prendre la meilleure décision, pour prendre le choix que je ne regretterai pas et il me semble que je ne pouvais plus faire marche arrière". Aujourd'hui, son départ est officiel mais il émit déjà l'hypothèse d'un départ à plusieurs reprises. La première fois, c'était en 2001. On était en milieu de saison et on peut dire que Manchester United ne vivait pas la periode la plus forte de son histoire. Les Red Devils trainaient leur peine en milieu de tableau. Sir Alex Ferguson pensa alors à s'arrêter mais au dernier moment, il recula et invoqua "si je stoppe maintenant, je vais rester chez moi toute la journée. Je pense que ma femme va avoir pas mal de mal à me supporter. Je pense qu'elle préfère que je poursuive ma carrière plutôt que je reste dans ses pattes à longueur de temps". Mais Manchester va revenir dans la course au titre et Alex Ferguson reprendra espoir de remporter la Ligue des Champions chez lui à Glasgow, ce qu'il ne fera pas après avoir essuyé une élimination par le Bayer Leverkusen en demi-finale. Ensuite, c'est en 2008, après un second succès en Ligue des Champions contre Chelsea, que l'écossais repensa à partir à la retraite car il pense que s'en aller après une victoire en Coupe d'Europe est le moment propice à une passation de pouvoir. Mais là encore, il préfère attendre, se rendant compte que dire adieu à son Théâtre des rêves n'est pas une tâche aussi simple.
Il avait son idée du football
Maintenant que sa retraite a été annoncée officiellement, il sera temps de faire une petite rétrospective car un entraîneur de ce talent mérite que l'on parle de lui et de son oeuvre. On parlerait aussi de son influence sur l'histoire du football. Il faut bien concéder qu'on ne parlerait pas beaucoup de sa trace laissée dans le jeu. Il n'est à l'origine d'aucune révolution technique majeure comme a pu le faire en son temps Johan Cruyff au FC Barcelone. C'est peut-être la seule chose qui manquera à son talent mais quand on regarde son palmarès, il est assez facile d'être indulgent avec Sir Alex Ferguson. Ce n'est pas le genre de manager qui fera le changement tactique qu'il faut à la cinquantième minute parce que West Ham lui pose plus de problèmes qu'il ne l'était prévu au départ et ce pour une raison simple qui est que Sir Alex Ferguson fait en sorte qu'une telle situation n'arrive pas. Une carrière aussi remplie que la sienne n'a pu être possible que grâce à une rigueur sans faille qui se ressentait aisément en voyant son équipe évoluée "il avait une philosophie de jeu et on devait jouer en adéquation avec cette philosophie. C'est un homme qui ne parle que de jeu. Lors des causeries d'avant match, il ne nous parlait pas de l'adversaire mais seulement du match qu'on devait faire et du jeu que l'on avait à pratiquer. Ensuite, sur le terrain, il nous replaçait quand il trouvait qu'on s'égarait mais jamais je ne l'ai entendu vouloir changer de tactique en plein match. Que l'on soit devant au score ou mené, on devait jouer le même football, c'est à dire, un football tourné uniquement vers l'attaque car c'était son idée du football et il n'en démordait pas en fonction de ce que faisait l'adversaire" se souvient David Bellion qui a joué à Manchester United entre 2003 et 2006. Il avait une idéologie et un idéal de jeu mais n'était en rien sectaire et il est aisé de le remarquer. Le jeu pratiqué par les Red Devils quand il est arrivé en 1986 et celui du Manchester United de 2013 ne sont en aucun cas semblabled car l'homme a évolué ainsi que ses idées qui ont progressé en parallèle du football mondial mais quand il avait décidé de jouer d'une telle manière avec telle équipe, il ne modifiait rien.
Dans son communiqué, Sir Alex Ferguson n'a pas manqué de remercier ceux qui lui ont faut confiance, notamment lors d'une première année où il mit du temps à prendre ses marques. Une année où il aurait très bien pu être débarqué par ses patrons "en 1986, Manchester United était vingt-et-unième de Premier League (dans un classement de vingt-deux équipes). Quand je suis arrivé, j'avais une mission simple qui était de faire grandir l'équipe mais mes débuts n'ont pas été facile. Heureusement pour moi, mes dirigents, Bobby Charlton en tête de cortège. En fin de saison, nous étions onzième donc j'ai eu la chance de pouvoir continuer. Grâce à eux, j'ai eu le temps de construire plus qu'une équipe. J'ai pu construire un club".
Comme un père avec ses joueurs
Il n'a pas non plus oublié de remercier tout ceux qu'il a croisé pendant près de vingt-sept années passées dans le nord de l'Angleterre "je tient à dire merci à tous ceux qui sont passés à Manchester United pendant la période où j'y étais. Merci au staff, aux employés du club et à tous les joueurs que j'ai eu la possibilité de rencontrer". Des joueurs, c'est sûr qu'il a eu pleinement le temps d'en voir et pas des moidres. Sous ses ordres ont défilé Mark Hughes, Eric Cantona, David Beckham, Ryan Giggs, Paul Scholes, Laurent Blanc, Wayne Rooney, Cristiano Ronaldo... Des joueurs avec qui il avait un rôle paternel "c'est le meilleur entraîneur que j'ai eu car il considère ses joueurs comme ses enfants. Alex Ferguson est un meneur d'hommes mais il n'est pas inaccessible comme beaucoup peuvent le penser car il dégage un sentiment froid quand on ne prend pas le temps de connaître. Il gère Manchester United comme si il s'agissait d'une famille dans laquelle il aurait le rôle du chef. A Manchester, tout le monde vit avec tout le monde et Alex Ferguson nous reprenait à chaque fois que l'on ne disait pas bonjour à un employé ou à une secrétaire. C'est lui qui choisissais quels joueurs seraient capables de renforcer l'équipe et quand il voulait un joueur, il l'obtenait en faisant tout son possible. Dans mon cas personnel, Alex Ferguson a fait le voyage jusqu'au Portugal pour parler directement à ma famille. A l'époque, je jouais au Sporting et il avait envie que je vienne en Angleterre mais mes parents n'étaient pas vraiment rassurés car j'étais encore jeune. Il a su les convaincre en leur disant qu'il s'occuperait de moi comme de son fils. Avec un autre entraîneur que lui, je ne serais pas parti" se remémorait Cristiano Ronaldo, avec qui Sir Alex Ferguson a remporté la Ligue des Champions en 2008.
Alex Ferguson restera dans les mémoires pour sa propre vision de ce que devait être son métier "en vingt-six ans, il a travaillé chez les Red Devils comme un chef d'entreprise. Il pensait que son boulot consistait à tirer le meilleur de ses joueurs comme le fait un directeur des ressources humaines au sein d'une entreprise. Il arrivait à maîtriser l'égo de grandes stars au caractère plutôt trempé comme Eric Cantona ou Wayne Rooney. Il réussissait à les faire jouer avec des jeunes joueurs venus du centre de formation. Il y parvenait car il ne parlait jamais à ses joueurs en les prenant pour des superhéros. Il forçait l'humilité car c'était lui le seul chef et jamais personne ne devait le contester pour une raison ou pour une autre. Il n'utilisait jamais de superlatif pour parler d'un joueur, aussi bon soit-il, car il pense qu'on ne progresse plus du moment où tu te prends pour le meilleur alors après un match, il ne te disait que "bon boulot". On savait que ça voulait dire qu'il était content de toi" sourit Fabien Barthez, qui fut le gardien mancunien de 2000 à 2003.
Il a décidé de partir en ce mois de mai 2013. Lui seul était apte à l'expliquer "je me suis toujours dit que je partirai le jour où je serais absolument sûr que Manchester United aille parfaitement bien. J'ai le sentiment que sportivement et financièrement, Manchester United est en excellente santé, peut-être même la meilleure santé de son histoire. Je sais que le club a tout pour continuer de la plus belle des manières". Il a donc annoncé sa retraite à deux journées de la fin du Championnat, alors que Manchester United se sait champion d'Angleterre depuis la trente-troisième journée et une victoire contre Aston Villa. C'est donc ce week-end, lors de la reception de Swansea, que Sir Alex Ferguson vivra son dernier match dans les fauteuils confortables de son Théâtre des Rêves d'Old Trafford. Une cérémonie devrait être organisée pour célébrer le départ de l'Ecossais.
Pour lui succéder, c'est David Moyes qui tient la corde. L'entraîneur d'Everton est aimé depuis longtemps par Alex Ferguson parce qu'il est écossais, comme lui, bien qu'il vienne de l'autre côté de Glasgow. Il apprécie également l'acharnement avec laquelle David Moyes a toujours combattu Liverpool, ennemi ancestral de Manchester United et donc de Sir Alex.
En tous cas, on se souviendra forcément du riche palmarès que Sir Alex Ferguson s'apprête à laisser dans l'armoire des trophées maintenant bien remplies d'Old Trafford. On se doute que David Moyes aura le plus grand à faire mieux. En même temps, treize titres de Champion d'Angleterre en vingt-six ans, accompagnés de deux Ligues des Champions, c'est assez difficilement réalisable par un autre que Sir Alex Ferguson... | | |
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