| Richie Porte joue sa carteL'australien, qui d'habitude joue les équipiers de luxe à Christopher Froome ou Bradley Wiggins, est le leader de la team Sky sur ce Paris-Nice et est bien parti pour l'emporter après une victoire en solo au sommet de la montagne de Lure.Quand on voit la manière dont Richie Porte s'est adjugé la cinquième étape de ce Paris-Nice, il est bien compliqué de deviner que le coureur australien n'est que le troisième dans la hierarchie de l'équipe Sky. En même temps, quand on voit l'effectif de la formation britannique, on se dit que les très bons coureurs se bousculent au portillon. Déjà avec Bradley Wiggins et Christopher Froome, respectivement premier et deuxième du dernier Tour de France, difficile de trouver sa place mais il ne faut pas oublier le vice-champion olympique Rigoberto Uran et l'autre colombien qui monte en la personne de Sergio Henao.
Sur ce début du mois de mars, il est le leader de la team Sky, une position inhabituelle pour l'originaire de Tasmanie. Lui ne s'en plaint pas et se souvient "quand j'ai commencé en professionnel, on m'a dit que j'étais trop lourd à cause de mon passé où j'étais plus tenté par les triathlons que par le cyclisme sur route. Alors, être un coéquipier apprecié de ses leaders pour son boulot en montagne, je trouve que je m'en sors pas si mal". On le voit souvent en tête du groupe des favoris lors des montées de cols. Il est alors sous le leadership de Chris Froome ou Bradley Wiggins. Sur le dernier Tour de France, c'est lui qui faisait les relais une fois qu'Edvald Boassen Hagen et Michaël Rogers étaient cuits avant que Christopher Froome ne reprenne le flambeau pour emmener son leader Bradley Wiggins. Un rôle qui lui plait "la victoire de Bradley sur la plus grande course du monde, l'année dernière, je l'ai prise un peu pour moi et lui-même disait, et pas juste parce que c'est une personne polie, que ses coéquipiers l'avaient aidés à chaque instant. Je sais pourquoi les dirigeants de Sky ont décidé de me recruter. C'était pour faire l'équipier modèle sur les grandes courses. Alors, bien sur, j'aime jouer ma carte personnelle et attaquer mais arriver sur les plus hauts cols en tête du groupe, c'est une impression formudable. Traverser des routes où se trouvent des milliers de spectateurs, c'est grisant".
L'eternel lieutenant enfin sur le devant de la scène
Difficile de croire qu'il aura fallu tout ce temps à son équipe pour se rendre compte de quoi il est capable sur des courses comme le Paris-Nice. Richie Porte fit ses grands débuts dans le peloton professionnel en 2009 au sein de la CSC Saxo Bank où il assistait les frères Schleck en haute montagne. En 2010, Frank et Andy Schleck qui fondent leur propre équipe lui propose de les rejoindre chez la Team Leopard Trek mais lui décline l'offre et pense tenir un rôle important en restant chez Saxo Bank. L'annonce de l'arrivée d'Alberto Contador à ses côtés le refroidit quelque peu car il se retrouve avec le même rôle qu'il tenait du temps des frangins luxembourgeois. Cependant, son eternel optimisme et sa positive attidude lui font relativiser ce moment compliqué "quand j'ai décidé de prolonger avec Saxo Bank, je pensais en être un des hommes forts sans un coureur réellement au-dessus de moi mais Alberto est arrivé. Sur le coup, j'étais vraiment déçu mais au fond, je me dis que c'était une bonne experience pour le futur. Je me demande même si ce n'était pas un mal pour un bien. J'ai couru autour des meilleurs cyclistes de ces dernières années. J'ai beaucoup gagné en experience. Ça m'a permis de rester plus longtemps dans les groupes des meilleurs car j'assistais Alberto ou Andy. J'ai gagné en stratégie de course car ils me prodiguaient de nombreux conseils".
Hier, il s'est révélé dans les deux derniers kilomètres de l'étape reine de cette édition 2013 de la Course au Soleil qui arrivait à la montagne de la Lure après une ascencion finale raide de plus de huit pourcent de moyenne. Dans les premiers pourcentages compliqués, c'est le maillot Jaune, l'américain Andrew Talansky, encore jeune et sans experience de la haute compétition, qui mettait le feu au poudre. Au final, trois attaques qui n'étaient pas assez nettes pour lâcher la meute. Une stratégie un peu difficile à comprendre que ne cachait pas Sylvain Chavanel "je n'étais pas dans son groupe quand il a attaqué pour la première fois mais il l'a fait parce qu'il voulait asseoir sa domination. Là encore, je comprends car il voulait prendre de l'avance mais quand il a vu qu'il ne creusait pas et que derrière, ça revenait, il aurait du rester dans le groupe et suivre tranquillement le rythme. Il avait la forme pour suivre Porte. Mais, au contraire, il a attaqué une deuxième et une troisième fois sans faire d'écart et il s'est cramé. Il s'est peut-être cru un peu trop fort qu'il ne l'était et quand Richie Porte a attaqué, il n'a pas pu le suivre et ça lui coûte le maillot jaune".
Mis à part l'américain, personne ne pouvait revenir sur le grimpeur de la Sky. Jean-Christophe Péraud parvenait à rester dans le groupe des favoris mais ne pouvait compromettre la victoire de l'australien, ce qui satisfaisait déjà de ça "j'ai un peu coincé au pied de la montagne donc je savais que je ne lutterai pas avec les meilleurs. J'étais déjà content de revenir dans le groupe de devant et je ne me suis pas rendu compte que Porte était parti devant. J'ai de bonnes jambes en ce début d'année". Quatrième au classement général, il ne peut qu'esperer le top 3 surtout que le contre-la-montre du col d'Eze est bon pour lui. Westra et Denis Menchov ne pourront pas le reprendre non plus. Richie Porte part donc vers sa première grande victoire, lui qui avait fini septième du Tour d'Italie en 2009 avec en prime le maillot blanc de meilleur jeune. Mais il sait ce qui l'attend "quand on me le demandera, je redeviendrai l'équipier modèle"... | | |
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