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Review UFC 179 - Jose Aldo Taille Patron

Plus encore que lors de leur premier duel en janvier 2012, Chad Mendes aura entrevu la faille laissant espérer la chute du Champion des poids plumes. Restait à l'élargir, mission dans laquelle il a échoué. Autres enseignements de cette édition brésilienne : Glover Teixeira rentre dans le rang, Beneil Dariush impressionne et Fabio Maldonado confirme sa légende de besogneux héroïque.


Résultats Complets de l'UFC 179 (25 octobre 2014)
Rio de Janeiro, Brésil (Ginasio do Maracanazinho)


Carte principale

*Jose Aldo bat Chad Mendes par décision unanime (49-46,49-46,49-46) et conserve le titre de Champion UFC des poids plumes.
*Phil Davis bat Glover Teixeira par décision unanime (30-27,30-27,30-27).
*Fabio Maldonado bat Hans Stringer par TKO (2e round 4 : 06).
*Darren Elkins bat Lucas Martins par décision partagée (27-30,30-27,30-27).
*Beneil Dariush bat Carlos Diego Ferreira par décision unanime (30-27,30-27,30-27).


Carte préliminaire

*Neil Magny bat Willian Macario par TKO (3e round 2 : 40).
*Yan Cabral bat Naoyuki Kotani par soumission (Rear-Naked Choke, 2e round 3 : 06).
*Wilson Reis bat Scott Jorgensen par soumission (Arm-Triangle Choke, 1er round 3 : 28).
*Andre Fili bat Felipe Arantes par décision unanime (29-28,29-28,29-28).
*Gilbert Burns bat Christos Giagos par soumission (Armbar, 1er round 4 : 57)
*Tony Martin bat Fabrio Camoes par soumission (Kimura, 1er round 4 : 16)

Il est loin le temps où Luiz Cane était le seul "mouton noir" d'un show UFC en terres aurriverdes. Comprendre par là le seul combattant de nationalité brésilienne à s'incliner face à un étranger. Nous étions alors en août 2011 et la compagnie américaine réalisait un retour triomphal dans le pays du football, mais également du fight ne l'oublions pas (IVC, Meca World ValeTudo et autres Jungle Fight sont des pionniers dans leur genre). Depuis, la destination est devenue routinière, à raison de trois à six galas par an. Depuis, les hôtes éprouvent les pires difficultés à imposer leur loi.


Prestige de la carte en cause ?

Dans cet autre temps, les galas brésiliens étaient auréolés du supplément de paillettes avec une accumulation de stars locales jamais vu auparavant : Anderson Silva, Mauricio "Shogun" Rua, Antonio Rodrigo Nogueira, Edson Barboza, Rousimar Palhares, tous ceux-là pour le seul UFC 134. Trois ans plus tard le seul fighter en commun sur la carte est le modeste poids plume Felipe Arantes (16-7-1 + 2 no contest). Une seule véritable star pour porter l'évènement sur ses épaules, mais quelle star ! L'inoxydable Champion Featherweight Jose Aldo, invaincu depuis l'unique impair de sa carrière en novembre 2005, deux défenses de la ceinture au WEC en 2010 avant six nouvelles levées victorieuses au sein de l'UFC. Et encore, plusieurs blessures ont limité la portée de son règne. Il est désormais le Champion le plus dominateur avec Jon Jones en Light Heavyweight, sa présence était très attendue neuf mois après son précédent combat, d'autant qu'un nouveau désistement risquait de mettre à mal la tenue du show dans son ensemble. Les exemples d'annulations des UFC 151 (Jones vous Henderson) et 176 (Aldo vous Mendes II déjà !) ont incité l'organisation à réunir un casting de figures (re) connues pour leur dimension spectaculaire : Glover Teixeira, machine de guerre (19 finalisations pour ses 22 victoires) jusqu'à son échec devant Jon Jones en avril dernier ; Fabio Maldonado, gagnant ou perdant mais toujours sublime dans sa façon de se livrer ; Lucas Martins, terreur issue du muay thaï et espoir de renaissance médiatique pour l'équipe Chute Boxe...


Ne manquait plus qu'une Guillotine Choke

... Et il y avait aussi la palette d'artistes spécialisées dans les manœuvres de reddition. Le pays ayant popularisé la variante de jiu-jitsu la plus usitée en MMA y avait bien droit. Les soumissions se sont concentrées pendant la carte préliminaire. D'entrée de jeu Tony Martin (pas le cycliste) plaçait la barre haute avec une Kimura expéditive sur Fabricio Camoes, pourtant pas manchot – si l'on peut dire – en matière de défense de clé puisque ceinture noire BJJ 3e degré sous Royler Gracie. Après une minute d'observation en stand up sous les assourdissants chants "Booma Yé" du public (fil rouge de la soirée), l'Américain projette son concurrent au sol avec un puissant double leg takedown à l'arrachée. Il n'aura alors de cesse de travailler sa position pour entreprendre son finish. La résistance de Camoes est bluffante, mais au bout de trois minutes passées sous un contrôle latéral oppressant il doit rendre les armes.

Le poids léger invaincu Gilbert Burns (9-0 à l'issue de son duel) s'est aligné sur le même rythme. Ce partenaire d'entraînement de Vitor Belfort avait signé des débuts UFC discrets au mois de juillet, s'imposant par décision quand il avait conclu jusqu'alors tous ses affrontements au 1er round. Pour le coup il a renoué son timing standard devant le nouveau venu Christos Giagos. Empêtré une bonne partie du round dans la garde de son opposant, Burns prend finalement la full mount, amorce un étranglement arrière puis profite d'une roulade défensive de Giagos pour le piéger en juji-gatamé. Travail de souplesse et de polyvalence hallucinant de la part de ce prodige en herbe. Un client à surveiller, d'ores et déjà voué à squatter l'Octogone en pays carioca.

Davantage adeptes du stand up, Andre Fili et Felipe Arantes mirent entre parenthèses le festival de soumissions pour nous offrir une bataille épique. Notamment un premier round de pur castagne conclu par un foudroyant clinch muay thaï du membre de la team Alpha Male sur Arantes. Les deux autres reprises voyaient une guerre de position au sol, le niveau équivalent des protagonistes tendant à un équilibre des débats. Fili tenta bien de solder les comptes avec une clé de bras dans la dernière minute, mais il devra se contenter d'une décision des juges en sa faveur.

Elite XC, Bellator, UFC, la trajectoire de Wilson Reis a tout d'une ascension triomphale, nonobstant quelques revers en chemin (19-5). Le parcours de Scott Jorgensen (15-10) évoque davantage une chute libre. Enfant du WEC, il fut l'ultime challenger de Dominick Cruz dans cette compagnie. Le désormais poids mouche a connu plus de la moitié de ses défaites (six) sur les trois dernières années pour seulement deux victoires dans la balance.

Tout à son enthousiasme, Reis est contré et subit un knockdown au cours de la première minute. Avertissement sans frais. Mais le Brésilien ne tempère pas son harcèlement pour réduire la distance. Son style n'est pas sans rappeler le Champion des flyweights Demetrious Johnson, déplacements ultra rapides et punchs très courts pour mieux embrayer sur des high kicks. Ce travail de diversion paye, via une amenée au sol donnant lieu à une phase en ground & pound suivie d'un Arm-Triangle Choke implacable. Et si nous tenions le candidat inattendu pour défier "Mighty Mouse" Johnson ? À noter que les quatre défaites de Wilson Reis au Bellator l'ont été au cours de tournois (saisons 1,2, 4 et 5) et face à des futurs Champions de cette compagnie (Joe Soto, Patricio Freire deux fois et Eduardo Dantas). De quoi confirmer son statut de fighter solide, dont le palmarès ne comporte étrangement pas le moindre KO victorieux.

Kimura, Juji-Gatamé, Arm-Triangle Choke, quid du Rear-Naked Choke ? Le voici lors du duel suivant avec le membre de la prestigieuse Nova Uniao, Yan Cabral (12-1). Au sein de cette prolifique école des Champions il côtoie nul autre que Jose Aldo (toujours lui !), Renan Barao, Marlon Sandro, Vitor Ribeiro ou Hacran Dias, n'en jetez plus ! Même si bien plus expérimenté en MMA, le Japonais Naoyuki Kotani (33-12-7) n'était pas un rival sérieux. Après un 1er round bien timide, le local se concentre sur son objectif numéro un : trouver le sol. Il obtiendra directement une saisie depuis le dos pour clore l'échange tout en douceur. Onzième soumission en douze succès pour Cabral, passé des welters aux légers suite à sa décevante prestation devant Zak Cummings. On aimerait à présent le voir opposé à un adversaire plus susceptible de servir de valeur-étalon.


L'étrange verdict de Elkins-Martins

Passons rapidement sur le dernier fight de la carte préliminaire. À l'issue d'une opposition bien ennuyante, Neil Magny est parvenu au KO technique d'un Willian Macario à la dérive, approximatif dans sa défense ground & pound et surtout actif en provocations. Encore un cas de figure où un Américain domine un combattant local. Par ailleurs Magny, après des débuts octogonaux mitigés, vient d'enchaîner cinq succès sur la seule année civile 2014, un record au sein de l'UFC moderne (partagé avec Roger Huerta).


La série noire se poursuit durant la carte principale : trois Américains surclassent des locaux avec la manière. Le petit bémol serait de pointer leur incapacité à s'imposer avant la fin du temps réglementaire. Une façon de la jouer fine bouche tant Beneil Dariush a réduit Diego Ferreira au rôle de figurant grâce à sa lutte, Phil Davis a désamorcé les velléités d'un Glover Teixeira plus décevant encore que face à Jon Jones, et surtout Darren Elkins a écœuré Lucas Martins à grand renfort de clinchs et de boxe anglaise. Ne pas se fier à son visage, rapidement coupé sur une rare attaque tranchante de Martins. Pas de l'avis d'un des trois juges, non seulement coupable de donner gagnant le passif Brésilien, mais en lui accordant de surcroît les trois rounds ! Heureusement le contexte n'aura pas influencé ses confrères. Au total ce sont six représentants de la bannière étoile qui auront vaincu des enfants de "l'ordre et du progrès".

Fabio Maldonado est passé près de contribuer à l'hécatombe générale face au Néerlandais Hans Stringer. Durant tout le 1er round ce mi-lourds réputé pour son courage a été pilonné, il est vrai mollement, dans l'inconfortable position d'un contrôle latéral. Le seul Européen de la carte décevait par la faiblesse de son striking, puis son faible rendement défensif lorsque Maldonado renversa la position. Pire, Stringer adopta une posture de fœtus, garantie d'un arrêt imminent de l'arbitre. Combat médiocre dans l'absolu, marqué par une séquence choc pendant la célébration : Anderson Silva, simple spectateur, rejoignant son compatriote au sommet de la structure sous des acclamations. Quand les à côtés enflamment plus une foule que le contenu d'un match, on peut en déduire beaucoup de celui-ci.


Aldo prenable le temps d'un round

Arrive ce championnat poids plumes, si attendu et maintes fois repoussé. Malgré une première manche remportée par KO au 1er round par Aldo en janvier 2012, nul ne pouvait balayer les chances de conquête de Chad Mendes dont ce fut le seul faux pas de la carrière. Depuis, le membre de la team Alpha Male a enchaîné cinq victoires convaincantes, quatre par KO/TKO et une par décision. Son style agressif avait fortement gêné le Champion lors de leur premier duel, conclu sur un coup de genou/génie venu de nulle part. Le public a aussi en tête les moments de flottement qui touchent Aldo en cours de combat, souvent limités à un demi-round au démarrage ou en fin d'affrontement. Ainsi Mark Hominick avait entrevu l'exploit devant son public canadien en avril 2011, Frankie Edgar avait donné le change en février 2013 et Chan Sung Jung avait brillamment résisté avant d'être victime d'une blessure en août 2013. Le Brésilien tomberait-il dans les travers du Champion dominateur devenu gestionnaire ? L'alerte ne se fit pas attendre. Devant un public surchauffé entonnant des chants de stade, Scarface subit un knockdown à base d'un crochet gauche savamment envoyé. Après un rapide "ascenseur", le Brésilien renverse la situation dans l'ultime minute du round avec des puissants coups de genoux et un crochet gauche revanchard. Mendes doit même résister à une full mount. Les dernières secondes sont épiques en stand up, au point d'ignorer le retentissement du gong pour Aldo, auteur d'une frappe du droit très sèche qui envoie l'Américain contre la grille. En une seule reprise, la foule est déjà passé par toutes les émotions, cet engagement hors-délai ne conduira pas à polémique entre les deux guerriers. Tout comme les quelques écarts de Mendes (doigts dans les yeux, coup dans les parties) seront considérés anecdotiques.

Au retour du gong Mendes tente de donner de la consistance à ses avancées continuelles, il multiplie les fausses pistes et démontre par de larges sourires à son adversaire que la confiance n'est pas où on pourrait le croire. Un numéro technique très appréciable, mais peu porteur en termes de dommages corporels.

Les deux hommes semblent épuisés à l'orée du 3e round, mais ils n'écouteront que leur mental. Inquiété sur un uppercut, Aldo réplique au centuple avec un festival de crochets en une grosse accélération qui manque de clore aussi sec le duel. Il s'agit du round le plus significatif pour le tenant du titre.


Plus mobile et déterminé, Mendes impose son style au cours du 4e round, fait de mouvements en apparence superflus pour mieux asséner des frappes retentissantes, ses uppercuts et crochets font merveille et laissent la paupière droite du Champion en sang. De quoi renforcer son côté Scarface et son allure christique. Aldo commence à avoir le tournis tant son challenger le ballade sur toute la surface de l'Octogone, mais il ne rompt pas, recharge les batteries et s'envole même pour un Flying Knée à quelques secondes de la fin.

L'ultime reprise offre l'unique phase prolongée au sol, séquence où la lutte de l'Américain bute sur la défense du Brésilien, capable d'annihiler ce début de Lay & Pray pour amorcer une saisie de dos. Ils se relèvent à mi-round et reprennent un échange en boxe anglaise. Malgré l'épuisement, Aldo termine avec panache via des coups de pied sautés faisant office de messages pour témoigner de sa supériorité. Les juges en conviennent en lui accordant une belle unanimité (49-46 dans les trois cas, soit quatre des cinq rounds en sa faveur). Le duel fut du reste très serré, aussi malgré la confirmation du premier résultat il n'est pas interdit de croire en une troisième manche. Aujourd'hui les phares éclairent l'Irlandais grande gueule Conor McGregor, appelé à postuler très vite à la ceinture, mais demain il sera temps de reconsidérer le combattant complet qu'est Chad Mendes, seulement coupable de devoir composer avec un numéro un injouable dans sa division.

Le public Brésilien n'aura pas le temps de gamberger sur l'issue de cet évènement prestigieux, puisque la compagnie des frères Fertitta organise une nouvelle escale le 8 novembre. Certes pour un "simple" Fight Night, dans une salle plus petite. En main event Shogun Rua tentera de freiner sa pente descendante face à l'étonnant haïtien Ovince Saint Preux.
L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 06 novembre 2014
Modifié le 02 novembre 2014
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