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Quintana, un apache dans la ville

Nairo Quintana a remporté la dernière étape de montagne de ce Tour de France du côté de Semnoz. Une première victoire sur la Grande Boucle glanée le jour de la fête nationale colombienne.


Il était presque dix-sept heures et quinze minutes quand Nairo Quintana passait sur la ligne d'arrivée, les bras vers le ciel, parce qu'il se savait premier et qu'il venait alors de remporter sa première étape sur le Tour de France, autant dire un rêve qui venait de passer dans la sphère de la réalité "quand j'étais petit, c'était compliqué de suivre le Tour de France parce qu'il fallait aller dans un plus gros village situé plus bas dans la montagne pour avoir des informations sur ce qui se passe dans le monde. Alors je savais quand Indurain gagnait et les exploits de Lance Armstrong. En Colombie, le vélo est vu comme un moyen de transport qui permet d'aller plus vite qu'à pied et pas vraiment comme un sport qui peut être pratiqué par plaisir et passion. Mais ce n'est pas le cas pour le Tour de France car il est perçu comme une fête et un grand évènement, également parce que beaucoup de colombiens ont brillé dans le passé".
Dans son village qui l'a vu grandir, à Bayoca, il n'était qu'un peu plus de dix heures du matin quand un des leurs montait trois fois sur le podium, ce qu'il fera encore aujourd'hui, devant l'Arc de Triomphe, au terme d'un premier Tour de la France extrêmement positif. Ses plus fervents supporters seront encore là, devant leurs postes de télévision. Parmi eux, Anna Maria, la soixantaine déjà bien entamée, qui connait bien la famille Quintana "je le voyais monter tous les jours avec sa bicyclette pour aller à l'école. Il devait faire plus de quinze kilomètres en montée pour s'instruire, comme le voulaient ses parents. Il montrait un courage déjà affirmé. Vous savez, il revient de loin". Une allusion à peine dissimulée à son enfance difficile où il passe tout près de la mort, à cause d'une maladie touchant beaucoup de nourrissons du coin. Sa mère se souvenait d'avoir vu la mort sur le visage de son fils. Mais loin de baisser les bras et de laisser leur enfant à ce funeste destin, le papa et la maman de la famille Quintana écument les voyantes et pseudos guérisseuses du village. L'une d'entre elles trempent le jeune garçon dans une mixture encore secrète, même pour le miraculé "je ne sais pas qu'est-ce qu'elle a fait mais j'ai guerri dans les jours qui suivirent. Je ne sais pas si c'est elle qui m'a sauvée mais elle a dit à mes parents que j'aurai un futur extraordinaire et je ne peux pas lui donner tort".


Le maillot à pois comme obsession

Nairo Alexander Quintana Rojas, si l'on prend son nom entier, fait donc la fierté de son village mais aussi d'un pays entier "le cyclisme colombien et plus encore le cyclisme Sud-Américain ont connu une traversée du désert. Quintana fait parti de cette génération de jeunes Colombiens plein de talents. Il y a aussi Serpa chez Lampre, Uran et Henao chez l'équipe Sky. Ils ont montré des choses intéressentes cette saison mais Quintana est peut-être le meilleur. Il nous le prouve depuis plus d'un an chez les pros quand il avait resisté à la forteresse Sky qui roulait pour Bradley Wiggins. La Colombie revient parmi les très grandes nations de cyclisme de ces prochaines années" soufflait Cyrille Guimard.
Comme il a été dit plus haut, Nairo Quintana, sauf accident de dernière minute, montera trois fois sur le podium. La première fois, ce sera en tant que dauphin du divin Christopher Froome. La seconde, il lui sera donné le maillot Blanc en tant que meilleur coureur âgé de moins de vingt-cinq ans. Mais, en parfait Colombien, ce sera le maillot blanc à pois rouges qui retiendra l'attention "le maillot à pois est très important en Colombie. Après le maillot jaune, c'est le plus célèbre. Notamment parce que beaucoup de Colombiens ont porté un jour ce maillot. Je pense à Fabio Parra ou Lucho Herrera qui sont des modèles pour moi. Et quand j'ai attaqué dans le dernier kilomètre, je pensais d'abord à la victoire d'étape mais aussi au maillot de meilleur grimpeur car José Luis Arriera m'avait dit, une fois que l'on était tous les trois en tête avec Chris Froome et Joaquin Rodriguez, que si je passais premier, je prenais aussi le maillot donc ça a joué dans mon attaque. Je ne pensais même plus à la deuxième place au classement général. Quand j'étais plus petit et que je commençais à faire du vélo, on riait quand on voyait ce maillot pour son style particulier mais c'est devenu presque un mythe pour moi et je leur ai dit que je le porterai un jour. Donc, en effet, le rammener jusqu'à Paris, c'est plus que magnifique".


Quintana à l'assaut de la capitale

Ce succès, car on peut parler de succès malgré que le maillot jaune soit porté par un "Kenyan Blanc" et non par le Colombien, Nairo Quintana sait à qui il le doit "il y a trop de personnes que je dois remercier. Je pense à mon directeur sportif, José Luis Arrieta, qui met en place des tactiques précises et pertinentes et qui prodiguent de bons conseils. C'est le meilleur directeur sportif qui m'ait dirigé. Mes coéquipiers aussi car ils ont fait un boulot du début à la fin. Ça ne m'a pas dérangé de travailler pour Alejandro Valverde car c'est mon leader. Il n'a pas eu de chance et j'aurais compris sa deception. Mais il m'a aidé et à tout fait pour me mettre dans les meilleurs conditions. Et je tenais aussi à parler de Juan Mauricio Soler. Il me conseille dans ma vie de tous les jours. Il m'a servi de modèle. Il a porté aussi le maillot blanc à pois rouges. Je pense à lui car c'est un excellent coureur qui n'a pas eu de chance. Il devrait courir à mes côtés mais il ne s'est toujours pas remis de sa lourde chute subie il y a deux ans".
Nairo Quintana a, du haut de ses vingt-trois printemps, connu déja connu plusieurs experiences sur des podiums mais celui sur lequel il s'apprête à monter ce soit, aux alentours de dix heures du soir, aura pour sûr une saveur particulière "mes parents tenaient à ce que j'aille à l'école alors que j'aurais pu commencer à travailler. On avait beaucoup de cours d'Histoire et j'entendais toujours parler de la France et de Paris. J'étais déjà heureux lorsque j'y suis allé pour la première fois. C'était pour le Tour de l'Avenir (qu'il remportera bien sûr). La seconde fois que je suis allé en France, c'était pour le Dauphiné de l'année passée. En fait, dès que je viens en France, je repars avec des bons souvenirs. Donc, avec ses trois semaines de course, je peux vous confirmer que la France est le plus beau pays du Monde et avec le cyclisme, j'ai eu l'occasion de voir pas mal de pays".
Il reste encore une étape pour le peloton. Une étape attendue depuis longtemps par le jeune Colombien "le Tour de France, ce sont les montagnes, des paysages somptueux et la dernière étape qui arrive à Paris. Je ne suis jamais allé à Paris et je suis très excité. On va partir du Château de Versailles et arriver sur la plus belle avenue du monde". Le podium devant l'Arc de Triomphe, Nairo Quintana le connaîtra par coeur dans quelques années avec l'espoir de conquérir le plus beau maillot, le maillot jaune...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 29 juillet 2013
Modifié le 27 juillet 2013
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