| Narvalo : Mercenaires PrinciersDes mercenaires high-tech au service d'un prince des temps modernes..."Narvalo, premier héros masculin du scénariste Yann depuis 10 ans, est à la tête d'un commando de mercenaires chargés de protéger le prince auto-déclaré d'un micro-état virtuel : le Zeeland. Cette plate-forme montée sur pilotis de béton en pleine mer du Nord est une forteresse informatique pour sociétés en mal de paradis fiscal. Narvalo, son commando et la garde rapprochée du prince seront amenés, parce que la Hollande recule jusqu'à douze milles nautiques la limite de ses eaux territoriales, à fuir et à trouver refuge dans l'île d'Orlando, autre paradis fiscal peuplé exclusivement de femmes. L'une d'entre elles, Pimp, bodyguard du prince, haïra Narvalo dès la première seconde. Elle enquêtera sur son passé dans le but de le coincer. Des flashs-back compléteront ces infos et le lecteur découvrira que Narvalo fut, pendant des années, un homme tout à fait ordinaire. Un jour, sa vie a pourtant basculé. Comment ? Pourquoi ? C'est ce mélange d'aventure et d'exploration plus intime ainsi que le contexte dans lequel celles-ci prennent place - l'univers des états informatiques - qui font tout l'intérêt de cette nouvelle série. Avec ses étonnantes joutes verbales et ses bagarres à la résine paralysante, Yann ne fait pas dans la demi-mesure. Côté dessin, Erik Juszezak y va lui aussi... à fond les manettes." (Présentation Dargaud)
Classé souvent comme BD d'anticipation, la série Narvalo s'intéresse en fait à un sujet bien contemporain, celui des états virtuels et des paradis artificiels. Yann s'attaque à un nouveau sujet, pour lequel il s'est comme à l'accoutumer beaucoup documenté ; ce qui permet de donner à son récit un air authentique. Son goût pour la provocation est aussi au rendez-vous. Yann met en scèneC3Po et encore Josy, ex-soldats respectivement en Tchétchénie et en Irak, qui évoquent allègrement leurs "exploits" de guerre. Leurs propos rendent mal à l'aise mais Yann ne nous les rend pas antipathiques comme s'il voulait dénoncer les dirigeants qui décident des guerres plutôt que les soldats qui sont envoyés bon gré mal gré.
Peu de temps mort, pour ce récit efficace. Et même si l'équipe de mercenaires trouve que l'action n'est pas au rendez-vous, celle-ci arrivera bien vite. Comme tout premier album d'une série, celui-ci pose le cadre du récit et les personnages, avec notamment des flash-back qui révèlent les failles du personnage principal et expliquent ses réactions. Si le sujet principal reste la question des états virtuels, l'histoire de Narvalo intéresse beaucoup le scénariste : "Nervalac voit d'autres otages égorgés, pète les plombs et devient mercenaire sous le nom de guerre de Narvalo, "fou" en langage gitan. Ce qui m'ouvre des perspectives intéressantes. Ce type qui aurait dû finir beauf standard en écoutant du Sardou dans son 4x4, vaguement heureux entre sa famille et une ou deux maîtresses, bascule tueur parce qu'il déteste l'injustice. J'ai toujours été par le destin d'hommes comme tout le monde, à la vie toute tracée entre famille et boulot, et dont le chemin devient tout autre pour causse de guerre par exemple. Le genre Clostermann, Romain Gary." (Interview dans BoDoï n°87)
Pour illustrer cette histoire contemporaine, le trait réaliste de Juszezak fonctionne à merveille. Le dessinateur est aussi à l'aise avec les belles expressions de visage quand il réalise des gros plans qu'avec les décors de vagues déchaînées. Les couleurs de Jean-Jacques Chagnaud apportent la dernière touche à cette grande réussite.
Série : Narvalo
Titre : Mercenaires princiers
Auteur : Juszezak / Yann
Editeur : Dargaud | | |
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