| Les VaincusUne BD au souffle magistral sur la fin de l'Empire Inca..."Il s'appelle Apoo. Il fait partie de la tribu des Chasqui. Apoo est un messager royal, chargé de parcourir à pied l'empire Inca afin de délivrer les nouvelles. C'est un homme solitaire qui préfère contempler la beauté sauvage des montagnes des Andes plutôt que de fréquenter ses semblables. Seul trouve grâce à ses yeux le vieux K'anchay, son ami. Apoo aime aussi rester seul et penser à sa petite sœur, Awacha, qu'il n'a pas vue depuis si longtemps. Awacha, entrée au service de l'Inca, est enfermée dans la Maison des Vierges à Cuzco. Mais un jour, la vie paisible d'Apoo est bouleversée. D'étranges créatures viennent de débarquer sur le sol de son pays. Des hommes casqués et armés, arrivés par la mer sur "d'immenses radeaux en bois". Vite, Apoo doit se lancer sur les chemins pour prévenir l'Inca de leur arrivée. Une fois sa mission accomplie, il s'interroge. Quelles sont leurs intentions ? K'anchay est formel : ces "hommes de couleur claire" sont des Dieux à l'apparence humaine venus envahir et détruire l'empire. "Les venus de loin n'apportent que désastre et épidémie", prophétise K'anchay. "Le monde dans lequel nous vivons touche à sa fin". Dès lors, Apoo n'aura plus qu'une seule obsession : rejoindre Cuzco, malgré les dangers et les violences, et retrouver sa sœur Awacha. Mais sur cette terre livrée à la folie meurtrière des hommes, fragilisée par la faiblesse de l'Inca et abandonnée des Dieux, la route d'Apoo sera longue et périlleuse... "
Après La Nuit de l'Inca, série réalisée avec Fabien Vehlmann, Frantz Duchazeau revient à nouveau sur le monde Inca avec sa toute dernière BD, Les Vaincus. Cette œuvre devrait plutôt être caractérisée de roman graphique : les 166 pages qui la composent font preuve d'une composition et d'une puissance magistrale. Frantz Duchazeau nous livre, en effet, une œuvre profonde tant au niveau du scénario que du dessin.
Alors que le scénario de La Nuit de l'Inca reposait sur une éclipse du soleil, celui des Vaincus prend sa source dans la conquête de l'Empire Inca par Francisco Pizzaro et ses hommes attirés par la promesse de l'or. Ce moment fatal à l'Empire nous est raconté à travers le regard d'un homme Apoo. Ce personnage a en commun avec Maki, personnage principal de La Nuit de l'Inca, sa marginalité et son besoin de solitude. Tous les deux sont également confrontés à un destin qui les dépasse. Apoo ne comprend pas l'attitude de l'Inca, ni la raison de la présence des "hommes de couleur claire", qu'il prend d'abord pour des Dieux. Son point de vue sur le monde qui l'entoure est tout à tour naïf et lucide. A travers ce personnage, Duchazeau évoque avec justesse les attitudes et les sentiments humains, tels que la traitrise, la violence, la solitude...
A la lecture des Vaincus, nous retrouvons certaines caractéristiques du "style Duchazeau". Le côté hachuré du graphisme est encore parfois présent, avec des traits fins qui effleurent à peine le papier. Mais l'ensemble semble à une certaine maturité. Duchazeau joue essentiellement sur l'expressivité du dessin, notamment dans les attitudes des personnages. Certaines planches complètement muettes sont d'autant plus puissantes. L'utilisation du noir et blanc plonge le récit dans un clair obscur, où s'alternent habilement les scènes lumineuses aux atmosphères sombres, transportant ainsi le lecteur d'univers en univers...
Titre : Les Vaincus
Auteur : Frantz Duchazeau
Editeur : Dargaud | | |
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