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Les 10 règles tacites du Vélib'

Ce qui suit est une notice officieuse à destination des utilisateurs de vélib et en particulier de la ville de Toulouse où l'expérience a été faite (sans doute valable pour l'ensemble des villes équipés de vélibmais non vérifié pour l'heure).


1/ À l'œil nu, il existe des moyens de jauger du bon état d'un vélo plutôt qu'un autre. La convention veut qu'un utilisateur s'étant rendu compte d'un dysfonctionnement retourne la selle du vélo pour symboliser son indisponibilité. Autre tendance, la selle descendue tout en bas de la barre de maintien, signe vraisemblable que le système de blocage a cédé en chemin et/ou que personne n'a utilisé l'objet récemment.

2/ Malgré ce premier code plus ou moins connu de tous, le meilleur moyen reste de "tâter la marchandise" avant de faire sa sélection sur la borne. Là aussi, méfiance car une panne peut en cacher une autre. Vous être assuré de la stabilité de la selle ne vous met pas à l'abri d'un pneu crevé, de freins défaillants voire plus rare d'un dérailleur HS. L'éventuel gain de temps consistant à choisir au pif risque d'être perdu en chemin à cause d'un matériel merdique.

3/ Contrairement aux apparences, le vélo situé le plus près de la borne n'est pas votre meilleur ami. Il recèle souvent un vice caché.


4/ Utiliser le cadenas pour s'arrêter en vitesse à l'épicerie c'est bien, l'enlever pour repartir c'est plus dur. Là aussi, dans la mesure du possible, préférez prendre deux vélos consécutifs plutôt qu'en garder un à votre charge. Sans compter le risque de vols ou dégradations pour votre pomme.

5/ Lorsque vous reposez votre matériel, ne soyez pas plus con que la technologie (même si c'est dur il est vrai), celle-ci est binaire : si le vélo est quasi enclenché mais que le bip de circonstance n'est pas effectif, elle juge que vous ne l'avez pas rendu. Aussi, n'envoyez pas paître votre monture de nerfs sans vous retourner, vous feriez un beau cadeau au premier pélot à l'affût d'un vol facile. Ainsi qu'aux caisses de la mairie.

6/ Préférez être un abonné long terme même si vous pensez ne pas avoir un usage intensif durant l'année. En effet, un abonné court terme (un jour, une semaine) doit jongler avec beaucoup plus de chiffres au moment de retirer un vélo, sans compter qu'il bénéficie foncièrement de moins de droits. Ainsi s'il lui vient l'outrecuidance de vouloir enchaîner deux vélos de suite ou d'échanger du matériel défectueux pour du neuf, la borne l'invite à aller chercher à la borne le plus proche (!!), elle-même exclue bien sûr. Un foutage de gueule qui dure de deux à cinq minutes avant qu'enfin votre demande de nouveau retrait soit validé. Ouf il était 1h58.


7/ Même si la propagande actuelle donne l'impression (à raison) que les cyclistes ont tous les droits, n'abusez pas de vos privilèges. Contre-sens, circulation sur trottoirs et passage piétons, feux rouges grillés, très bien mais ne foncez pas non plus sur la petite vieille qui a le tort de ne pas accélérer la cadence pour traverser Rue Alsace-Lorraine. De même, évitez de prendre le guidon bourré ou en tout cas paraissez le plus clean possible. Une arrestation ferait allégrement exploser la demi-heure à votre disposition.

8/ Vous croiserez inévitablement des gens équipés de vélos personnels, n'attendez aucun signe de courtoisie de leur part. Ceux-ci se considèrent comme les vrais écologistes, ceux qui défendent la cause cycliste depuis des années. À leurs yeux, vous n'êtes qu'un citoyen qui a cédé à la mode par souci d'économie. Cette forme de mépris est comparable à celle de gens équipés de PC envers les usagers d'ordinateurs de la bibliothèque municipale.

9/ Malgré votre conversion à la cause cycliste, prévoyez un plan de secours lorsque vous sortez sans garantie d'heure de retour. Ainsi les heures "ville morte", 2h-5h, sont vos ennemies (ni métro, ni bus et bornes bloquées). Ayez soit une voiture d'appoint, soit un bon ami buvant de l'eau prêt à vous ramener, soit de l'argent pour le taxi. En dernier recours, ayez de bonnes jambes.

10/ On a beau nous expliquer que ce genre de moyen de déplacement écolo et collectif est l'avenir, dans le fond, on ne va pas se mentir, pédaler n'a rien de glamour. Autrement dit, en cas de rdv galant, ne lâchez surtout pas "On se retrouve à la borne Rue X, je viendrai en vélo de toute façon" ou en fin de soirée "On prend un vélo chacun et on se suit". L'effet repoussoir est garanti car même si la femme ne le reconnaîtra jamais, le plaisir d'être raccompagnée en voiture est réel. Comme une forme de due pour quelqu'un qui aura joué à la princesse dans son enfance. Et même si l'homme ne le reconnaîtra jamais, conduire un beau bolide est pour lui l'une des meilleures occasions d'exposer sa personnalité, via attitudes, énervements ou coolitude face aux comportements dangereux de ces congénères, via aussi le poste de musique qu'il saura faire "cracher" de temps en temps pour meuble la conversation. Comme une forme de défouloir obligatoire pour quelqu'un qui n'aura pu insérer son braquemard dans autant de fentes qu'il aurait voulu depuis son adolescence.
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L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 25 mai 2011
Modifié le 22 mai 2011
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