| Le grand BleuL'équipe de France s'est brillamment défait de la Suisse avec une pluie de buts à la clef (5-2). Avec deux victoires en deux rencontres, les Bleus se rapprochent des huitièmes de finale que la France n'a plus connu depuis huit ans.En se réveillant ce matin, on serait fortement tenté de dire que la France va bien. Ce serait peut-être un peu exagéré de mettre le football au centre des préoccupations d'un pays mais au vu des journaux écrits mais aussi des journaux radiophoniques ou télévisés, il semble que la place accordée à ce Mondial grossisse à vue d'oeil. Alors on dira davantage que l'équipe de France va bien et n'ayons pas peur de pousser le bouchon un peu plus loin que raison, cette dernière va très bien. On se demande même si elle pourrait aller mieux que ça tant les sourires ne semblent pas vouloir s'effacer des visages des joueurs français.
Après deux matches dans cette Coupe du Monde, la France totalise deux victoires et deux brillantes victoires, très loin par exemple de la victoire acquise poussivement contre le Togo il y a huit ans. Alors, c'est vrai qu'il serait de la plus grande malhonnêteté de comparer deux équipes de France si différentes si bien sur le terrain que sur le banc mais on ne peut réellement s'empêcher d'être emballé par cette cuvée 2014. On dit souvent que plus le vin est ancien et mature, plus il est bon. Cette affirmation ne semble pas valoir pour l'équipe de France, une des sélections les plus jeunes à participer au Mondial mais qui étonne par sa maîtrise et sa classe. Hier après-midi heure locale, il fallait au moins cela pour mettre à terre la Suisse que l'on attendait redoutable et pas seulement pour sa sixième position au classement de la FIFA. De la classe, de la maîtrise, c'est déjà pas mal mais il faut bien souvent un soupçon de réussite pour que la confiance soit totale. Et la France n'en manque visiblement pas. On eut l'occasion de le remarquer lorsque, totalement involontairement, Olivier Giroud blessait Von Bergen au visage au bout de neuf minutes. Le meilleur défenseur de la Nati était obligé de laisser ses coéquipiers. L'ancien Gunner Philippe Senderos prenait place aux côtés de l'actuel joueur d'Arsenal Djourou et on dira gentiment que les deux ne dégagent pas un sentiment de sécurité. Et comme on ne parlait pas encore assez du club d'Arsène Wenger, il fallait qu'Olivier Giroud ouvre le score, de la tête forcément, sur un corner parfaitement botté par Mathieu Valbuena. Sur l'engagement, c'est Valon Berhami qui ne regardait pas autour de lui avant de donner une passe en retrait qui finissait dans les pieds Karim Benzema. Le Madrilène prenait le temps de fixer Djourou avant de décaler Blaise Matuidi qui trompait Benaglio d'une frappe du pied gauche au ras du poteau.
Benzema passeur et buteur
En soixante-six secondes précisément, les Bleus avaient pris l'avantage. Le break en poche au bout de vingt minutes de jeu à peine, il n'était pourtant pas encore question de se relâcher même si cela viendra un peu plus tard dans la rencontre. On aurait pu penser qu'ils géreraient leur avance et laisseraient le portier suisse un peu tranquille pour changer mais rien n'y fit. Les Bleus sont affamés. Ils ont faim de buts et ne semblent jamais être rassasiés. Toujours dans les bons coups, Benzema provoquait un penalty sur une faute inutile de Djourou. L'ancien Lyonnais voulait faire le même coup que face au Honduras lorsqu'il avait ouvert le score mais Benaglio n'était pas de cet avis et repoussait sa tentative avant que Yohan Cabaye ne reprenne le ballon pour l'étaler sur la barre transversale. Les dieux du football veulent bien être du côté de l'équipe de France, il y a des limites à ne pas dépasser. Un vent de crainte du traverser le public français amassé dans les travers du stade de Salvador de Bahia. Les Suisses pouvaient bien y voir un signe d'espoir mais rien ne semble être en capacité d'arrêter les Bleus. A quelques minutes de la mi-temps, sur un corner suisse repoussé par Olivier Giroud, Raphaël Varane donnait une passe dans la profondeur pour ce même Giroud qui courait à grandes enjambées en voyant que Valbuena se ruait littéralement sur le second poteau. La passe était somptueuse et la conclusion du Marseillais au moins aussi belle. La France achevait son adversaire avant la pause. Il fallait remonter à 1930 pour voir une équipe de France menant 3-0 à la mi-temps d'un match de Coupe du Monde. La fête se poursuivrait en seconde période avec deux nouveaux buts. Le premier fut à mettre à l'actif de Karim Benzema qui reprenait une ouverture de l'extérieur du pied droit de Paul Pogba pour rejoindre Robben, Van Persie et Müller tout en haut du classement des buteurs. Le second vint d'un nouveau décalage de Benzema pour Moussa Sissoko qui ouvrait le pied et allait inscrire le premier but de sa carrière sous le maillot bleu au meilleur moment.
Deux buts encaissés en fin de match
La messe était dite et l'addition très salée pour les Suisses qui disaient avant le match vouloir déplumer le coq. A 5-0, le score était bien trop à l'avantage de la France et ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il fallait bien quelques bémols. Le premier sera la sortie sur blessure de Mamadou Sakho bien que ses propos d'après-match furent en mesure de rassurer "j'ai juste senti une petite point derrière la cuisse. J'ai préféré ne pas prendre trop de risques pour le reste de la compétition et demander le changement. On verra la gravité mais je suis plutôt confiant". Le second mauvais point à mettre au débit de l'équipe de France sera son trop grand relâchement après le cinquième but. Mais ne serait-ce pas un mal pour un bien que ces jeunes pousses pleins de vie et de jus mais clairement inexpérimenté se rendent compte que le relâchement est interdit en Coupe du Monde et qu'on le paie forcément de surcroit quand l'adversaire en face est la Suisse et qu'il dispose d'élément offensif de qualité. La première sanction viendra d'un coup franc de Dzemaili qui perforait le mur français pas assez concentré, ce qui avait le don de mettre en colère Hugo Lloris qui n'aime jamais encaisser un but, même lorsque son équipe mène très largement. Il aura quelques minutes plus tard une autre raison de se mettre en rogne lorsqu'un alignement défensif défaillant permettait à Xhaqa d'atténuer un peu la rouste et que la déculottée ressemble davantage à une rouste.
La france bien vue à l'étranger
En fait, tout semble sourire aux Bleus et même les buts encaissés servent à quelque chose. On ne pourra jamais savoir quels effets auraient eu une victoire 5-0. Peut-être que Didier Deschamps n'aurait pas pu éviter une sorte d'emballement dans son groupe. Avec cette fin de match un peu loupée au regard du reste, il pourra toujours s'en servir pour recadrer ses joueurs et leur rappeler qu'un match de football s'arrête au coup de sifflet final. Karim Benzema en fera d'ailleurs l'amer expérience quand son formidable but fut invalidé par l'arbitre central pour la simple et bonne raison qu'il avait déjà sifflé la fin du match. Preuve que l'équipe de France n'est pas l'addition d'individualités, il fallait simplement écouté Benzema une fois arrivé en zone mixte "ça fait deux buts qu'on me retire avec celui du Honduras mais je m'en fiche. J'ai des objectifs personnels forcément mais ils ne doivent servir qu'à l'équipe. Quand je marque un but, c'est d'abord pour l'équipe. Tant qu'on gagne, cela m'importe peu que ce soit moi qui marque ou un autre". Ces Bleus sont très beaux et inspirent confiance. Un groupe est né entre le barrage aller et le barrage retour contre l'Ukraine. On s'en doutait un peu avant le match d'hier mais cette équipe avait besoin d'une référence solide après une première victoire contre une faible sélection hondurienne. Le plus important, c'est que la France entière aime cette équipe de France. Elle l'a prouvée par sa présence en masse au Brésil que ce soit lors des matches ou sur le camp de base des Français à Ribeirao Prato. La déroute sportive et morale de 2010 appartient désormais au passé et les regards des Bleus sont portés vers l'avenir.
L'engouement pour l'équipe de France sort même des frontières. Il suffisait de voir les titres des journaux étrangers et des déclarations de certains grands noms du football. Ottmar Hitzfeld lui même le reconnaissait "je ne suis que très peu surprise par la qualité de cette équipe de France. Elle arrive à avoir de très bonnes individualités mais cela ne fait qu'apporter au jeu collectif. Tout le monde tire dans le même sens et c'est cela qui compte dans une compétition comme la Coupe du Monde". José Mourinho aussi se montrait enthousiaste "depuis le début de la Coupe du Monde, c'est de loin la France qui m'a donné la meilleure impression bien mieux que le Brésil, l'italie ou l'Argentine. Elle a toutes les composantes d'une grande équipe. Elle a un grand défenseur qu'est Varane, un milieu de terrain très fort défensivement qui se projète vers l'avant et un très grand attaquant qui s'appelle Benzema". Tant de louanges, ça fait plaisir mais rien n'est encore fait. La route sera longue en tous cas, on l'espère... | | |
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