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Le Brésil se fait peur

La Seleçao aura eu besoin d'une séance de tirs au but pour décrocher sa place en quart de finale de sa Coupe du Monde. Si l'équipe a globalement déçu, Neymar et Julio Cesar ont su rapprocher le Brésil de son rêve de sixième étoile.


Pour les asthmatiques, il ne faisait pas bon être présent dans les travées de l'Estadio Minerao de Belo Horizonte ce samedi sur les coups de 13h00 tant l'ambiance y était irrespirable de la première à la dernière seconde, de l'entrée des joueurs au tir au but manqué de Jara qui donnait la qualification au Brésil. On ne décela bien heureusement aucun malaise dans les tribunes mais pendant près de trois heures, le temps s'est arrêté. Le Brésil a retenu son souffle, a chanté et même hurlé parfois mais le Brésil s'est tout aussi inquiété du jeu développé par ses joueurs. Il était impensable que le pays hôte puisse sortir aussi tôt dans la compétition mais il est passé à quelques centimètres d'une déconvenue qui aurait mis à terre un peuple entier qui ne voit pas d'autre issue qu'une sixième étoile brodée sur son maillot.
Une Coupe du Monde n'est pas une compétition comme une autre, ça dépasse le cadre du sport. C'est un film, une saga. On la suit comme un excellent roman que l'on croquerait chapitre par chapitre avec cet impatience d'atteindre le bout. Mais c'est aussi du théâtre et parfois une tragédie. Et dans toutes les tragédies, chaque acte a son rôle. Il est sûr que ce huitième de finale est une étape charnière dans la Coupe du Monde du Brésil mais il faudra attendre la fin de l'histoire pour savoir à quoi elle servait, pour savoir ce qu'elle voulait signifier.


Juste un obstacle ou une défaite annoncée ?

Deux interprétations sont alors possibles. Si le Brésil décroche le titre le 13 juillet prochain, on se souviendra de ce huitième de finale contre le Chili comme un match difficile qui permit au Brésil de se réveiller. On se dira même que c'est bien normal d'avoir un peu de suspense et que chaque belle histoire en connait. On sourira en y revenant en se disant que seule une grande équipe pouvait supporter cette pression. La pression d'un stade qui reprend son hymne a capela avec une ferveur incroyable, la pression de milliers de regards jeunes et verts tournés vers eux. Mais il se peut aussi que l'histoire ne soit pas aussi idyllique et que la fin de soit en rien enchantée. Le Brésil pourrait bien sortir en quart de finale contre la Colombie ou en demi-finale contre la France ou même en finale contre l'Argentine. De ce qu'on a pu voir au premier tour, ces trois équipes sont capables d'ébranler et de mettre en péril la maison brésilienne dont les piliers peuvent parfois plier. On pensera alors à ce match contre le Chili tellement compliqué annonciateur d'un échec futur.
On ne sait pas encore laquelle de ces deux interprétations se vérifiera mais une chose est certaine. Le match d'hier après-midi restera dans les mémoires de tout le monde, de Thiago Silva aux supporters chiliens. Le sélectionneur du Chili Jorge Sampaoli sait que son équipe a fait forte impression "on a fait un premier tour excellent qui a montré qu'on était une bonne équipe capable d'éliminer l'Espagne. On fait match nul contre le Brésil et on est éliminé aux tirs au but. Les joueurs brésiliens ont dit à la fin du match que le Chili était une très bonne équipe. C'est ce dont il faut se souvenir parce que c'est une bonne Coupe du Monde pour nous".


Julio Cesar fait taire les critiques

De son côté, le Brésil a des tonnes de raisons de s'inquiéter pour la suite du Mondial. Elle montre un manque de concentration chronique parfaitement illustré par l'égalisation chilienne de Alexis Sanchez venue d'une remise mal maîtrisée de Hulk. Une fébrilité défensive qui aurait pu permettre au Chili d'inscrire un second but sur un tir de Aranguiz stoppé par Julio Cesar ou une frappe de Pinilla qui heurtait la barre transversale alors qu'il ne restait qu'une vingtaine de secondes dans la prolongation. Le Brésil peut aussi craindre de sa force collective mise à mal par des individualités bien trop faibles et ce un peu partout sur le terrain. Derrière, Thiago Silva et David Luiz ne semblent en rien infranchissables. Dani Alves se montre très juste dans son couloir droit en attaque et encore plus en défense. Le milieu de terrain n'est pas souverain et n'assure pas l'équilibre que l'on en attend et il devra faire sans Luiz Gustavo contre la Colombie alors qu'il est le seul à assurer un certain équilibre à son équipe. Devant, Oscar, qui avait impressionné lors du premier match contre la Croatie avec un but exceptionnel, ne semble pas au niveau. Il erre sur le terrain et n'apporte pas grand chose. En pointe, Fred est toujours aussi inexistant mais sa place de titulaire ne devrait pas être remise en question car Jô parait encore plus inutile, mauvais dans le placement et n'étant jamais dans le rythme.
Mais tout n'est pas non plus à jeter pour le Brésil. Inutile de le rappeler mais Neymar apparait comme le leader technique de son équipe. Depuis le début de la Coupe du Monde, il est dans tous les bons coups. Hier soir, c'est lui qui frappa le corner à l'origine de l'ouverture du score contre son camp de Gonzalo Jara dévié dans un premier temps par Thiago Silva. Il a été moins visible en deuxième mi-temps mais c'est Hulk qui prit le relais du Barcelonais. Il croyait même redonner l'avantage au Brésil mais l'arbitre lui refusa ce bonheur pour avoir touché le ballon de l'épaule. L'autre satisfaction est à mettre au crédit de Julio Cesar qui fut hier un roc. Une manière pour le portier de Toronto de répondre aux critiques. Il répondait parfaitement à son homologue chilien Claudio Bravo qui sauva plusieurs fois son camp également.
En quatre matches, le Brésil n'a pas convaincu. Comme quoi, une Coupe des Confédérations est une toute autre compétition. Le seul match qu'il est parvenu à maîtriser à peu près, c'était contre le Cameroun et encore il avait trouvé le moyen de se faire rejoindre à 1-1. Ce Brésil là n'est pas un grand Brésil très loin de l'équipe de 1970 ou de 1982 mais pour l'instant, ça marche. Pas sûr que ça continue...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 29 juin 2014
Modifié le 29 juin 2014
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