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Ils nous ont fait peur

Alors que l'équipe de France menait de seize points à une minute de la fin du troisième quart-temps, elle s'est donnée des frissons quand la Croatie est revenue à cinq points. Mais ça a suffit. Maintenant, c'est l'Espagne qui se dresse sur la route des Bleus.


Qui a dit qu'il fallait absolument regarder des matches de basket pour en connaître les résultats ? On ne sait pas mais il aurait tort. Quelqu'un de pressé se contenterait de regarder la nationalité des arbitres. Hier, c'est un trio français qui officiait lors du huitième de finale opposant le Mexique et les Etats-Unis. Il vaudrait mieux pour l'équipe de France que ce soit le dernier car un arbitre français étant présent lors d'une des deux demi-finales signifieraient que la France se serait faite éliminée par l'Espagne mercredi soir.

En battant la Croatie (69-64), les Bleus se sont qualifiés pour les quarts de finale, égalant sa performance réalisée il y a huit ans (il y a quatre ans, la France avait été éliminée par la Turquie en huitième de finale). Une place dans le top 8 mondial, dont l'équipe de France fait partie depuis les Jeux Olympiques de Londres, qui confirme le titre de Champion d'Europe conquis l'année dernière même s'il s'agissait d'un minimum selon Vincent Collet "cette qualification pour les quarts de finale était l'objectif minimum au début de la compétition. C'est déjà pas mal mais on doit être capable de faire plus, d'aller plus loin". Mais quand on sait que le colosse qui se dressera sur son chemin est l'Espagne (vainqueur facile du Sénégal hier soir), on se dit que l'affaire sera des plus compliquée et qu'il faudra en donner beaucoup pour éliminer le pays organisateur qui ne pense qu'à battre les Etats-Unis en finale dimanche prochain (les organisateurs ont tout fait pour que ça se déroule comme ça).


Les jeunes ont pris le relai

Dans tous les cas, il faudra faire un tout autre match que celui d'hier qui a vu un premier quart temps médiocre, un des pires de l'ère Vincent Collet, pendant lequels les Bleus ne marquèrent que sept points (7-15 avec un pauvre 2/12 aux tirs après huit minutes), empilant les briques, les tirs forcés et du jeu sans mouvement. Heureusement que les Croates et surtout Bogdanovic (27 points sur le match) n'en profitaient pas pour prendre le large. Même s'ils retrouvaient un pourcentage moins catastrophique bien que toujours mauvais (32% à la mi-temps), c'est surtout par leur défense que les Bleus revinrent dans le coeur du deuxième quart-temps à tel point que la France passait devant juste avant la pause (23-22). "Cette mi-temps a été mauvaise mais dans des temps aussi faibles, il faut être capable de sauver les meubles, de bien défendre" réagissait Thomas Heurtel.

L'illustration parfaite en est Boris Diaw. Un peu en bisbille avec son shoot depuis le début de la Coupe du Monde comme ce fut le cas face à la Serbie, il compensa largement par sa défense stricte et ses contres rageurs qui desespérèrent les derniers quatrièmes de l'Euro. Mais l'intérieur champion NBA en juin dernier avec les Spurs de San Antonio n'était pas le seul cadre à galérer. Il était accompagné par Nicolas Batum très peu à son aise derrière l'arc, voulant trop en faire alors que les siens étaient menés. A sa décharge, il faut tout de même précisé que ses interceptions et ses dunks en contre-attaque contribuèrent à l'avance que prit la France dans le troisième quart-temps. Cependant, ceux qui sonnèrent la révolte furent les jeunes pousses de cette équipe de France. Ils ne sont pas encore très connus du grand public mais sont promis à un avenir brillant. Le premier d'entre eux fut Evan Fournier (13 points). Le jeune joueur, qui évoluera l'année prochaine avec le Magic d'Orlando après deux saisons passées à Denver, décida de prendre le jeu à son compte à partir de la seconde moitié du deuxième quart-temps. Il multiplia les pénétrations, profita des écrans posés par Flo Pietrus et quand le chemin ne s'ouvrait pas il shootait. Il fut aussi décisif que face à l'Iran quand les Bleus se trouvaient en fâcheuse posture après un début de match pour le moins imparfait. Puis ce fut à Jeoffrey Lauvergne et à Thomas Heurtel (10 points dont des lancers francs décisifs dans la dernière minute) de porter leur équipe pour revenir au score dans un premier temps puis pour prendre peu à peu le large pour finalement prendre seize longueurs d'avance à une minute du terme du troisième quart-temps. "C'est bien que les jeunes puissent prendre le relais quand certains cadres ne sont pas dans le coup. Ils apportent tous quelque chose quand ils entrent. C'est encourageant de se dire que l'on peut s'en sortir sans Tony Parker mais surtout qu'une jeune génération talentueuse se profile" soulignait Vincent Collet.


Ils retrouveront l'espagne en quart de finale

On s'est mis alors à penser que les dernières dix minutes ressembleraient à une simple gestion sans plus d'intensité que ça tant les Croates paraissaient incrédules face à ce troisième quart-temps manqué. Nos prévisions aux allures d'espérances tombèrent prirent rapidement une douche froide. Forcément, c'est plus sympa de gagner quand on se fait un minimum de peur ! On en rigolerait presque si on n'avait pas été si terrifié que ce match passe tout à coup du côté croate sans pouvoir expliquer le pourquoi du comment. Bien sûr, Bogdanovic s'est réveillé et Ante Tomic devint redoutable dans la raquette profitant de sa taille plutôt imposante pour dominer sous le cercle. Mais les principaux responsables de ses frissons sont avant tout les Français. Ils donnèrent l'impression de perdre les pédales, de faire n'importe quoi pensant que le matelas était assez épais pour gagner. Alors, on a tout vu et quand on dit tout, c'est vraiment tout. C'est à dire, des briques pas possibles, des précipitations alors qu'il fallait calmer le jeu et réguler le rythme. Mais aussi des pertes de balles insupportables dont une incroyable de Thomas Heurtel qui permettait aux Croates de revenir à une seule possession d'écart.

Un relâchement due la jeunesse de ce groupe ? Ca joue forcément un peu. "On ne peut pas mettre tout sur le dos des jeunes. Ils n'ont pas l'expérience de ce genre de matches mais le fait est que l'on a toujours beaucoup de mal à jouer un match sur le même rythme, en gardant la même intensité. On fait un bon trosième quart-temps. On se croit à l'abri. On commence à voir une désimplication des gars qui ne donnent pas les mêmes efforts surtout en défense" précisait Collet. Des cadres de l'équipe comme Mickael Gélabale allait à la défense des jeunes "c'est normal quand on est jeune de s'enflammer un peu dans les temps forts et de gérer beaucoup moins bien les temps faibles. Cela demande de l'expérience. C'est à nous de faire en sorte de recadrer quand ça ne va pas. Ce dernier quart-temps m'a beaucoup énérvé parce qu'on a le match en main et on fait n'importe quoi. Pourtant, on sent que cette équipe a un gros potentiel pour faire quelque chose de bien dans ce mondial". C'est sûr qu'il faudra en donner beaucoup plus pour battre l'Espagne à domicile qui semble à son meilleur niveau. En phases de poules, les Bleus avaient fait illusion pendant près d'un quart-temps (19-19 au bout de neuf minutes) avant de sombrer. Espérons simplement que le scénario ne se répète pas...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 22 septembre 2014
Modifié le 14 septembre 2014
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