| Grosjean s'en reprocheSur le circuit japonais de Suzuka, Romain Grosjean n'est pas passé loin de sa première victoire en Grand Prix. Il lui manque toujours un petit quelque chose pour battre les Red Bulls mais le Français s'affirme comme un des meilleurs pilotes de cette fin de saison.Hier matin en France, un peu plus tard dans la journée au Japon, Romain Grosjean était encore sur le podium, comme la semaine dernière en Corée du Sud. Cela devient une habitude, une bien heureuse habitude d'ailleurs car avec sa troisième place vaillamment acquise sur le circuit toujours aussi spectaculaire de Suzuka, le pilote de Lotus-Renault a inscrit son septième podium depuis son retour sur les circuits, la saison passée. Romain Grosjean avait finit trois fois troisième l'année dernière. Cette année, le Franco-Suisse en est déjà à quatre bouteilles de champagne et toujours pour des... Troisièmes places. Alors, qu'on l'entende bien, un pilote français qui finit troisième, c'est déjà pas mal voire mieux quand on repense aux dix dernières piteuses années qu'a pu connaître la Formule 1 française "ce qui me manquait, c'était la régularité. Je pouvais faire des choses très bien et positives et tout gâcher la semaine d'après alors le fait d'être sur le podium, c'est déjà super bien. Chaque podium donne de l'expérience et c'est important dans un sport automobile et encore plus en Formule 1" positivait Grosjean avec une petite moue qui signifiait qu'il ne pensait pas vraiment ce qu'il était en train de dire.
Romain Grosjean avait prévenu jeudi matin qu'ilétait grand temps de gagner" et que le Grand Prix du Japon, qu'il affectionne tout particulièrement, "serait le moment parfait pour l'emporter". Si Grosjean affirmait de telles ambitions en public, c'est parce qu'il se savait fort, qu'il savait pertinemment que sa voiture avait le niveau pour tenir tête aux Red Bulls "les essais de vendredi et de samedi matin ont été très concluant. On voyait que la voiture tournait bien, que nos modifications portaient leurs fruits et qu'il y avait quelque chose à faire" avouait Eric Boullier.
Un départ en fanfare
Les techniciens avaient-ils, dans toutes les modifications apportées à la monoplace de Romain Grosjean cette semaine, ajoutés un bouton "départ rapide". Si ce n'est cette proposition, on l'avoue quelque peu déjanté mais possible quand on connait les extravagances du monde de la Formule 1, ça voulait dire que cet éblouissement venait bel et bien du talent du Français. Un départ canon, parfait, grandiose qui le propulsait tout en haut du peloton. Tour à tour, Lewis Hamilton, Sebastian Vettel et Mark Webber virent passer une voiture noire et dorée avec dans son baquet un génie qui laissait ses adversaires pantois "j'ai eu un temps de réaction très bon et j'ai eu le sentiment d'être poussé. L'année dernière, quand je partais comme ça, il y avait des risques que ça finisse en kamikaze. J'ai plus de maturité dans ma conduite et ça se ressent dans les départs notamment". Et même chez ses adversaires, ce départ en mode canon forçait l'admiration. Chez Vettel "son départ est parfait. J'en ai jamais fait un comme ça de toute ma carrière. Et il le fait très proprement, tout en finesse, ce qui donne encore plus de classe à son départ. Sur le coup, j'ai été surpris mais il fallait se reprendre". Chez Hamilton "moi déjà, je pars très mal. J'ai eu un problème avec ma voiture. Il y a un truc qui n'a pas fonctionné. Grosjean était derrière moi et il est passé à côté de moi à une allure impressionnante. Ca met un coup au moral de te voir si lent".
Romain Grosjean se retrouvait premier après un départ somptueux et la question était de savoir jusque quand il pourrait résister à la meute qui ne rêvait que de le croquer tout cru. Le rêve d'une victoire française passait par une bonne stratégie "on avait vu aux essais que la voiture était très performante avec les pneus tendres. On est donc parti sur une stratégie à deux arrêts mais il fallait tenir les pneus tendres le mieux possible et le plus longtemps possible". Premier de la course, c'était à lui de donner le tempo. Sur pneus tendres, le Français tenait la dragée haute aux Red Bulls. Seulement, à un moment ou à un autre, il fallait bien chausser les pneus durs et là, patatras c'est le drame. Comme si les dieux de la F1, et oui ils existent, refusaient de donner la victoire à un Romain Grosjean qui le méritait pourtant.
Piégé par les Red Bulls
Déjà, il se retrouvait tout seul contre une écurie qui pouvait jouer sur les deux tableaux. Webber allait faire trois arrêts alors que Vettel ne passerait que deux fois par la voie des stands. C'est sûr que la bonne stratégie était forcément l'une d'entre elles. Mais surtout, c'est la suprématie de la Red Bull sur pneus durs qui fut fatale à Romain Grosjean. Dès les premiers tours, il suffisait de voir les chronos pour se rendre compte que le Français allait se faire engloutir par Webber et Vettel et on connait la suite, les deux arrêts de Vettel lui donneront la victoire.
Mais voilà, il n'y avait rien à faire pour battre la voiture triple championne du monde. Ce qui n'empêche pas Eric Boullier d'avoir quelques regrets "on n'a pas été assez réactif aux évènements de la course, ce qui est primordial dans ce sport. C'est dommage parce qu'il y avait mieux à faire je pense même si la victoire semblait impossible. Au deuxième arrêt de Webber, on a trop hésité alors qu'il aurait fallu prendre une décision plus rapidement". Des regrets relayés par le principal intéressé "soit il fallait calquer la course sur Webber et je pense que j'aurais fini troisième quand même parce que la voiture ne tenait pas avec les pneus durs, soit on profitait de nos bonnes performances sur les pneus tendres mais il aurait fallu rester deux ou trois tours supplémentaires sur chaque relai et là, je pense que j'aurais eu plus de chance de l'emporter mais je ne suis pas sûr que j'aurais pu résister à Vettel".
Les regrets ne pèsent pas lourds à côté des satisfactions. La première est que la monoplace de Lotus semble la meilleure derrière la Red Bull en cette fin de saison. La deuxième est que les techniciens de Lotus font progresser la voiture chaque week-end de Grand Prix et que l'année prochaine, la Lotus-Renault pourrait bien concurrencer la monoplace autrichienne. La troisième, et sans aucun doute la plus importante pour nous autres français, c'est que Romain Grosjean prend du gallon dans la hiérarchie des meilleurs pilotes mondiaux. Il gagne en régularité et s'inscrit dans la liste de ceux qui feront la F1 ces prochaines saisons. On ne sait pas pourquoi mais avec ses dernières excellentes performances et le départ de Raikonnen pour la Scuderia Ferrari, ça sent la prolongation de contrat... | | |
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