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Gabart fait mieux que Jules Verne

Après un peu plus de soixante-dix-huit jours de courses, c'est le benjamin de la course autour du monde qui s'impose avec trois heures d'avance sur son dauphin Armel Le Cléac'h.


Passer près de trois mois sans voir le moindre visage est quelque chose d'assez difficile à gérer. C'est le lot de tout Vendée Globe qui se respecte. La solitude, de longs jours et nuits passés tout seul sur son bateau mais à l'arrivée, ce sont des milliers de visages qui vous attendent à votre arrivée. Depuis hier après-midi et les environs de quinze heures et quart (15 h, 18 minutes et 40 secondes si on veut se la jouer tatillons), François Gabart, le vainqueur de cette édition 2012-2013 du Vendée Globe, sais ce à quoi ressemble une arrivée de Vendée Globe même si il était déja présent il y a quatre ans du côté des Sables d'Olonne lorsque Michel Desjoyeaux s'était brillamment imposé. Mais être celui que tout le monde est impatient de voir n'est pas la même chose "c'est vrai que j'avais connu la même chose avec Michel Desjoyeaux mais j'étais présent en tant que spectateur. Là c'est bien différent. On passe des heures et des heures à analyser des cartes et des listes de chiffres. On perd tout contact avec le reste du monde même si on communique par webcam. On y pense tellement à cette arrivée, je m'y suis préparé mais quand ça arrive vraiment, c'est vraiment très différent" expliquait l'élève de Michel Desjoyeaux dès son arrivée sur le continent. Il fait référence à la remontée du chenal des Sables d'Olonne, à cette magnifique haie d'honneur qui lui était reservée et qui rattrappait une petite surprise "c'est vrai qu'en me rapprochant de la côte, je ne voyais pas beaucoup de bâteaux suiveurs donc j'étais un peu étonné que cette arrivée ne ressemblaiy pas réellement à ce que je m'étais imaginé. J'ai appris ensuite que c'était pour des raisons climatiques. Un arrêté préféctoral avait été annoncé pour ne pas prendre la mer en raison de la houle importante et je m'en suis rendu compte assez rapidement d'ailleurs. Et la suite était mieux que prévu". Une foule nourrie qui n'acclamait qu'un seul nom "François ! François ! " et qui montre à quel point la voile à ses supporters, ce que n'a pas manqué de noté le skipper "on se démène vraiment pour faire ce métier. Ça fait tellement plaisir de voir l'engouement populaire qu'il peut se créer autour d'un évènement comme le Vendée Globe".
Cette victoire n'est pas qu'une simple victoire même si le Vendée Globe est la plus grand course de voile du monde. Car François Gabart n'a pas seulement tenu à s'imposer, il fallait également qu'il retire certains records. Premièrement, il devient le plus jeune vainqueur de la course autour du monde en solitaire sans assistance et sans escale en s'adjugeant l'ancien record détenu par Alain Gautier, vainqueur du Vendée Globe en 1992. Mais dans le milieu de la voile, aucune jalousie si on s'en tient à ce qu'il disait hier soir "je suis content que ce soit François qui reprenne mon record. Et c'est juste pour une histoire de quelques mois. C'est très bien de voir que des jeunes s'intéressent à la voile et qu'ils sont très bons". L'autre record et sans doute le plus retentissant est que François Gabart ait conclu ce tour du monde avec huit jours et deux heures d'avance sur Michel Desjoyeaux qui avait déjà réalisé une performance exceptionnelle il y a quatre ans. En soixante-dix-huit jours, deux heures et seize minutes, il est parvenu à descendre sous la barre symbolique et surtout extraordinaire des quatre-vingts jours narrés sous la plume de Jules Verne qui ignorait surement lorsqu'il écrivait ce roman en 1873 que son Phileas Fogg se nommerait en réalité François Gabart.


Le Cléac'h, heureux dauphin

Trois heures et douze minutes après que François Gabart ait passé la ligne d'arrivée, c'était au tour d'Armel Le Cléac'h de faire son entrée dans le port des Sables d'Olonne. La remontée du célèbre canal lui a également été réservée à sa plus grande joie "il y a quatre ans, j'étais arrivé plus de quatre jours après le vainqueur Michel Desjoyeaux donc on ne pouvait pas dire qu'il y avait foule pour saluer ma seconde place. Là, c'est différent. Je n'étais pas loin de François et il y avait un monde énorme. La remontée du canal des Sables d'Olonne sous les lumières d'un début de soirée. C'est fantastique même si l'aigreur de la deuxième place est toujours présente au fond de la caboche". Quatre ans ont passé mais Armel Le Cléac'h est toujours à la même place. On note cependant qu'il s'est quelque peu rapproché du vainqueur "je m'améliore à chaque édition. Il y a quatre ans, je finissais deuxième de mon premier Vendée Globe où j'étais surtout venu pour le terminer. Jamais je n'avais songé à la victoire donc la satisfaction était totale. Cette année, je n'étais pas loin du tout. Dommage qu'il y avait un excellent skipper en face".
Car l'écart qui séparait François Gabart et Armel Le Cléac'h est le plus petit de l'histoire du Vendée Globe. Seulement trois heures et douze minutes séparaient les deux comparsent. Un écart qui semble même très important quand on regarde la déroulement de la course. Avant même le départ du 10 novembre dernier, François Gabart, inconnu pour les non iniciés au sport de voile, et Armel Le Cléac'h préfiguraient parmis les deux favoris. Les deux le savaient également "je sais qu'il y a de gros concurrents et le plus serieux d'entre eux est sans doute Armel" annonçait le bachelier scientifique avand les hostilités ne soient lancées. Une image saisissante accompagnait ce départ, celle de François Gabart et Armel Le Cléac'h qui durent refaire le départ après s'être élancés un peu trop tôt. Aucune seconde ne devait être perdue. Dès les premiers milles de course, les deux jeunes skippers prenaient les devants. Seuls Bernard Stamm et Jean-Pierre Dick leur ont pris la place de leader et encore, c'était lors des premiers jours de course dans la descente de l'Océan Atlantique. Après, ce sont Armel Le Cléac'h et François Gabart qui se partagèrent le leadership. Lors de la descente du continent africain, c'était le jeu du chat et de la souris. Gabart passait devant et lendemain c'était le tour d'Armel Le Cléac'h. Des tactiques différentes, Gabart préférant rester un peu plus loin des côtes africaines, mais peu de conséquences au classement.

Le Cap de Bonne-Espérence passé, il fallait encore gérer les mers du Sud que découvrait François Gabart "il y avait de l'appréhension mais surtout de l'adrénaline et ceux qui me connaissent savent que j'adore ressentir ça". Des mers du Sud entre l'Océan Indien et le grand Pacifique plutôt calme où l'unique but était d'aller le plus vite possible. A ce petit jeu là, François Gabart s'affirme mais ne creuse absolument aucun écart. Au point que, naviguant sur la même trajectoire, les deux premiers vont se croiser et échanger quelques mots, très rare dans une course comme le Vendée Globe et encore plus après plus d'un mois et demi du départ. Mais ce bon moment sans trop de secousses fut de courte durée. Il fallait maintenant gérer le passage du Cap Horn'que François Gabart passe auréolé de la première place provisoire. C'est alors dans la remontée du Brésil que les jeux se feront. Armel Le Cléac'h décide de longer les côtes sud-américaines pour profiter des alizées qui ne viendront finalement jamais "c'est comle un match de tennis. Je perd en cnq sets en me faisant breaker qu'une seule fois dans le cinquième pour une petite erreur". En trente heures, Gabart s'envole et prend cent-cinquante milles d'avance sur son adversaire. Une histoire de chanve selon ce le vainqueur "la voile est un sport très incertain. On nous transmet des cartes et des prévisions météo et c'est à nous de les interpréter. Armel a fait un choix que j'aurais pu faire moi même. Les indications qu'on lui a données n'étaient peut être pas très précises. Heureusement pour moi". Par la suite, Armel Le Cléac'h revient après le passage du pot au noir et divise son retard par deux mais pas assez pour revenir sur Gabart. Le dernier espoir du deuxième était alors de bénéficier de l'anticyclone des Açores et on connait la suite.
Quand on lui demande s'il serait capable de repartir maintenant, Gabart est vindicatif "pour faire un Vendée Globe, il faut avoir une envie sans faille. Je suis fatigué, j'ai besoin de me reposer, de faire enfin des nuits complètes. Et j'ai du retard à rattrapper avec mon fils qui va bientôt fêter son premier anniversaire"...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 09 février 2013
Modifié le 03 février 2013
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