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Chronique Album Comedown Machine de The Strokes

Compte-rendu subjectif titre à titre du 5e album très attendu (et pourtant inattendu) des Strokes.


Piste 1 TAP OUT 3'42'****
Intro saturée de quelques secondes en mode bluff, on croit un moment à un titre rock bien énervé, mais voilà que l'on bascule sur une rythmique fleurant bon les synthétiseurs et les dancefloors. Un titre réellement prenant, qui se situe dans la droite lignée de l'album Angles.

Piste 2 ALL THE TIME 03'01'***
Est-ce une volonté d'équilibrer au plus vite la balance ? Voici en tout cas un titre à la structure et l'allure rock beaucoup plus classique et un refrain évoquant les Strokes du début des années 2000, on pense à You talk way too much ou encore The end has no end. Un certain manque d'originalité donc, mais encore bien au-dessus de la masse.

Piste 3 ONE WAY TRIGGER 04'02'***1/2
Cette fois l'immersion dans l'electro tendance new wave (en plus festive) est totale. Le rythme dominant ce titre rappelle Orchestral Manœuvre In The Dark, A-Ha ou Talk Talk dans sa période la plus pop. Mention spéciale pour la voix de Julian Casablancas qui prend une teneur des plus aigue durant le refrain. La surprise est bien là, même si la formule parait un peu facile.

Piste 4 WELCOME TO JAPAN 03'50'***1/2
On ne quitte pas les pistes de danse avec ce morceau aux accents funk prononcés. L'exercice de superposition des voix est particulièrement réussi, au moment où l'on croit que ça va partir dans tous les sens la section rythmique revient cadrer le tout. On en redemande.

Piste 5 80S COMEDOWN MACHINE 04'58'**1/2
Si le titre de la chanson donne déjà une idée d'où l'on va, son écoute en apporte une éclatante confirmation. Une mélodie à spirale entêtante couvre une voix pour la première fois de l'album assez sobre. Il s'agit d'ailleurs du premier titre qu'on peut qualifier de ballade (à la manière de Ask Me Something sur First Impressions On Earth). Même son pont final n'augure pas d'une explosion imminente. Berçant plus que dansant.

Piste 6 50/50 02'43'**
Retour à une structure plus brute et ramassée pour ce titre ramenant aux deux premiers albums. Idéal pour crier un bon coup avant de repartir sur le dancefloor. Par sa brievété, ce titre fait presque figure d'interlude. Un peu faiblard et très oubliable au final.

Piste 7 SLOW ANIMALS 04'20'***1/2
Encore un titre qui n'aurait pas dépareillé sur Angles. Des couplets presque chuchotés sur un fond groove, avant un refrain aérien et poppy qui enterre en première classe les quelques résurgences punk/rock que laissait augurer ce nouvel album.

Piste 8 PARTNERS IN CRIME 03'21'**
La batterie reprend ses droits avec ce morceau entre deux eaux, proche de la légère férocité originelle mais empreint des sonorités électroniques qu'affectionne le groupe depuis peu. Un peu poussif.

Piste 9 CHANCES 03'36'***
Impossible de ne pas penser à The Killers (notamment l'album Day & Age) voire U2 en écoutant cette ballade au classicisme assumé et au lyrisme accentué. À nouveau une mélodie à spirale en fond et une voix atteignant des hauteurs inattendus. Le plus étonnant est bien que ce patchwork fonctionne, pour peu que l'on ne soit pas réticent à de la pure pop.

Piste 10 HAPPY ENDING 02'52'*
Sans aucun doute le titre le plus décevant du lot. De la pop pour radio comme on en entend à longueur d'années, presque un pastiche de Frankies Goes to Hollywood ou Duran Duran. Un refrain acidulé à souhait et des paroles qui n'arrangent rien : "Baby, show me where to go, somethings I don't wanna know. Baby, tell me if you're sure, all of the time."

Piste 11 CALL IT FATE, CALL IT KARMA 03'24'**
Un dernier morceau à la structure presque nihiliste. C'est encore la voix de Julian Casablancas qui se taille la part du lion avec un phrasé particulièrement suave (comparé ici et là à celui de Tom Waits) sur une atmosphère "calme plat" se voulant enivrante. Une expérimentation plutôt maladroite qui clôt une deuxième partie d'album en demi-teinte.


BILAN ***

Il faudra s'y faire, les Strokes ne feront pas machine arrière. Angles (sorti en 2011) n'était pas une parenthèse musicale, mais traduisait les vélléités de changement d'un groupe dont le dyptique initial Is This It/Room On Fire avait tôt fait de ranger dans la catégorie des "sauveurs du rock à guitares". Désormais, les New-Yorkais se sont totalement émancipés de la vague de groupes en "the" apparus au début des années 2000. Leur son se situe davantage au croisement de groupes comme Phoenix, Metronomy ou The Killers, tout en lorgnant fortement dans ce qui se faisait de mieux dans les 80's (car il y a du très bon dans cette décennie, injustement descendue en flamme par les rock critics). C'est donc en l'écoutant dans une perspective neuve (malgré la présence de trois titres évoquant le son originel du groupe) que cet album se laisse apprécier de bout en bout, tant ses faiblesses (50/50, Happy Ending) sont à relativiser. D'autant que le groupe maintient cette impression d'urgence et de spontanéité qui a fait sa marque de fabrique, à ce titre l'affichage de la durée relativement courte de l'album sur la pochette est autant une promesse qu'un gage d'honnêteté envers son public.
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L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 23 avril 2013
Modifié le 21 avril 2013
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