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Bartoli rejoint les Etoiles

Marion Bartoli n'a pas longtemps été inquiétée par Sabine Lisicki, hier après-midi en finale de Wimbledon, avant de s'imposer fort logiquement en moins d'une heure trente. Elle rentre dans le club très fermé des joueuses de tennis de l'ère Open à avoir inscrit leur nom au palmarès d'un tournoi du Grand Chelem.


La question ne s'est pas posée bien longtemps. Cette question étant de savoir si les deux seules femmes ayant alors réussi à remporter un tournoi du Grand Chelem depuis l'entrée de l'ère Open, Amélie Mauresmo et Mary Pierce, seraient présentes dans les travées du Court Central de Wimbledon au moment de l'entrée des deux finalistes de cette édition 2013, Marion Bartoli et l'allemande Sabine Lisicki. Marion Bartoli étant très proche d'Amélie Mauresmo depuis quelques mois, cette dernière parvenant enfin à convaincre la numéro un française au classement WTA de revenir en Fed Cup, on savait que la dernière tricolore à s'être imposée ici en 2006 serait dans le coin reservée aux supporters de Marion Bartoli. En ce qui concerne Mary Pierce, le suspense fut rapidement anihilé par le speaker officiel de ce Court Central qui ne tardait pas à présenter la victorieuse de Roland-Garros lors du passage au nouveau millénaire.
Quand on y repensait, on se disait qu'il était vraiment anormal que seules deux joueuses de notre si beau pays devaient s'aprêter à accueillir un nouveau membre mais quel membre car Marion Bartoli est tout sauf une joueuse comme une autre. Comme bon nombre de ses collègues feminins ou masculins avec qui elle écume les courts du monde entier au fil des saisons, Marion Bartoli est issue d'une famille où le sport tient une place très importante et le tennis plus particulièrement "mes premiers souvenirs sont en rapport avec le tennis. Je me souviens d'avoir trois ans et d'être assise sur un banc avec ma mère à mes côtés. Mon frère Franck, qui a onze ans de plus que moi, jouait avec mon père. C'est vrai que le tennis est inscrit dans les gènes des Bartoli". Ce n'est pas pour rien que la jeune Marion tape ses premières balles sur ce même court, situé juste à côté d'un boulodrome "dès l'âge de six ans, on venait très régulièrement avec mon père, même tous les jours. Le lendemain de la victoire de Monica Seles à Roland-Garros en 1992, il m'a dit de jouer tous mes coups à deux mains. Il trouvait le style assez peu académique mais très efficace. Et comme j'étais encore jeune, je n'avais pas encore attrapé de vilaines habitudes donc j'ai appris assez vite à jouer de cette manière".
C'est donc à Retournac où vit la famille Bartoli, un village où jouer au tennis n'était pas une tâche aisée, que Marion Bartoli apprit son sport mais surtout c'est ici qu'elle a acquis ce style si particulier "il y avait trois courts. Deux étaient en plein air. On aimait y jouer car ils étaient en bon état avec des dimensions normales mais on était dans une région où il neige très fréquemment d'octobre à mars donc on était obligés de jouer sur le court couvert. Mais on detestait y aller car le filet était trop haut, avec des trous. Le pire, c'était le mur d'escalade qui était seulement à un mètre de la ligne de fond. C'est pour cela que je rentre souvent sur le court. J'étais obligée de le faire donc c'est resté dans mon jeu".


Au nom du père

Elle souhaite s'inscrire dans des écoles de tennis mais personne ne la voyait gagner un jour Wimbledon, loin de là "j'avais dix ans. Je voulais faire du tennis, c'est ma passion donc je trouvais cela absolument normal mais on subissait des tests en tout genre et je n'étais pas au niveau d'un point de vue explosivité, puissance, réflexe et force. J'avais deux ans de retard et personne ne croyait en moi sauf mon père". Et quel père ce Walter Bartoli. Un père souvent décrit comme tyranique, manipulateur, dur et impulsif mais un père avant tout adoré par sa fille "il a une très mauvaise image auprès des médias parce que certains propos ont été mal interprétés ou des choses fausses sont sorties à son sujet. C'est peut-être le sentiment qu'il dégage à des personnes qui ne le connaissent pas. Moi, je le connais pour ce qu'il est réellement. Il a été le seul à me voir comme une championne en puissance alors que tout le monde lui disait que je ne percerai jamais dans ce sport. Il a arrêté son métier de médecin pour se consacrer pleinement à moi et à ma carrière alors qu'il adorait ce qu'il faisait. Il avait confiance en moi. Il savait que je n'étais pas une joueuse comme les autres. Jeune, je n'avais pas assez de constance dans mes résultats. C'est pourquoi personne ne pensait que je pourrai devenir professionnel. Mon père me faisait travailler différemment des autres parce qu'il analysait tout et n'importe quoi. Je perdais contre des filles moins bien classées que moi mais au fur et à mesure, j'ai grandi, changé et j'ai atteint la deuxième place mondiale chez les juniors et j'ai remporté l'US Open junior. C'est lui qui m'a mené jusque là et je ne serais jamais en finale de Wimbledon en 2007 sans son soutien et son travail au quotidien".
En 2007, Marion Bartoli était allée jusqu'au dernier samedi du tournoi londonnien. Mais elle avait dû s'incliner contre Venus Williams. Six années ont passé. Marion Bartoli a connu de bons moments et des moins bons forcément mais elle n'a jamais lâcher son rêve de revenir disputer une autre finale sur le Centre Court de Wimbledon "Marion est une battante. Elle a des défauts mais elle n'est jamais défaitiste. Elle croit en elle et travaille plus quand il le faut" souriait Franck, son grand frère. Qui aurait pu croire en une victoire de la Corse, comme elle aime s'appeler en référence aux origines de son père, en cet été 2013 tant son premier semestre fut compliqué avec des échecs successifs et plus précoces que prévus à l'Open d'Australie, à l'Open GDF Suez contre des filles bien derrière elle. A Roland-Garros, un tournoi qui lui tient toujours à coeur, elle passe deux petits tours avant de s'incliner lourdement aux portes des huitièmes de finale contre Francesca Schiavone. Cette défaite lui a mis un coup au moral et c'est de là qu'est venu son désir de changement.


Une finale à sens unique

Un desir de changer quelque chose dans sa carrière qui date du début quand elle s'est rendue compte qu'il fallait évoluer. Elle demanda à son père de s'eclipser car persuadée que son mentor de toujours ne pouvait plus la faire progresser. Elle s'est tournée vers Amélie Mauresmo, son idole et son modèle. Une envie de suivre Amélie Mauresmo jusqu'à un retour attendu depuis longtemps en Fed Cup. Elle s'est un peu cherchée en allant demander les services de grands noms comme Novotna ou Brémond. Des collaborations qui aboutiront à des échecs cuisants en quelques semaines. Heureusement pour elle, Amélie Mauresmo l'a pris sous son aile, lui prodiguant des conseils "on s'entend très bien. La différence d'âge n'est pas très important donc je peux la charrier sans m'en vouloir. Elle est d'abord dans la construction. Elle se fout de mes matches passés et veut juste me conseiller pour jouer le mieux possible. Elle n'est pas dans le conflit et n'est pas intrusive. Elle est toujours là quand j'ai besoin d'elle".
Amélie Mauresmo était aux premières loges pour voir une démonstration longue d'une heure et demi de Marion Bartoli sur une Sabine Lisicki légèrement effrayée par l'enjeu "j'étais très crispée avant d'entrer sur le court. J'étais nerveuse parce que c'était ma première finale. Je n'ai pas joué mon tennis et je le regrette car peut-être que c'était ma seule chance de remporter un tournoi aussi prestigieux que Wimbledon. C'est aussi physiquement que j'ai perdu. J'ai dû jouer trois sets en demi-finale contre Radwanska" regrettait la jeune allemande. Pour l'emporter et gagner son septième match du tournoi, Marion Bartoli n'a rien changé à son jeu "contre Venus Williams en 2007, j'avais été un peu tendue à cause de mon manque d'experience. Je me retrouvais dans la peau de Venus et Lisicki dans la mienne donc il fallait que j'en profite. Amélie Mauresmo m'avait dit la veille d'attaquer pied au plancher et d'essayer de l'asphyxier dès les premiers échanges. C'est ce que j'ai essayé de faire mais je me suis faite breakée d'entrée parce que je faisais trop de fautes. Je me suis reprise en main, je suis rentrée plus sur le court et ça a payé". Le finaliste d'aujourd'hui ne manqua pas une miette de la victoire de Marion "c'était un match fantastique. Je l'ai vu pendant que je me faisais masser. Elle a un jeu atypique, techniquement faible mais très spectaculaire et c'est bien là le plus important. Elle a un service étonnant, son lancer de balle n'est pas droit mais quelle puissance. Son jeu à deux mains lui donne un style particulier mais terriblement efficace".
Une service original avec lequel elle alla chercher son premier titre du Grand Chelem "j'ai bien servi pendant tout le match mais surtout au centre. J'avais un peu de mal sur mes premières balles exterieures et c'est sur un ace exterieur que le match se termine. J'ai eu du mal à y croire au début. J'étais comme dans un autre monde entre rêve et réalité. C'est quand on m'a remis le trophée que j'ai commencé à me rendre compte". Son père, lui, s'en rendait compte et c'est tout près du Court Central qu'on le retrouvait à la tombée de la nuit avec Thomas Drouet, le sparring-partner de sa fille. Alors que sa fille clame "ne pas savoir comment va se dérouler la suite de ma carrière dans l'absolu", Walter semblait plus concentré que jamais "on va arriver sur les tournoi américains qui lui réussissent bien car ce sont des courts rapides. On verra pour la suite si elle peut espérer quelque chose à Roland-Garros qui reste son rêve absolu". Le tournoi de la Porte d'Auteuil trotte toujours dans la tête déjà bien remplie de la nouvelle septième joueuse mondiale car gagner chez elle serait "l'aboutissement total". Quand on parle de Marion Bartoli, on se dit décidément que rien est impossible...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 15 juillet 2013
Modifié le 15 juillet 2013
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