| Airborne 44Une des meilleures série BD de cette fin d'année..."1944 : La guerre partout, pour tous...
Au milieu d'un ruisseau, Luther Yepsen et un soldat allemand se tiennent mutuellement en joue. Ils hésitent à s'entretuer. L'Allemand finit par rompre l'affrontement et disparaît entre les arbres. Luther regarde sa main gauche ensanglantée. Il lui manque deux doigts, arrachés par une balle. Fouillant désespérément le lit du cours d'eau, il trouve enfin ce qu'il cherche : son annulaire autour duquel se trouve encore son alliance. Délicatement, il la récupère...
Sur la crête d'une colline, des SS enfouissent des mines sous la neige. La discorde règne entre les officiers. Evoquant une mystérieuse mission ordonnée par le Reichsführer Himmler en personne, l'un des deux hommes assassine froidement le second. Qui est donc cet Egon Kellerman qu'ils sont chargés de retrouver à tout prix ?
Dans un ancien haras, Gabrielle vit seule avec ses deux derniers chevaux. La guerre lui a pris tout le reste. Tout ce qui comptait à ses yeux... Dans une forêt aux contours de brume et de danger, deux enfants perdus sont partis à la rencontre de leurs parents que, dans leur naïveté, ils croient encore vivants. Leur destin commun est en marche." (Présentation Casterman)
Ce sont deux albums publiés simultanément, que nous offre Philippe Jarbinet. Le diptyque Airborne 44 est incontestablement une des belles surprises de cette fin d'année. L'auteur signe une fresque poignante sur la Seconde Guerre Mondiale. L'auteur a souhaité rappeler toutes les horreurs de cette guerre, afin de perpétuer le souvenir. Ainsi il nous remémore les détails les plus tragiques comme les exactions des Einsatzgruppen, la shoah, l'enrôlement forcé des "malgré nous"... Ce thème lui tenait à cœur : "Je viens d'un village des Ardennes belges, libéré en décembre 44 par les paras américains. 25 d'entre eux y ont trouvé la mort. [... ] Enfant, je voyais ce village comme le paradis. Plus grand, j'ai appris son histoire. Pour moi, il a incarné une dualité qu'on retrouve chez l'homme : le meilleur peut cacher le pire. Cela me rappelle que l'enfer est toujours tapi dans l'ombre. Si la lumière s'éteint, le monde redevient son domaine." (Interview dans Castermag)
Au-delà du devoir de mémoire, dont Philippe Jarbinet nous rappelle toute l'importance, Airborne 44 s'avère aussi un récit palpitant. Le scénario est bien construit, le suspens bien dosé. Nous ressentons en permanence l'omniprésence du danger. Les quelques moments de bonheur dans la maison de Gabrielle ne sont qu'un moment de répit au sein d'une guerre qui suit irrémédiablement son cours fatal. L'auteur nous dépeint des personnages attachants : le couple Luther Yepsen et Gabrielle évidemment, mais aussi tous les personnages secondaires (l'ami infaillible de Luther, les deux enfants juifs en fuite) qui apportent tous une bonne part d'humanité. Ils ont tous des personnalités nuancées : ainsi Luther n'est pas GI aux gros bras et sûr de lui, mais un homme avec ses souvenirs, ses défauts et ses erreurs.
Le graphisme de l'album est également une réussite. Les aquarelles de Jarbinet sont d'une rare beauté, dans la lignée d'un Hermann ou d'un Gibrat. Ses couleurs tendres renforcent la dimension intimiste du récit et apporte un peu de douceur dans le chaos général. Philippe Jarbinet a accordé une importance extrême aux détails. Il a notamment fait appel à Philippe Gillain, Conservateur du Musée Décembre 1944, pour se documenter sur les uniformes, les véhicules, les noms d'unités. Le tout semble d'une très grande précision. Cette œuvre est d'une extrême justesse et est à découvrir d'urgence !
Série : Airborne 44
Titres : Là où tombent les hommes, Demain sera sans nous
Auteur : Philippe Jarbinet
Editeur : Casterman | | |
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