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15 Novembre, Soir de tous les Fights

En ce soir multishow il était difficile de savoir où donner de la tête pour le fan éclairé d'Arts Martiaux Mixtes. Il fallait aussi garder un œil du côté de la boxe où l'inoxydable Wladimir Klitschko remettait une énième fois en jeu sa ribambelle de ceintures.


Des français peu vernis au Cage Warriors

Cage Warriors 74, Copper Box Arena, Londres
*Championnat des poids welters  : Nicolas Dalby © bat Mohsen Bahari par décision unanime (50-45,50-45,50-45)
*Catégorie Lightweight  : Joseph Duffy bat Julien Boussuge par KO (1er round 0 : 36)
*Catégorie Welterweight  : Tom Breese bat Thibaud Larchet par soumission (Rear-Naked Choke, 3e round 4 : 57)
*Championnat féminin des poids coqs  : Pannie Kianzad bat Eeva Siiskonen par décision unanime 50-45,50-45,49-46)

Une timide tentative de takedown accueillie par un genou, voilà Julien Boussuge condamné sans même avoir pu jouer son va-tout. Le Français avait plutôt convaincu lors de sa première participation au CWFC fin 2013 (victoire par décision unanime) et sa place en co main event en disait long. Hélas, l'Irlandais Joseph Duffy confirme son statut de figure de référence de l'organisation (6-1 au CWFC pour un palmarès global de 12-1) ainsi que de redoutable finisseur (une seule victoire acquise par décision). Il ne faudra pas longtemps pour qu'il rejoigne son compatriote-star Conor McGregor du côté de l'Octogone, homme qu'il avait justement vaincu par soumission il y a quatre ans, presque jour pour jour... En 38 secondes. Irish Joe l'ouvre peut-être un peu moins que Conor, mais l'impact promet d'être de la même ampleur.

L'adversaire du second Français de cet événement londonien était aussi un gros client. Tom " Fearless " Breese a directement débuté sa carrière dans le haut du pavé avec six succès de rang (100 % de finalisations) au BAMMA. Pour inaugurer le début d'un cycle chez l'autre grande compagnie anglaise, il a conservé ses habitudes, terminant le duel par Rear-Naked Choke à trois secondes du gong  ! Larchet n'a pas trop de regrets à avoir puisqu'il était en retard sur les scores. L'élève du FightClub06 aura démontré ses belles aptitudes à travailler depuis son dos, mais n'aura pas su refréner les multiples passages de garde du Britannique. À signaler que le Français a remplacé Philip Mulpeter, adversaire initial de Breese, à seulement trois jours du gala. De quoi atténuer son échec.

Loin de nos turpitudes hexagonales, le public se focalisait sur le main event pour le titre des welters. Affrontement 100 % nordique puisque le Danois Nicolas Dalby, encore invaincu, croisait le fer avec le Norvégien Mohsen Bahari. Rappelons que Gaël Grimaud, récemment forfait pour blessure, nourrit le légitime espoir de reconquérir le graal dans cette division. Ce serait en l'occurrence avec Dalby qu'il faudrait régler la note. Cet homme en passe d'être embauché par l'UFC, selon le média spécialisé Sherdog. Com, est volontiers taxé de calculateur pour son nombre important de succès par décision (six sur treize). Or son engagement n'est pas en cause, il s'agit surtout d'un manque de puissance. Son duel avec Bahari fut caractéristique  : malgré de nombreux enchaînements de head kicks et une pression continue, il aura fallu attendre la décision pour sacrer sa domination. Bien dur de statuer sur le niveau de ce Champion tant l'opposition fut faible.


Un autre match de championnat figurait sur cette carte, celui de la division féminine des coqs, dont la présence a été jusqu'ici réduite à sa plus simple expression. Deux européennes encore invaincues étaient initialement programmés pour en découdre  : Pannie Kianzad et la prodigieuse polonaise Agnieszka Niedzwiedz (7-0 en MMA à l'âge de 19 ans). Hélas cette dernière a dû jeter l'éponge et être remplacé à quelques jours du gala par une combattante beaucoup moins cotée. L'issue ne laissait que de place au doute. Après un démarrage très mou en position montée dans le premier round, Kianzad passe l'accélérateur dans les suivants, notamment le 3e où Siiskonen subit un furieux striking sans la moindre réplique. Elle gérera ensuite aisément son avantage.

Cette mise en circulation du titre féminin souffre du parachutage en dernière minute de la Finlandaise. Son manque de préparation a sauté aux yeux tandis que la jeune suédoise (22 ans et désormais 7-0 au compteur) peut espérer rejoindre le gotha mondial rapidement. Elle est seulement considérée 19e mondiale à ce jour, notamment devancée par des combattantes ne figurant pas à l'UFC. Si elle n'obtient pas de victoires de prestige dans les prochains mois, sa ceinture ne voudra pas dire grand-chose. Cruel constat valable pour l'ensemble du Cage Warriors. Une compagnie qui a tout d'une grande sinon des cadors pouvant être conservés assez longtemps pour l'élever un peu plus.


Okami et Guillard ratent le rebond au WSOF

World Series Of Fighting 15, USF Sun Dome, Tampa, Floride
*Championnat des poids moyens  : Dave Branch © bat Yushin Okami par TKO (4e round 3 : 39)
*Catchweight (159 lb)   : Justin Gaethje © bat Melvin Guillard par décision partagée (28-29,29-28,30-27) – devait à l'origine être un match de championnat poids légers.
*Championnat féminin des poids pailles  : Jessica Aguilar © bat Kalindra Faria par décision unanime (49-45,49-45,49-45)
*Catégorie Lightweight  : Jorge Patino bat Eric Reynolds par décision unanime (30-27,30-27,29-28)

En l'espace de seulement deux ans la renommée du WSOF dépasse celle du Cage Warriors. L'afflux de stars passées par l'UFC (Rousimar Palhares, Jon Fitch, Jake Shields, David Loiseau, Tim Hague, Dennis Hallman, Tyson Griffin) n'y est pas étranger. L'organisation présidée par Ray Sefo assume cette politique, en même temps que le risque de passer pour la deuxième division où règnent ceux n'ayant pu devenir Champion à l'étage du dessus. Après le couronnement de Rousimar Palhares en poids welters, deux autres vétérans de l'Octogone avaient l'opportunité de s'installer sur les hauteurs de leur nouvel Olympe  : Melvin Guillard en lightweight et Yushin Okami en middleweight.
Le premier s'est sabordé avant même de grimper dans la cage. Fidèle à sa réputation de fighter dilettante, Guillard s'est présenté à la pesée au-dessus des 70 kg réglementaires. Le Champion invaincu Justin Gaethje acceptait un combat à un poids intermédiaire, de fait sans le titre en jeu. Malgré son incartade, l'éternel espoir des légers avait pour but de laisser une grosse impression pour prétendre concourir à la ceinture le moment venu.
Le challenger déchu a démarré la rencontre sur le recul, loin de l'agressivité inconsidérée qui le caractérise. Gaethje a donc pris les choses en mains avec pour l'essentiel un travail classique de boxeur. Aucune volonté de chercher des techniques de préhension entre ces deux adeptes du striking. Au cours du 2e round, le Champion accule plusieurs fois Guillard contre la grille par de larges crochets au corps et manque de le faire chanceler. La réplique ne se fait pas attendre, des combinaisons de frappes à courte distance mais à l'impact certain. Ce jeu en contre demeure insuffisant pour renverser la vapeur. Lors de la dernière reprise, Gaethje détruit les appuis de son rival avec de continuels leg kicks. Il conclut par des séries de plus en plus tranchantes face à un homme en perte de mobilité. Cette démonstration convaincante débouche pourtant sur une décision partagée, un des trois juges donne deux rounds en faveur de Guillard (!) comme on offrirait une prime de notoriété. Un seul a la clairvoyance d'accorder les trois reprises au tenant du titre poids légers. Très belle victoire pour Gaethje (13-0) devant un individu comptant un nombre de combats professionnels proche du quadruple.

La différence d'expérience se limitait du simple au double entre David Branch et Yushin Okami. Le Champion poids moyens avait même connu une pige à l'UFC en 2010-2011 (licencié après un score de 2-2). Il avait emmagasiné six victoires lors des sept rencontres suivantes. L'absence de grands noms à son palmarès laissait l'impression d'un titre peu significatif. Enfin un défi de taille avec le Japonais et ses 18 duels octogonaux, bien décidé à nous rappeler à son bon souvenir. Peine perdue, Thunder demeure un combattant éteint depuis son échec contre Anderson Silva à l'été 2011. Ce duel aura été une longue observation parsemée de quelques clinchs improductifs. Si bien que la décision semblait se profilait inexorablement. En faveur de qui  ? Difficile à dire  : Okami pouvait faire valoir son initiative, Branch revendiquer son aisance défensive et la propreté de ses rares frappes. Heureusement l'avis des juges ne sera pas requis. Au cours du 4e round, Branch passe enfin à l'offensive, jab droit, crochet gauche, jab droit, crochet gauche, ainsi s'acharne-t-il avec cette combinaison. Okami s'effondre et ne résiste pas à la full mount qui suit. Malgré l'ennui, le triomphe est réel pour Branch, désormais doté d'un palmarès de 15-3 dont un immaculé 5-0 au WSOF.

Deux résultats décevants sur le plan star power, mais très satisfaisants pour l'image de la compagnie. Elle envoie ainsi le message selon lequel ses titres ont de la valeur, il ne suffit pas d'être un recalé de l'UFC pour s'en emparer.


Samedi d'exception au Bellator

Bellator 131, Valley View Casino Center, San Diego, Californie
*Catégorie Light Heavyweight  : Tito Ortiz bat Stephan Bonnar par décision partagée (30-27,28-29,30-27)
*Championnat des poids légers  : Will Brooks bat Michael Chandler par TKO (4e round 3 : 48)
*Catégorie Middleweight  : Joe Schilling bat Melvin Manhoef par KO (2e round 0 : 32)
*Catchweight (143 lb)   : Mike Richman bat Nam Phan par TKO (1er round 0 : 46)
*Catégorie Light Heavyweight  : Muhammad " King Mo " Lawal bat Joe Vedepo par TKO (3e round 0 : 39)

Les choix de marketing et matchmaking de Scott Coker ont fortement été critiqués du temps où il dirigeait le StrikeForce. Depuis sa prise en mains du Bellator, la controverse est aussi dans l'air  : interruption du système de tournois faisant la spécificité de la compagnie, désignation arbitraire de challengers, recrutement de stars sorties de leur retraite,... La dernière innovation en date  ? Basculer les shows sur Spike TV (chaîne américaine) du traditionnel vendredi soir au samedi. Débuter cette réforme un jour où le programme était si fourni en fight n'augurait rien de bon. Et bien, forfait de Cain Velasquez en cause ou pas (voir par ailleurs), le Bellator a fait bien mieux que résister aux mastodontes UFC et Klitschko/Pulev. Le diffuseur enregistre en effet une moyenne de 1,2 millions de spectateurs contre les 700 000 habituels du vendredi. La stratégie de la concurrence frontale a pour une fois payé.

La qualité du gala n'est pas en reste  : surprises, confirmations, révélations, tous les ingrédients étaient au rendez-vous. Surtout, les match up avaient été bien élaborés, ce qui n'est pas toujours le cas avec le Bellator. Ainsi pas d'avalanche de KO au premier round par déficit d'opposition, ni de promenade de santé manifeste. Enfin un nivellement par le milieu dont témoigne cette donnée rarissime  : les quatre affrontements étant allés à leur terme ont tous donnés lieu à des contradictions entre juges, trois décisions partagées et un surprenant match nul entre les poids plumes Rolando Perez et Mark Vorgeas. Avec son scoring alambiqué à souhait (l'un donne 29-27 pour Perez, l'autre 30-26 pour Vorgeas quand le dernier opte pour un 28-28) laissant l'impression que personne n'a vu le même match.
Évacuons cette polémique de la carte préliminaire pour s'intéresser à celle autour des duels principaux. L'organisation avait privilégié le coup médiatique en plaçant Tito Ortiz/Stephan Bonnar en main event au détriment du championnat poids légers entre deux de ses figures de proue, Will Brooks et Michael Chandler. D'un côté un choc sans enjeu entre deux stars en fin de carrière, de l'autre une des revanches les plus attendues par les fans. Pour combler le " deuil " du départ d'Eddie Alvarez à l'UFC, la catégorie lightweight avait besoin d'une confirmation  : le tenant du titre intérimaire, Brooks, avait-il eu un coup de chance  ? La pâle prestation de Chandler dans la première manche était-elle une erreur de parcours  ? Après ce rematch on peut sans hésitation répondre non aux deux hypothèses. D'une part Brooks est un formidable styliste au striking imprévisible, de l'autre Chandler est tombé dans les travers de nombreux combattants issus de la lutte, s'acharner sur les corps à corps et takedowns pour donner l'illusion de dominer un combat. Autant d'énergie déployée à la chasse aux points au lieu d'être optimisée pour la recherche de la finalisation. La facilité des sprawls adverses aurait dû poussé le revanchard à modifier son game plan, mais rien n'y fit. Malgré ses calculs, Chandler est en retard dans le pointage des juges et décide d'enfin prendre des risques au cours d'un 4e round superbe. La fin le sera moins. Sonné par un puissant crochet droit, le challenger recule vers la grille avec un mouvement de bras pouvant être interprété comme une redittion. L'arbitre s'interpose logiquement, sans avoir pu empêcher Brooks d'asséner quelques coups superflus. Exemple symptomatique de KO debout et attitude inquiétante du perdant, comme absent des lieux durant les secondes suivant la rencontre.

Comment appréhender le main event après cela  ? Tito Ortiz, 39 ans, face à une des figures majeures du premier Ultimate Fighter alias Stephan Bonnar, 37 ans et une retraite de deux ans en cours. Malgré leur fidélité à l'UFC, les deux n'avaient jamais croisé le fer. Voici le moment venu, sur fond de féroce trash talking et d'accusations de visées purement commerciales. Or ces compétiteurs dans l'âme ont tenté de contredire les langues de vipère. Ortiz pouvait s'appuyer sur sa nouvelle hype issue du succès surprise devant Alexander Shlemenko pour son arrivée au Bellator. Bonnar conserve quant à lui ses atouts de courage et de respectabilité depuis l'épique finale du TUF contre Forrest Griffin. Au final, ils n'auront pas démenti les sceptiques. Le combat fut pataud, sans flamme. The Huntington Beach Bad Boy a récité l'unique game plan appliqué tout au long de sa carrière  : projection et ground & pound, tandis que le Psycho abusait du dirty boxing et démontrait surtout son manque de cardio. La split decision en faveur d'Ortiz laisse elle aussi pantoise tant l'unanimité ne semblait faire aucun doute. L'énonciation du verdict virait au comique avec un nouveau t-shirt provocateur du Californien et un Bonnar faisant mine de croire en ses chances. Les deux suggéraient même de remettre ça pour plus de clarté. Pitié, non.

Ce final se pose en contre-pied d'une carte principale éblouissante, d'abord marquée par l'électrochoc Joe Schilling. Après une expérience peu flatteuse en MMA en 2008 (record de 1-3), l'Américain s'était consacré au kickboxing. Seul l'attrait de l'opposition avec Melvin Manhoef l'a incité à reprendre le chemin du combat mixte. Or la légende néerlandaise connaît un beau retour de flamme en 2014  : deux victoires impressionnantes devant Evangelista " Cyborg " et Doug Marshall, sans compter des promesses de title shot imminents au Bellator comme au KSW. Autrement dit Schilling constituait un petit match de transition pour rester en jambes. L'excès de confiance guettait. Le premier round n'avait rien pour le minorer. Manhoef manqua d'obtenir un expéditif TKO suite à un pilonnage dont il a le secret. Schilling prit les devants pour lancer un échange particulièrement bourrin à l'entame de la 2e reprise. Son adversaire répliqua dans le même registre et vint littéralement s'empaler sur un crochet droit. Ce qui s'appelle dans le milieu un " One Punch Knockout ". Un " Lucky Punch " éventuellement  ? Ne cherchons pas d'excuses à Manhoef. Son choix de demeurer dans le domaine de prédilection de l'outsider du soir est incompréhensible. Les limites de Schilling en MMA sont connues (toutes ses défaites par Rear-Naked Choke notamment) et devaient être exploitées.

Toujours placé, jamais gagnant, Mike Richman est une figure respectée du Bellator, bannière qu'il honorait pour la onzième fois. Convié à servir de comité d'accueil au récemment licencié de l'UFC Nam Phan, il a prit sa mission à cœur. Tout part d'un déséquilibre anodin de la recrue, Richman fond sur lui en mode rouleau compresseur. La minute n'est pas encore atteinte lorsque l'arbitre doit interrompre le pugilat.

King Mo Lawal, jamais revenu à son meilleur niveau depuis la perte du titre StrikeForce contre Rafael Cavalcante, a dû revoir ses ambitions à la baisse au Bellator. On ne peut pas dire que la fédération a ménagé ses efforts pour le positionner dans ses top stars  : en deux ans Lawal a participé à trois tournois en Light Heavyweight et même disputé le titre intérimaire à Emanuel Newton, son tombeur surprise des demi-finales de la saison 8 (début 2013). Hélas, la revanche a donné un résultat similaire, la décision unanime succédant au KO en guise de nuance. Depuis, Lawal s'est aussi incliné en finale du tournois saison 10 sur fond de controverse avec Quinton Jackson. Soucieux de vite redorer son blason, le King comptait sur une rencontre avec Tom DeBlass, mais ce dernier s'est décommandé pour la deuxième fois consécutive. Après le quelconque Dustin Jacoby, réglé en deux rounds en septembre, c'est l'expérimenté mais basique Joe Vedepo qui revêtait les habits de pompier de service. Pas de quoi rivaliser avec le favori, auteur de puissants takedowns et de frappes appliquées pour obtenir le TKO en début de 3e round.


L'UFC au Mexique, un seul être vous manque...

UFC 180 Arena Ciudad de Mexico, Mexico City
*Championnat intérimaire des poids lourds  : Fabricio Werdum bat Mark Hunt par TKO (2e round 2 : 27)
*Catégorie Welterweight  : Kelvin Gastelum bat Jake Ellenberger par soumission (Rear-Naked Choke, 1er round 4 : 46)
*Catégorie Featherweight  : Ricardo Lamas bat Dennis Bermudez par soumission (Guillotine Choke, 1er round 3 : 18)
*Catégorie Featherweight  : Yair Rodriguez bat Leonardo Morales par décision unanime (29-28,29-28,29-28) et remporte ainsi le tournoi poids plumes du TUF Latin America.
*Catégorie bantamweight  : Alejandro Pérez bat José Quinonez par décision unanime (29-26,29-26,28-27) et remporte ainsi le tournoi poids coqs du TUF Latin America.

Cerise sans le gâteau pour les spectateurs de l'Arena Ciudad de Mexico. Des mois à communiquer autour du Champion poids lourds Cain Velasquez, originaire des lieux, et voilà que la Brown Pride déclarait forfait sur blessure à trois semaines du gala. Une bien mauvaise habitude pour lui, ce dont témoigne un calendrier particulièrement léger depuis quatre ans  : cinq combats pour seulement deux adversaires (trilogie face à Junior Dos Santos, doublé contre Antonio Silva). Heureusement les challengers ne se bousculent pas au portillon dans cette catégorie heavyweight réduite à quelques espoirs (Stipe Miocic, Stefan Struve, Travis Browne), des vétérans coincés au pied du top 10 (Roy Nelson) voire en déclin (Alistair Overeem, Antonio Rodrigo Nogueira, Frank Mir). Pour tout dire, la compagnie anticipe déjà un Vela/JDS IV en cas d'échec de Fabricio Werdum. Il ne faut pas sous-estimer les possibilités du double vainqueur de l'ADCC (compétition reine des grapplers), auréolé désormais d'un titre intérimaire. Le courageux Mark Hunt était-il à la hauteur du challenge  ? Oui si l'on en croit la teneur d'un 1er round où il aura donné le tempo avant de provoquer un rapide knockdown dans le 2e. Werdum ne perdit pas son sang froid et utilisa sa plus grande mobilité pour envoyer des coups peu orthodoxes. Tel ce genou droit sorti de nulle part, le même ayant atteint Roy Nelson sans le coucher. Pourtant réputé inKOtable, Hunt se retrouva sur le dos, incapable de répondre défensivement à un enchaînement en ground & pound. Ce main event fut un bon lot de consolation, rien de plus. La présence du blessé en chemise de bûcheron dans les tribunes permit à Werdum de le défier directement pour une unification en terres brésiliennes.

Peu de grosses stars pour le reste de la carte, surtout promue comme la clôture de la saison du TUF Latin America. Hormis les vainqueurs de chaque catégorie, il est peu probable que beaucoup de candidats intègrent durablement l'empire UFC. Le constat prévalait déjà pour les éditions brésiliennes et australiennes du TUF. Sans doute ce show marque-t-il ses limites en matière de recrutement. Aujourd'hui l'UFC a plus intérêt à surveiller les combattants émergeant du côté de ses confrères, couper l'herbe sous le pied à des " buzz " avant qu'ils n'échappent à leur contrôle, comme Michael Page ou Liam McGeary pour évoquer deux noms sur toutes les lèvres.

Chez les welters, Kelvin Gastelum poursuit sa série parfaite (10-0) avec la manière. Il soumet Jake Ellenberger en fin de 1er round, deuxième gros nom à son tableau de chasse après Rick Story en début d'année. Tyron Woodley est déjà sur les rangs pour contrarier ses plans fin janvier 2015.

Deux candidats sérieux voyaient enfin leur route se croiser chez les poids plumes  : Ricardo Lamas et Dennis Bermudez. Challenger de Jose Aldo en début d'année, le premier paraissait posséder une longueur d'avance, tandis que le second restait sur sept succès de rang sans qu'on puisse qualifier sa streak de convaincante. Plusieurs fois acculé contre la grille, Lamas persista dans sa volonté originelle de trouver l'étranglement par guillotine. Son talent fit le reste.


Klitschko trouve un client, mais ne rompt pas

Boxe anglaise 02 World Arena, Altona, Hambourg
*Championnat du monde poids lourds WBA/IBF/WBO/IBO : Wladimir Klitschko (c) bat Kubrat Pulev par KO (5e round 2 : 11)

Après l'annulation du choc le 6 septembre dernier, beaucoup de fans avaient glosé sur la lâcheté supposée de Wladimir Klitschko, suspecté comme tout Champion dominant de choisir ses opposants. Or le Bulgare a tout d'un premier choix. Passé pro sur le tard (28 ans), sa trajectoire est parfaite depuis cinq ans (20-0) avec à la clé cinq défenses du titre IBF International. Surtout, le challenger est pressenti comme un fougueux qui ne pêchera par excès de respect comme d'autres avant lui. Du haut de ses 38 ans, Klitschko n'est pas encore gagné par la lassitude ni l'envie de franchir la frontière de la politique aux côtés de son frère. Il a fêté dignement ses dix ans d'invincibilité (Lamon Brewster l'avait mis KO en octobre 2004) auprès d'un public allemand l'idolâtrant. Dès la deuxième minute l'Ukrainien score deux knockdowns consécutifs, des crochets gauches chirurgicaux en sortie de clinch. Pulev échappe de peu à l'arrêt et réplique avec rugosité, au point de friser l'avertissement pour coups portés derrière la tête. Doté d'une allonge quasiment identique à celle du Champion, le Bulgare n'en a pas eu la moindre utilité. À la recherche constante de la réduction de distance, il subit une nouvelle volée l'envoyant au tapis au cours du 3e round. La 5e reprise est doublement cruciale  : elle comporte les plus bels enchaînements du challenger dans ses prémisses et se clôt sur une gauche punitive de l'Ukrainien. Le menton de Pulev est foudroyé, il ne s'en relèvera pas. Une 21e victoire de rang, une 17e défense de titre consécutive, une longévité stupéfiante dix huit ans après sa médaille d'or à Atlanta, les chiffres suffisent à justifier les qualificatifs lorsque l'on parle de Wladimir Klitschko (63-3). Il ne manquerait qu'il soit programmé un soir où aucun gala ne lui ferait de l'ombre...
L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 03 décembre 2014
Modifié le 30 novembre 2014
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