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Une douce folie, une folle douceur...

J'avais dans mes yeux, toutes les mers du monde. Non pas que mes yeux soient bleus, mais ils sont salés. Il y a bien trop longtemps déjà que tu rôdes, quelque part dans ma voix, quelque part dans mon être.


Il y avait, dans tes yeux, quelque chose qui me rappelait la mer. Il y avait, tout autour de toi, cette odeur de sel et d'écume qui est perceptible à des kilomètres lorsqu'on approche de l'océan. Il y avait, en toi, toutes ces vagues que je retrouve bien trop souvent, au cœur de cette immensité, au coeur de la Grande Bleue. Tu étais la mer. Tu étais cette douce folie, cette folle douceur. Tu étais l'océan. Cette folle douceur, cette douce folie.

J'avais dans mes yeux, toutes les mers du monde. Non pas que mes yeux soient bleus, mais ils sont salés. Il y a bien trop longtemps déjà que tu rôdes, quelque part dans ma voix, quelque part dans mon être. Bien trop longtemps déjà que j'étouffe sous ton poids trop lourd, sous ta nuit trop sombre, sous ton soleil trop fort. Je me débats, je me déchaîne, mais rien n'y fait jamais. J'ai en mon cœur, beaucoup trop de peurs pour te laisser me regarder en face, pour que tu me voies telle que je suis. D'ailleurs, que suis-je ? Sinon une douce folie, une folle douceur.

Il y a si longtemps que je tente de percer ce regard trop intense, solide et dur qui est le tien. Il y a si longtemps qu'à présent, j'ai peur de ce que j'y trouverai. Je ne veux pas. Je me sens si bien bercé par ton regard marin où la vie a un sens, sinon celui du courant. Et la vie va grand train de l'autre côté. Je me demande même si tu sais pleurer ou si la luminescence de tes yeux n'est pas en fait, que l'accumulation trop grande de toutes ces larmes jamais versées. Ce serait logique, puisque les larmes aussi sont salées. Dans cet élan de douce folie et de folle douceur, serais-tu mon océan ?

Non, je ne peux pas. C'est impossible, c'est bien trop grand. Je ne suis pas et ne serai jamais aussi bleue, aussi grande, aussi vraie, aussi immense. C'est trop. Beaucoup trop. Les vagues sont de plus en plus fortes autour de moi et cet air salin se transforme en air sanglant. J'ai peur. Je frissonne. Le poids trop lourd qui pèse sur mes épaules, ton regard inquisiteur, serait-ce la clé de cette énigme ?

Non, c'est faux. Je ne suis ni pesant, ni indiscret. Serais-tu mon océan ?

Je ne peux pas, je me noie.

Tu ne peux pas ? C'est moi qui me noie alors. C'est moi qui suis perdue dans ce regard bleu de mer que je connais trop bien. Ce regard dévastateur qui n'est peut-être pas la mer, mais qui est, nul doute possible, mon refuge. J'aurais tant voulu que tu sois. Tant voulu que tu sois ma mer de douce folie, mon océan de folle douceur. J'aurais tant voulu que tu te baignes avec moi dans la pureté des choses comme on se lave de nos remords. S'il te plait, deviens, sois mon océan.

Je ne peux pas, je me noie.

Tu ne te noies pas, regarde je te tends la main. Saisis-là. Prends-là. Mords-là s'il le faut, mais ne te perds pas. Pas sans moi. Ne deviens pas cette épave que je devine, derrière ce regard que j'avais si peur de trouver, mais qui se dessine peu à peu face à moi. Ne fais pas de nous, cette accalmie avant la tempête. Ne nous laisse pas la chance d'échouer sur une rive. Ne te perds pas, ne te noies pas. Pas sans moi. Je veux ces regards marins où la vie a un sens, mais pas cet autre côté, où la vie va grand train. Je t'en prie, je t'en supplie, sois mon océan.

Je ne peux pas je me noie.

Si tu te noies, laisse-moi t'accompagner. Sombrons. Coulons. Échouons. Mais faisons-le sur cette épave de nous que nous avons construite, à force de temps et de rêves. Laissons-nous porter par la douceur de cette immensité bleue que je vois, que j'ai toujours vu, au fond de ton regard marin. Au fond de tes yeux salins. S'il faut couler, alors je coulerai avec toi et je regarderai les vagues, du fond de l'océan, et je me dirai que la vie va grand train, de l'autre côté. Laisse-moi seulement le temps de te rejoindre, pour me noyer dans tes yeux.

Je ne peux pas, je me noie. Je me noie dans cette folle douceur, dans cette douce folie, qui un jour s'est échouée au creux de mon regard, bercée par cet air salin où la vie a un sens, sinon celui du courant. Je ne peux pas t'attendre, je me noie.
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L'auteur : Somewhere Over the rainbow
36 ans, Montréal (Canada).
Publié le 20 mars 2007
Modifié le 24 février 2007
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