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Un nul qui ne rassure pas

L'équipe de France a obtenu son premier point du Tournoi des Six Nations grâce à un bon dernier quart d'heure. Heureusement car le reste du match était d'une qualité pitoyable.


Quand vous voyez Philippe Saint-André, pensez-vous qu'il soit du genre à pousser des gueulantes capables de faire trembler les murs d'une enceine comme l'Aviva Stadium ? A première vue, on répondrait négativement mais c'est bien une mise au point musclée, qui rappelait celle de Bernard Laporte à la mi-temps d'un France-Italie lors du Tournoi des Six Nations en 2003, que fit Philippe Saint-André à la mi-temps de la rencontre d'hier après-midi. Une colère qui n'étonnait que moyennement Christophe Samson "je l'ai connu un petit peu. Quand je suis arrivé au Racing Club Toulonnais, c'est lui qui était l'entraîneur en place. Il est plutôt calme d'habitude mais il faut se méfier du loup qui dort. Vous savez, ce sont les plus calmes qui poussent les plus grosses gueulantes". Maxime Médard n'est pas prêt de l'oublier "je ne l'ai pas beaucoup connu à cause de ma blessure qui était survenue lors de ses premiers matches mais je ne savais qu'il pouvait être aussi nerveux. Quand c'est un sanguin comme Guy Novès ou Marc Lièvremont qui gueule, tu écoutes mais tu t'y attends. Là, ça vient comme ça et ça surprend. J'ai rarement subit une telle soufflante". Nicolas Mas comprenait "je savais que l'on allait prendre cher à la mi-temps vu ce que l'on était en train de faire sur le terrain. J'ai sans doute vécu les plus mauvais instants de ma carrière international lors de cette foutue première mi-temps" soufflait le pilier gauche de Perpignan.
Une première mi-temps qui ne ressemblait pas à quarante minutes d'une équipe internationale qui il y a un an et demi jouait une finale de Coupe du Monde. Un premier quart d'heure où le XV de France ne touchera pas une balle. Les premiers ballons d'attaque montraient clairement que la défense serait moins performante que deux semaines plus tôt à Twickenham. Mais c'est surtout sur les ballons portés des hommes en vert que l'on a sentit les premiers frissons "on a subit dès le début. On a beaucoup de mal à commencer nos matches et on s'est fait bouffé sur les mauls. Je n'ai jamais été autant mis en difficulté sur des ballons portés adverses" soupirait Yoann Maestri. Et c'est en toute logique que les irlandais marquaient le premier essai du match après onze minutes de jeu. Sur une touche adverse dans les vingt-deux français, l'Irlande faisait un ballon porté qui emportait la défense française et c'est Jaimie Heaslip qui applatissait le bellon ovale dans l'en-but français. La mine déconfite de PSA en disait long "se prendre un essai aussi tôt dans le match, c'est compliqué mais vu les dix premières minutes, c'est complètement logique" affirmait le selectionneur. Mais cet essai précoce aurait pu servir de sonnette d'alarme pour les français. On s'attendait à voir une once de révolte ou ses prémices car ils se trouvaient dans une position délicate. Mais la réaction fut toute autre et encore, le mot réaction ne peut être employé car la France continuait exactement sur les mêmes bases. Un secteur de la touche qui réussissait beaucoup moins bien que face à l'Angleterre. Benjamin Kayser s'affirmait sur ses lancers mais jamais les bleus ne surent contester les lancers adverses au point que les sauteurs français n'allaient même plus au charbon.


Picamoles taille patron

Et comme si les sept points encaissés sur l'essai d'Heaslip n'avait pas suffit, il fallait forcément que les vices champions du Monde retombent dans leurs travers dans les zones de rucks où ils furent pénalisés à de nombreuses reprises pour des fautes d'indiscipline qui avaient déjà coûtés le match en Angleterre. Et le jeune Paddy Jackson ne manquait pas de les transformer, preuve que l'on peut être performant sans forcément avoir de l'expérience. Surtout que de l'autre côté, Frédéric Michalak n'avait pas la même réussite. Mais il aurait été dur de lui jeter la pierre tant la première periode fut pauvre offensivement. Des sorties de balle trop lentes et cette éternelle incapacité à passer le rideau défensif adverse qui n'était pourtant pas aussi agressif que face au Pays de Galles. Un ballon qui ne finissait que trop rarement dans les mains des trois-quarts. Une preuve de ce manque d'inspiration offensif ? Les coups de pieds incessants de Michalak et de Parra. Encore si ces chandelles avaient servies, mais ce n'était clairement pas le cas. Au moment de rentrer aux vestiaires, l'Irlande affichait dix longueurs d'avance sur nos bleus 13-3.
On a beaucoup parlé du soufflet reçu par les joueurs tricolores de la part de leur coach. Un moment fort qui restera dans les mémoires mais qui n'occasionna pas de réaction immédiate. Dans les vingt premières minutes de la seconde manche, le XV du trèfle aurait pu alourdir la marque et conforter son avance sur de bons ballons d'attaque dans nos vingt-deux. Un essai irlandais aurait scellé le sort de cette rencontre et là intervient les premières esquisses d'une réaction tricolore car sur ces actions dangereuses, la défense française parut enfin solidaire et les français commençaient à récupérer la balle dans les zones de rucks, ce qui n'arrivait pas en première mi-temps. Et ils confirmaient le seul point positif de ces quarante premières minutes, la domination sans partage en mêlée. Sans ça, les bleus n'auraient provoqués aucune faute irlandaise et serait resté avec zéro point dans sa besace. Une domination qui bénéficiait de la bonne rentrée de Vincent Debaty.
Mais le clermontois ne fut le seul bon coaching du staff français quu décidait de faire entrer Mathieu Bastareaud et Antonie Classen qui faisaient preuves de percussion en défense. A partir de l'heure de jeu et grâce à la baisse de régime des hommes en vert, on commença à voir un peu de mouvement dans l'animation offensive du XV de France. Des croisées et des changements de rythme qui buttaient sur le bloc irlandais mais petit à petit, les hommes de Philippe Saint-André s'approchaient de la ligne adverse. Les trois-quarts parvenaient enfin à jouer un peu et sur un surnombre sur l'aile droite, on crut que ça allait passer et ça aurait sûrement marché si Yohan Huget avait transmis la balle. Un manque de lucidité sur une action cruciale à dix minutes de la fin qui ne pouvait faire oublier son très bon match à l'arrière où il trouve ses marques au fil des minutes. Mais ce n'était que partie remise car quelques secondes plus tard, de l'autre côté du terrain, Morgan Parra pensait atteindre le Graal mais Mr Walsh donnait une pénalité aux français que Louis Picamoles jouait vite avant de finir derrière la ligne en aplatissant le ballon.
Un match nul en Irlande, en soit, n'est pas une mauvaise performance mais elle peut être édulcorée par les trois défaites qui l'ont précédées. Philippe Saint-André ne fanfaronnait pas mais tenait à souligner les aspects positifs "on était venu pour gagner mais je me contente de ne pas perdre. Quand tu joues bien que pendant vingt minutes, tu ne peux pas espérer mieux. On a quand même été bon en mêlée et la deuxième mi-temps est satisfaisante. Contre l'Ecosse, on ne jouera pas la cuillère de bois et j'espère que les joueurs sauront se libérer. Si on arrive à jouer avec plus de constance, on battra l'Ecosse en jouant bien". Thierry Dusautoir annonçait vouloir gagner même sur un 3-0 moche. Mais on a démontré que l'on pouvait aussi faire un match nul moche...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 31 mars 2013
Modifié le 31 mars 2013
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