| Tous mes amours. Chapitre 2L'aventure continue....
Bonne route.........Jacques ou la vengeance d’anna.
Je ne me souviens plus comment, un peu avant mes quatorze ans, ma mère, ma sœur, sa famille et moi, nous sommes retrouvés un jour en Guadeloupe. Sans doute grâce à ma tante Lucille qui avait épousé dans les années 40, le maître brasseur du coin.
On avait tout vendu, loué une maison en bois perdue dans la forêt tropicale, à des kilomètres du plus proche village -bien mal nommé Bois-sec puisque l’île bénéficie en cet endroit d’un climat très humide- pour donner, peut-être, un autre souffle à notre vie.
J’avais de ce lieu une opinion mitigée. Il était infesté de moustiques et la nuit, il fallait chasser d’énormes crapeaux qui venaient se cacher sous les lits. Ils me terrorrisaient ces crapeaux, tout autant que la bande de corbeaux qui peuplaient l’arbre à pain juste derrière notre barraque, en plein centre du champ de zikaques, ces petits fruits tantôt bruns tantôt jaunâtres dont j’adorais la saveur à la fois sucrée et âcre.
Heureusement qu’il y avait Jacques, le fils du voisin. Il venait me chercher parfois et me faisait découvrir tous les secrets du coin….
Et les secrets, là-bas, ne manquaient pas…
Il y avait les bains de rivière où on jouait à Tarzan, nous jetant à l’eau du haut d’une grosse pierre, accrochés à une liane, hurlant à pleins poumons.
Il y avait les écrevisses, cachées sous les galets, les cochons sauvages, il y avait tous ces fruits que la vie en France m’avait fait oublier : les mangues Julie, les mangots verts, les choux de chine, les papayes, les goyaves, la chair molle du coco jêune et des millions de choses que mon âme de redécouvrait avec merveille.
Il y avait aussi le regard de Jacques, ses attentions, son sourire qui s’illuminait dès que j’apparaissais, creusant de ravissantes fossettes dans ses joues basanées.
Il m’emmenait partout avec lui, même aux endroits interdits. Me tenant par la main, il me faisait grimper faîte des arbres les plus forts, les plus hauts, pour admirer le paysage et enrouler ses bras autour de mes reins.
Tout là haut, j’étais si bien. Il parlait, parlait sans arrêt, avec son accent qui chantait. Il me racontait des histoires de Compère Tigre et Compère Lapin. Il riait de mes réactions, en bref, il m’aimait.
Je le savais, et j’en profitais honteusement, le mettant à l’épreuve, l’envoyant chercher, au péril de sa vie parfois, des fruits inaccessibles, des fleurs ou des bonbons à la boutique du coin.
Un jour, alors que nous étions perchés sur l’arbre à letchis, il a sorti de sa poche un anneau. C’était la bague d’une canette de coco-coca, amoureusement polie et ornée d’une graine de je ne sais quoi… Il m’a demandé de l’épouser…
Je ne sais toujours pas pourquoi je me suis contentée de rire.
Mais j’ai gardé l’anneau, touchée malgré moi.
Un mois après, on a déménagé. Je ne l’ai jamais revu.
Dommage…… | | |
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