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Tony Estanguet, le clap de fin

Hier, en fin de matinée, Tony Estanguet a déclaré qu'il mettait fin à sa carrière. Tout le sport français perd l'une de ses plus belles pépites.


Qu'est-ce qu'une carrière de sportif de haut niveau ? C'est un fragment de vie qui peut durer plus d'une décennie dans certaines discilpines. C'est fait d'un début, de mauvais moments, de mauvais souvenirs, de meilleurs périodes, des joies infinies mais aussi une fin. Depuis le milieu des années 1990, Tony Estanguet s'est efforcée de tout connaître mais la fin de sa carrière, il ne l'a dit qu'hier avec au moins la même émotion que du temps de ses victoires. Il a attendu la fin de matinée, sur les coups de midi, pour annoncer la sentence tant attendue. Quoi qu'il en soit, on savait qu'en cette fin du mois de novembre, Tony Estanguet nous donnerait son avis sur la tournure que prendrait sa carrière. Avant de dévoilé sa décision au public, il a avoué qu'à son réveil du matin, l'ultime nuit avant le reste de sa vie ou le début d'une nouvelle lui avait peut-être fait changer son choix mais la raison a repris le dessus et c'est avec la voix tremblante qu'il annonçait que sa carrière prendrait fin en ce jeudi 29 novembre.
Cela mettait fin à un suspense qui trainait depuis une certaine journée du mois d'août où il était allé cherché, de l'autre côté de la Manche, une troisième médaille d'or olympique. Il avait indiqué à chaud qu'il ne pouvait mettre ce point final après un tel exploit, il pensait que par respect pour ceux qui l'ont toujours soutenus, un arrêt aussi brutal après ça ne serait pas possible. Mais cela n'avait aucun caractère officiel et quelques jours après, quand les medias français lui tenaient la jambe pour pour savoir ce qu'il ferait, il expliquait vouloir réfléchir, prendre son temps pour prendre la bonne décision. Il lui en aura fallu quatre mois pour peser le pour et le contre et à la fin du match, la colonne contre a gagné.
Mais, au fond, cela s'explique aisément. Après un titre olympique, une continuation de carrière aurait été synonyme de présence aux prochains Jeux Olympiques de Rio de Janeiro. Il serait entrer dans un nouveau cycle de quatre années avec les concessions qui vont avec, ce que le pallois n'était pas près à faire "le job de sportif de haut niveau, c'est à temps plein. Notre vie professionnelle tient une place importante dans la vie privée. Il faut avoir une hygiène de vie impeccable. C'est à dire, se coucher tôt, ne pas faire d'écart alimentaire. Refaire ça pendant quatre ans, je ne suis pas sûr que j'aurais pu le faire et il était hors de question de revivre la même déroute qu'en 2008, lors des Jeux Olympiques de Pékin".


Trois titres olympiques en poche

Ce qu'a annoncé Tony Estanguet, hier, du côté de ses eaux palloises, c'était la fin d'une carrière prodigieuse qui a commencé il y a plusieurs décennies, c'était la fin d'une folle histoire d'amour entre Estanguet et le monde du Canöe Kayak. Né dans une famille dont la discipline favorite était le kayak, le jeune Tony est poussé dans le grand bain dès le plus jeune âge par ses parents. Ses bonnes prédispositions et ses premières performances en junior montrent le talent indégnable du pallois. En 1996, il assiste à la médaille de son grand frère Patrice lors des Jeux Olympiques d'Atlanta et lui fait se rendre compte que les Jeux Olympiques seraient son objectif principal. Après quatre années d'apprentissage du plus haut niveau entre 1996 et 2000, noyé au milieu d'une génération dorée mais en fin de carrière, il arrive à Sydney doré d'un premier titre européen et d'un ticket glané à son grand frère. Il arrive donc avec une pression supplémentaire, celle d'assumer face à la famille. En réponse, il s'empare d'un premier titre olympique "c'est l'un des plus beaux souvenirs de ma carrière et de ma vie. J'étais encore très jeune et j'atteignais le Graal pour un kayakiste qu'est la médaille d'or olympique". Jusqu'en 2004, Tony Estanguet fait le bon choix d'axer ses objectifs exclusivement sur les Jeux Olympiques d'Athènes et laisse de côté les championnats d'Europe et du Monde, ce qui explique son échec lors des mondiaux de Bourg-Saint-Maurice. Son choix se révèlera payant en août 2004 où, pour douze centièmes de seconde, il remportait un second titre olympique "c'est la consécration. Je suis devenu, juste le temps d'un slalom, double médaillé d'or olympique. Je devenais l'un des plus beaux palmares du sport français". Après 2004, Tony Estanguet change de stratégie. De son propre aveu, il a pris un peu le melon "c'est vrai. Après Athènes, je me prenais pour le meilleur. Je me pensais imbattable, je voulais tout gagner, et faire avec la manière si possible". Ce qui va ammener Tony à un échec retentissant du côté de Pékin, le pire moment de sa carrière. Mais plus que sportivement, c'est le procès qui lui a été fait "quand je perd à Pékin, les gens en France commencent à dire que le fait de porter le drapeau lors de la cérémonie d'ouverture m'a déconcentré, que je ne pensais plus au sport mais à la parade. Ce que les gens ne savent pas, c'est que c'est en 2006 que je rate Pékin. Pour la première fois de ma carrière, je devenais champion du monde. Je me retrouvais à avoir gagné tout ce que je pouvais remporter. Gagner ne me suffisait plus, il fallait écraser, dominer. Je me suis mis à tout prévoir alors que mes victoires passées se basaient sur l'ouverture d'esprit. De toute ma carrière, je prenais l'entrainement quotidien comme une aide pour arriver à mon meilleur niveau. Je pouvais penser à la manière de naviguer en voyant ce que faisais les premiers conccurents. Après 2006, je prévois mes courses, je me vois gagner la deuxième manche de Pékin alors que je ne me suis même pas qualifié pour cette dernière". Après 2008, il pensera à arrêter mais son envie de revanche sera plus forte et l'emmenera, en passant par deux nouveaux succès lors des Championnats du Monde de 2009 et 2010, vers une troisième marseillaise pour couronner un troisième titre olympique "ce titre est sans doute le plus beau. La plupart des gens restaient sur mon échec de Pékin donc il ne me voyait pas comme vainqueur possible. Je n'avais pas de pression particulière. En plus, au même moment, j'étais en campagne pour pour devenir représentant des joueurs auprès du Comité International Olympique. J'ai pu montrer qu'en 2008, porter le drapeau tricolore ne m'avait fait perdre".
Ce n'est pas aux français qu'il manquera le petit Tony Estanguet et pour une raison très simple. Le pallois va en effet se faire un peu plus discret dans les cours d'eau, c'est vrai qu'on ne tremblera plus en le voyant faire ses premiers mouvements de pagaie avant de passer les premières portes. Mais il ne quitte pas le milieu du sport. Il ne fait nul doute que le ministère des Sports ou le CNOCF fera appel à lui, triple champion olympique et un des meilleurs palmares du sport français. Ce qui viendra s'ajouter à son poste de représentant des athlètes pour le CIO qui sera confirmé en janvier 2013, une fois que les appels des défaits seront rejetés. Et pour ceux qui voudraient l'entendre parler, ils pourront le faire en écoutant RMC où il officie dans l'emission Les Grandes Gueules du Sport, le samedi et le dimanche de 10h à 13h, où son avis global sur le sport français sera à la pointe de la pertinence. Ah non, il ne nous manquera pas mais à son ennemi de toujours, le slovaque Michal Martikan double champion olympique en 1996 et 2008 d'une année son cadet, sans doute qu'il s'ennuiera bien maintenant...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 18 décembre 2012
Modifié le 17 décembre 2012
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