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Review UFC On Fox 12

Entre des dernières éditions octogonales décevantes et l'annulation de l'UFC 176 censé se dérouler début août, ce show secondaire avait tout sur le papier pour être la bonne surprise fight de l'été. Si l'ensemble de la carte a été loin d'être flamboyant, les combats principaux ont tenu leurs promesses.


Résultats Complets de l'UFC On Fox 12 (26 juillet 2014)
San Jose, Californie (SAP Center)

Carte principale
*Robbie Lawler bat Matt Brown par décision unanime (49-46,49-46,48-47).
*Anthony Johnson bat Antonio Rogerio Nogueira par TKO (1er round 0 : 44).
*Dennis Bermudez bat Clay Guida par soumission (Rear-Naked Choke, 2e round 2 : 57).
*Bobby Green bat Josh Thomson par décision partagée (29-28,28-29,29-28).

Carte préliminaire
*Jorge Masvidal bat Daron Cruickshank par décision unanime (29-28,29-28,29-27).
*Patrick Cummins bat Kyle Kingsbury par décision unanime (30-27,30-25,30-24).
*Tim Means bat Hernani Perpétuo par décision unanime (29-28,29-28,29-28).
*Brian Ortega bat Michael De La Torre par soumission (Rear-Naked Choke, 1er round 1 : 39).
*Tiago Trator bat Akbarh Arreola par décision unanime (29-28,30-27,30-27).
*Gilbert Burns bat Andreas Stahl par décision unanime (29-28,29-28,29-28).
*Joanna Jedrzejczyk bat Juliana Lima par décision unanime (30-27,29-28,30-27).
*Noad Lahat bat Steven Siler par décision unanime (29-28,29-28,29-28).



Il ne l'aura pas volé. Perçu par beaucoup de spécialistes comme le véritable vainqueur du championnat poids welters de mars dernier, Robbie Lawler a donné un coup d'accélérateur au calendrier pour obtenir une revanche, avant même qu'un autre challenger se dégage. La seconde jeunesse du vétéran californien laisse toujours aussi rêveur : Jake Ellenberger atomisé en mai et à présent Matt Brown, l'autre ancien revenu en grâce, vaincu d'une courte tête sur cinq rounds. Avec son style largement centré sur la boxe anglaise, Ruthless contredit la tendance qui voudrait qu'on use d'un maximum de polyvalence pour atteindre les sommets. Si les poings ne le démangent pas d'ici là, on reverra donc Lawler face à Johny Hendricks début 2015.


Trois anciens poussés vers la sortie

D'autres combattants emblématiques sont loin d'être assurés de franchir la ligne de fin d'année au sein de l'Octogone. Prenons un autre californien, catégorie en-dessous (poids légers), Josh Thomson. À bientôt 36 ans, il rivalise encore avec les meilleurs, mais il lui manque ce supplément de maitrise pour ne pas être lésé au moment du dévoilement des scores. Après Gilbert Melendez et Ben Henderson, c'est au tour de l'espoir Bobby Green (palmarès de 23-5 dont 4-0 à l'UFC et 4-1 au StrikeForce) de s'imposer par split décision (deux des trois rounds en sa faveur selon deux juges). Thomson est un véritable chirurgien de la discipline, rien de superflu dans ses attaques. Ce qui devrait constituer un avantage conséquent se transforme pourtant en malus lorsqu'il s'agit d'évaluer l'occupation de la surface de combat et le nombre de coups échangés. Green aura été un tout petit peu moins prudent pour accrocher enfin un nom prestigieux à sa carte de visite.



Après cet affrontement plutôt ennuyeux, la (brève) carte principale réservait un nouveau choc générationnel. Seulement cinq ans d'écart mais près de trente combats professionnels séparait le finaliste du TUF 14 de fin 2011, Dennis Bermudez (13-3) de l'ancien Champion du StrikeForce Clay Guida (31-14). Tout un monde les différenciait aussi : le premier brille par sa discrétion quand le second continue d'alimenter la polémique sur son style comportant une gesticulation parfois proche de l'absurde. Longtemps accompagnées de talent et d'efficacité, les secousses incessantes de sa chevelure faisaient figure de petit folklore au cœur d'une quête sérieuse. Elles n'ont pas amusé grand-monde ce samedi 26 juillet tant Guida a livré une de ses plus mauvaises prestations dans l'Octogone, où il apparaissait tout de même pour la vingtième fois. Très loin de l'homme qui a engrangé neuf bonus de fight ou submission of the night. À quoi bon persiste-t-il à jouer les sprinteurs heureux, larges sourires joueurs à l'appui, à l'issue d'un premier round où il a subi une correction ? Même attitude suite à l'étranglement arrière qui causera sa défaite. Comme s'il voulait signifier qu'il n'avait pas été inquiété plus que cela. Comme s'il voulait laisser croire que cela ne s'était joué à rien. La descente de Lightweight à Featherweight ne s'est pas traduite par un franc succès (2-2) pour Guida. Les possibilités de relance sont à présent infimes. Son statut de star lui offrira au mieux un rôle de gatekeeper, ce type de combattants confirmés servant à étalonner les nouveaux venus.
Bermudez est à présent aux portes du top 10. Depuis sa défaite au TUF face à Diego Brandao, il a enchainé sept succès. Si en plus il y met la manière à présent... Le New Yorkais a d'une part acculé Guida grâce à son impact en lutte, d'autre part dominé la partie en striking, pour finalement terminer les affaires au sol avec un Rear Naked Choke parfaitement préparé. Dans une catégorie où bon nombre de têtes d'affiches se sont déjà cassé les dents sur l'inoxydable Jose Aldo, Bermudez pourrait avoir sa chance beaucoup plus vite que prévu.


Nous n'étions pas au bout de nos surprises. L'autrefois indésirable Anthony Johnson, spécialiste des cuttings ratées, ce qui l'a conduit à passer successivement de Welterweight en Light Heavyweight (et même une pige en Heavyweight en chemin), est redevenu par sa boulimie pugilistique un des épouvantails de la compagnie. Rogerio Nogueira n'aura vu défiler qu'un ouragan de crochets et uppercuts durant les quinze secondes les plus longues de sa carrière. Trente secondes d'observation en amont ne lui auront pas permis de prendre la mesure de ce "faux" nouveau de l'Octogone. Renvoyé comme un malpropre au début de l'année 2012, Rumble a rebondi très rapidement avec notamment son passage aux World Series of Fighting. Sa série affiche à présent huit victoires de rang et surtout de gros noms à la clé : Andrei Arlovski, Mike Kyle, Phil Davis... Et donc Lil Nog. Triste sort pour le Brésilien, parti un temps pour avoir une carrière aussi constellé de titres que son grand frère, mais trop souvent miné par des blessures pour retrouver son meilleur niveau.
Voir un des frères Nogueira être ainsi submergé reste quelque chose de rare.


Le soir des décisions

En dehors des combats principaux, la soirée fut ô combien poussive. Aussi bien sur la forme, sept des huit duels de la carte préliminaire sont allés à la décision, que sur le fond : des matchs up pas toujours très inspirés comme en témoigne la ballade insolente de Patrick Cummins face à Kyle Kingsbury (plusieurs rounds notés 10-8 faveur du premier nommé, une rareté !), ou le couac pour le match féminin censé promouvoir la nouvelle catégorie, celle des Strawweight, finalement basculé en Catchweight lorsque Juliana Lima se présenta au-dessus des 52 kg requis.
Retenons néanmoins les débuts de Brian Ortega, jeune élève de la Black House. Il a fait honneur à son écurie en plaçant un Rear Naked Choke en mode "sac à dos" à Michael De La Torre. Un beau numéro de souplesse et une persévérance de sangsue peuvent mener loin, gageons que son chef de file Anderson Silva aura su apprécier.
Pour revenir sur la contre-performance XXL de Kyle Kingsbury, l'explication est à chercher entre une perte de rythme et un surentrainement. Après deux ans passés à soigner ses bobos, le Californien a eu lui aussi, à l'instar de Robbie Lawler et Josh Thomson, la chance d'évoluer dans des contrées acquises à sa cause. Ce ne lui sera d'aucune aide, puisque trimballé trois rounds durant par des takedowns (dix en tout !), le plus souvent accompagnés de passages de garde et de ground & pound. Leur auteur, Patrick Cummins, est un lutteur de classe mondiale, arrivé par concours de circonstances à l'UFC pour servir de victime à Daniel Cormier. Il tire son épingle du jeu, mais à bientôt 34 ans son expérience en MMA (6-1) reste trop limitée pour viser plus haut.
Suite à cette quatrième défaite consécutive, Kingsbury a pris l'initiative d'annoncer sa retraite avant que la porte ne lui soit montrée par l'UFC. Au moins un enseignement retenu d'une saillie unilatérale de quinze minutes.
Cummins aura fait parler sa lutte, mais aussi son striking.


Lawler au bout de sa logique

Que le main event soit allé au bout des 25 minutes tient davantage de la résistance des deux protagonistes que d'une éventuelle frilosité. Lawler rentra dans la rencontre à grand renfort de directs et manqua d'être surpris sur le jeu en contres appliqué de Brown. Ce dernier était incontestablement supérieur niveau grappling. Il en fit la démonstration au milieu du 1er round via un travail de contrôle pour amorcer un d'Arce Choke. Néanmoins, Lawler demeurait le plus agressif et marqua de sérieux points dans la dernière minute de cette reprise avec un enchainement poings/genoux. Au fil des rounds, les stratégies s'affirmaient : Ruthless persistait dans sa volonté de restreindre le combat à la boxe anglaise, tandis que Brown déployait un arsenal d'une variété sidérante pour déjouer ses plans. Utilisation significative de kicks, tentatives de takedowns, coups de poings retournés, le disciple de la JG MMA ne se laissait pas intimider par un public californien extrêmement favorable à son chouchou. Des huées émergèrent au cœur du troisième round envers Brown quand il réclama un temps mort pour récupérer... D'un middle kick au corps !

Les opérations tournaient en faveur de l'outsider à l'issue de cette reprise, d'où une mise en garde du coin Lawler : il fallait inverser la tendance au plus vite. Le 4e round s'avère le moins intéressant sur le plan de l'action. Le Californien profite d'une glissade de son opposant pour fondre sur lui au sol, mais tellement peu à l'aise sur ce terrain il prend surtout le risque de subir une soumission. Après un étranglement en guillotine avorté, le stand up reprend ses droits. La fatigue est telle que peu de coups parviennent à destination. Le coach de Lawler suppose alors que le pointage des juges doit donner une égalité, il rappelle à son poulain l'importance du dernier round, celui qui lui avait coûté la victoire face à Hendricks. C'est donc plus mobile que jamais que le chauve volcanique réamorça sa mécanique guerrière. En face, The Immortal répliqua avec la même verve et ne sourcilla même pas sur un ultime head kick. Seul son visage trahissait sa souffrance tandis que Lawler affichait une bouille relativement épargnée. Est-ce cette domination "apparente" que les juges ont privilégiée ? Toujours est-il que deux d'entre eux ont donné quatre rounds en faveur de RL (contre trois pour le dernier), ce qui parait extrêmement sévère pour le travail approfondi de Brown.
S'achemine-t-on vers le sacre d'un champion unidimensionnel chez les welters ?
À l'heure des champions du monde ultra complets comme Cain Velasquez, Jon Jones ou Jose Aldo, le couronnement de Robbie Lawler sonnerait comme un doux anachronisme.
L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 27 août 2014
Modifié le 25 août 2014
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