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petits plaisirs...

Ce sont deux soeurs.... Une messe pour mon âme, et l'épouvante nocturne. Elles sont jumelles; elles partent du même cri. Elles sont fleuve d'émotions et de lacunes. On peut s'y retrouver, les aimer ou les détester; on a tous les droits. Mais surtout, celui d'y prendre plaisir... L'auteur quête des miroirs; soufflez vos impressions... Mais surtout, prenez plaisir.


"Une messe pour mon âme"


« Te souviens-tu ? Tu avais demandé pour moi une messe ; afin que je sois transfiguré. Te souviens-tu de cela ? Il semble que tes prières, n’aient pas été exaucées. Il me semble aussi, que je ne sus t’aimer. Les regrets me brisent l’âme ; j’ai mal, très mal. Pas mal de ton absence ; mal de t’avoir fait des chagrins. Mal, d’avoir été diable. Mon chéri, ma douceur, je plains ta douleur. Je souffre encore tes larmes, lorsqu’hier tu chialais… Tu disais :

- On ne m’aima que pour mon argent; jamais pour moi.

« Tu avais pleuré deux secondes. Moi j’en pleure encore. Je regrette le désamour qui est tien. Celui-là même qui est aussi mien. Je ne t’aime pas, j’avais besoin d’un havre de quiétude; mais je ne voulais pas de toi, de ton ombre, de ton odeur, de tes mains... Je ne t’aime pas. Mais, d’une étrange manière, je te suis attaché. Une affection tendre, naïve, presque intéressée, m’habite. C’est tout comme, l’amour d’un enfant pour ses parents. Cet amour, qui n’est pas vraiment inconditionnel, qui est plus dicté par la nécessité, que par le choix. Peu importe la manière de mes sentiments, l’essentiel, n’est il pas d’aimer ? Sache que dans mon cœur, quoiqu’il advienne, je conserve toujours pour toi une douceur. Tu pourras venir le chercher, quand tu voudras.

« Je t’en prive, aujourd’hui. Je l’ai décidé ainsi. Serait-ce par ascétisme, ou par égoïsme ? je n’en sais rien. Je sais juste, que te sentir, m’est un supplice… Je garde avec moi, toute la tendresse que je te destine. Tu ne les mérites pas. Je désire, que tu souffres. Pleure, crie s’il le faut. Je dormirai à tes râles. Je prie qu’on m’aime; mais mon cœur est sec.

« Ne fus-je donc pas transfiguré ? Où est donc toute cette miséricorde, que pour moi tu sollicitas, à l’église des Vermeilles. Où est-il passé ? Les promesses de rédemption ne sont peut-être que du commerce ! Il n’y pas de cieux pour mon âme ; je baigne dans la fange. Je m’y complais. Pouquoi veux-tu, que je sois transfiguré?...

« Mon amour, je ne t’aime pas ; je te hais même profondément. Et s’il m’était permis de te blesser, je le ferai, jusqu’à t’esquinter…Pardonne-moi de te haïr ; c’est si bon !... Tes larmes me sont réjouissantes. Elles sont trop délicieuses. Je t’invite à la haine; à te détruire. Y seras-tu ? Tu verras, c’est enivrant.

« Où est le ciel, dans tout cela ? Je ne suis transfiguré aujourd’hui, pas plus que ce jour où, nous nous connûmes ; et demain encore moins. Je suis toujours aussi sale, très sale; et j’abrite le vice. Je ne connaîtrai jamais l’amour. J’ai connu la solitude, l’avilissement, la haine et le mépris, mais l’amour ne m’aura pas. Le vice est dans ma chair; j’ai beau me laver, il me pue à la gueule.

« Seul, dans mon antre, la luxure me convoite. Elle tiraille mes entrailles; elle insiste que je lui cède ma sève. Mais tout mon être veut s’élever. Il prie mon esprit de quérir l’essence des choses; d’élever ma fange aux horizons. Je ne sais plus vraiment qui croire ; mon être ou ma chair ; alors j’écris… Bonté divine! Ce peut-il que je fusse ainsi transfiguré ?


L'épouvante nocturne

Sur le boulevard de capucines, j’eus de loin, la vision d’une ombre. La chose animée, semblait humaine. Elle m’était asexuée, entre deux états parallèles, et n’avait de vie, que le mouvement. Corpulente, robuste, comme une guenon tout de noir velue… L’étrange masse, roulait sur le trottoir. Elle avait des pieds, une tête, deux mains et, des cheveux. De sa face de charogne, vue dans le noir, il était impossible d’ignorer les lèvres. Tant cette bouche, avait je ne sais quoi de méduse !... Peut- être le venin, ou plutôt, la gélatine ?… Allez savoir. De toutes les manières, sa bouche crépitait, de je ne sais quelle mâchouille, que sa mâchoire exagérément, disloquée puis rafistolée, se complaisait à faire craquer… crut, crut !... shunt, shunt !...

Et ce qui lui servait de toilettes, n’était plus que du gras, de haillons, et du vert-de-gris… Elle avait des pieds. Des pieds, massues. Des guiboles valgus, qui lui servaient d’accroche-pieds, pour les passants indifférents… Comme je passais par là, juste au moment où, je me suis retrouvé, filant devant la bête ; la vénéneuse m’agrippa de ses crochets, elle m’avait arraché une chaussure… Elle s’était servie de ses pieds, pour m’accrocher les phalanges. J’étais glacé ! Subitement j’ai tangué, faillant me retrouver dans ses bras balaises. Et la belle vorace, me souriait déjà… Je n’eus pas la peine de m’abasourdir, que déjà je me ruai de l’autre côté du trottoir. J’eus si peur !... Que j’abandonnai mes deux chaussures. J’ai couru, jusqu’à ma chambre, haletant, avec le l’épouvante au ventre. Plus, jamais !... Je ne passerai boulevard des capucines.
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L'auteur : Pacôme Martin
38 ans, Marseille (France).
Publié le 17 juin 2008
Modifié le 27 avril 2008
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