| Paire se dresse devant Sa MajestéHier après-midi, Benoît Paire n'a pas mis longtemps pour se qualifier en demi-finale d'un Masters 1000 pour la première fois de sa carrière. Et c'est à Rome qu'il jouera contre Roger Federer, son idole, pour une place en finale.Rafael Nadal a le sens du patriotisme. Il aime son pays, il le dit très souvent, du moins assez pour que l'on soit au courant de cela et il a toujours fait preuve de solidarité envers ses partenaires espagnols du circuit professionnel. C'est pour cette raison que la superstar du tennis espagnol a tenu à avertir son compatriote Marcel Granollers, qui devait affronter Benoît Paire un peu plus tard dans la journée, que le français qui allait se tenir devant lui n'était pas le premier venu. Rafael Nadal en avait fait part à l'entraîneur de Granollers avec ces mots "Benoît Paire n'est peut-être que trente-sixième joueur mondial mais il a un jeu très pénible. Il est très compliqué à lire et son revers est redoutable, parmi les meilleurs du monde". Après le match et une claque rageuse 6-0 6-1 pour le français, Marcel Granollers remerciait son ami "merci à toi Rafa pour tes conseils. J'étais tout de même au courant de la très grande qualité de jeu de Benoît Paire. Je l'avais vu contre Juan Martin DelPotro au tour précédent. On va dire que le match d'aujourd'hui m'a permis de le voir de plus près et je vous confirme qu'il est redoutable. Je n'ai jamais eu l'espoir de trouver la faille dans son jeu. J'étais comme absent mais c'est parce qu'il a excellemment bien joué".
Une progression constante
On a l'impression que Benoît Paire est un vieux de la vieille du tennis. Mais il serait temps de ce rendre compte que cette impression est fausse. Il a commencé si tôt, son visage nous est si familier que dans nos têtes, il ne serait pas loin de la trentaine. Mais quand on prend le temps de l'observer et de regarder sa carte d'identité, on se prend une baffe en découvrant qu'il n'a encore connu que vingt-quatre printemps. Benoît Paire n'est pas un tennisman comme les autres. Il suffit de le côtoyer ou simplement de le voir jouer et on ne voit plus personne avec qui le comparer. Celui qui parle le mieux de lui est sans nul doute son entraîneur Lionel Zimbler "ça commence à faire un bail que je vis avec lui. C'est un garçon en or. Je ne dis pas cela parce qu'il vient de se qualifier pour une demi-finale de Masters de Rome parce que je ne parle de lui que comme un homme et non comme un joueur de tennis même si le sportif n'est pas mal non plus. En clair, on ne s'ennuie pas dans la vie et sur le terrain non plus parce que son caractère le poursuit jusqu'au court. Avec lui, rien est fait à l'avance. Des fois, c'est à notre avantage, d'autres fois, c'est l'adversaire qui se frotte les mains. Je suis persuadé qu'il est capable de battre n'importe qui de mieux classé que lui parce qu'il est imprévisible. Le revers de la médaille est qu'il peut s'incliner contre n'importe quel autre joueur moins bien classé que lui". Pour suivre sa personnalité, c'est ici, sur la terre battue de Rome que Benoît Paire a signé, même si elle n'est pas encore terminée, la plus grande performance de sa jeune carrière "je dois bien avouer que je ne vous aurais pas cru si on m'avait dit, il y a une semaine, qu'il jouerait une demi-finale contre Roger Federer. Je dis cela parce qu'il n'était pas dans une bonne periode. Il en avait marre du tennis. On savait que le match le plus compliqué serait le premier face à Juan Monaco. Il a passé le premier tour et fait le plus dur. Après, ce n'était pas facile non plus mais il y a eu ce declic qui a tout enclanché" souriait Lionel Zimbler
Quand on note ses classements en fin d'année, on se rend bien vite compte que sa progression est constante et qu'à ce rythme là, il risquerait de basculer numéro un mondial d'ici deux ou trois saisons. Lui préfère tempérer "quand tu arrives proche du Top 30 ou du Top 15, c'est légèrement plus difficile de monter les marches. Je sais où j'ai envie d'arriver et, avec mon entraîneur, on fait les bons choix depuis quelques années". D'abord, les deux compères, pour ne pas se précipiter et voir trop haut, ont l'habitude de se fixer des petits objectifs "je suis persuadé qu'il vaut mieux avoir plusieurs objectifs atteignables plutôt qu'un gros objectif qui n'est pas réaliste. Alors on avance petit à petit mais on avance". Le dernier exemple en date ne rammène qu'à la semaine dernière "avant le tournoi de Rome, il a fallu le remotiver. Son objectif en ce mois de mai était d'être tête de série à Roland-Garros. Il savait qu'en baclant le Masters de Rome, il n'atteindrait pas son objectif et serait déçu. Avec Benoît, il faut titiller l'orgueil. Sur le coup, il trouve ça un peu dur mais les résultats sont probants et il te remercie, ce qu'il a fait à Rome".
Il a revu son alimentation
Chez Benoît Paire, la principale crainte est de stagner, de ne pas avancer mais pour l'instant, ses craintes n'ont encore jamais été vérifiées "je sais que je serais malheureux si je me rendais compte que je n'avançais plus. Pour moi, l'expérience est très importante. Si tu ne progresses plus, c'est que tu n'as pas assez travaillé. Moi je travaille et j'engrange les connaissances sur mon jeu et celui des autres. Pour l'instant, les efforts et le temps passé à bosser portent leurs fruits" déclarait le récent vainqueur de Marcel Granollers.
Benoît Paire n'a que vingt-quatre ans et avant d'être un joueur de tennis professionnel, il est un jeune garçon qui tient à profiter de la vie. Une conception de la vie trop présente d'après Lionel Zimbler qui titillait trop son tennis "il est jeune donc il n'était pas le dernier à aller au McDonalds ou à la pizzeria avec ses amis. Ce ne serait pas tros grave pour un jeune de son âge mais quand ta passion est le tennis et que tu veux en faire ton métier, tu ne peux pas faire certaines choses. Benoît a mis du temps à percuter que sa vie en dehors du court avait des repercussions sur sa vie professionnelle. C'est aussi pour cela qu'il fait un excellent début de saison. Il prend soin de lui comme s'il avait acquis une certaine maturité. Maintenant, il passe plus de temps chez le kiné. Il fait attention à sa condition physique et aussi à ce qu'il mange. Il a fallu qu'il fasse un choix entre la nourriture et le sport. J'avoue que ce n'est pas facile mais il ne pouvait pas se permettre de perdre de la performance sur le court pour cette raison. Il y va quand même au Kebab avec ses copains mais il ne le fait plus pendant les tournois. Je trouve que le compromis n'est pas trop mal".
Demain soir, c'est le suisse Roger Federer qu'il faudra vaincre pour continuer la route. Il vaudrait mieux qu'il ne repense plus à leurs deux premières confrontations qui s'étaient conclues toutes les deux par une victoire cinglante du plus beau palmarès de tous les temps mais tout cela semble bien derrière lui "a Melbourne et à Bern, j'ai très mal appréhendé mes matches contre Federer parce que c'est l'un des plus grands joueurs de tennis de l'histoire. J'arrivais dans le court déjà battu. Je ne venais que pour voir et ramasser à la fin. Je n'étais que spectateur de mon match et j'attendais de voir ce qu'il ferait. Mais c'est parce que je n'avais pas encore l'habitude de tels matches. Maintenant, ça va mieux. J'ai plus confiance en moi et je sais que j'ai les qualités pour pouvoir rivaliser". Pour battre le suisse, il est impératif que Benoît Paire garde le plus souvent son service mais avec aucun break concédé en deux matches contre Del Potro en huitièmes de finale et Granollers en quarts, le français par serein de ce côté là. Mais il voit plus loin que le Masters 1000 de Rome. Son objectif est maintenant de tenir la route plus régulièrement dans les Tournois du Grand Chelem. Cela passe par des meilleurs tirages. Ces derniers qu'il pourrait obtenir en étant tête de série. Il le sera à Roland-Garros. La balle est dans son camp... | | |
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