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Nibali pose son empreinte

L'italien de la formation Astana voulait remporter une victoire de prestige pour parachever son Giro. Il l'a fait hier en écrasant le contre-la-montre tout en montée qui le menait vers Polsa mais surtout vers la victoire finale dimanche à Brescia.


Vincenzo Nibali était fier de passer la ligne d'arrivée de ce contre-la-montre tout en rose, du moins pour ceux qui parvenaient à distinguer une couleur. Il faut avouer que dans la pluie incessante qui déferlait sur le Trentin, on avait le plus grand mal du monde à dicerner les couleurs et encore moins un maillot rose, celui porté par le coureur qui est en train de dominer de la tête et des épaules l'édition 2013 du Tour d'Italie. Parce qu'il savait qu'il était sur le point de réaliser une performance exceptionnelle dans des condutions climatiques dantesques, comme depuis au moins une semaine sur la route du Giro, il leva le poing vers le ciel, un poing rageur qui visait sa destinée. Une destinée qui, sans un incident de course qui peut arriver à tout moment dans le sport cycliste et notamment lors des trois derniers jours de course, devrait auréoler Vincenzo Nibali d'une victoire du Giro, la première de sa carrière, la seconde sur un Grand Tour après un premier succès sur le Tour d'Espagne en 2010.
Mais une victoire, promise déjà depuis un bon moment au Sicilien, à Brescia ne lui suffisait pas. Après avoir fini à deux reprises second d'étape, sachant que l'une des deux fut cédée aimablement par Nibali à Mauro Santambroggio pour le remercier lui et son équipe Vini-Fantini des services rendus en montagne les étapes précédentes, le manager d'Astana, Alexandre Vinokourov, avait fait part de sa pensée envers les victoires d'étapes pour un vainqueur d'un Grand Tour "pour rester dans l'Histoire, il ne suffit pas de remporter le classement général car cela veut juste récompenser la régularité même si l'avance sur le deuxième est très importante. Pour rester longtemps dans les esprits, il faut écraser la concurrence et pour cela, il faut gagner au moins une étape. Vincenzo en a eu l'occasion mais il a préféré donner la victoire à des hommes qui nous ont soutenu. C'est un geste louable, certes, mais à ne pas rééditer". Il semblait alors que l'Italien avait bien compris le message "je veux poser mon empreinte et je dois faire une très grosse étape d'ici l'arrivée à Brescia dimanche".
Comme Vincenzo Nibali est un homme impulsif, qui aime expédier rapidement les affaires courantes et surtout ne pas reporter au lendemain ce qu'il peut réaliser le jour même, il a décidé de cocher le contre-la-montre d'hier après-midi, qui empruntait les rampes du Polsa. Peut-être ne l'aurait-il pas fait avant le premier contre-la-montre individuel de ce Tour d'Italie quand Vincenzo Nibali n'avait perdu que quelques secondes face à Bradley Wiggins. Mais lui qui se pensait inferieur dans cet exercice s'est découvert redoutable dès que la route s'élève et il l'a démontré hier après-midi. Avant cette étape, le Giro avait déjà perdu de son suspense mais avec un peu plus de deux minutes d'avance sur son dauphin, l'australien Cadel Evans, il en restait un peu sachant l'âpreté des jours qui allaient suivre entre un chrono et deux étapes casse-pattes dans les Dolomites où, comme chacun sait, tout peut se produire même le plus improbable.


Evans frôle l'humiliation

Seulement, Nibali n'aimait pas qu'il reste ce suspense bien que léger qui le punirait après la moindre erreur de sa part alors il s'est dit qu'écraser le contre-la-montre de Polsa pouvait lui permettre d'enfoncer le clou. Sur les vingts kilomètres sans un hectomètre de plat qui menait les coureurs de Mori à Polsa, c'est Nibali qui prit le meilleur temps et bien que longtemps crédité du meilleur temps provisoire, Samuel Sanchez, second hier, était finalement vaincu pour cinquante-deux secondes "il était trop fort. J'ai l'impression de faire une très bonne montée et cela se voit car j'ai fini deuxième devant pas mal de gros noms. Il y avait juste un homme largement au-dessus du lot. C'est Vincenzo Nibali, il a été extraordinaire" se résignait l'Espagnol. Mais au classement général, Samuel Sanchez n'était pas le plus grand danger pour Nibali. C'est la performance de Cadel Evans qui était surveillé. Le Polsa a été redoutable pour le vainqueur du Tour de France 2011, tassé sur sa machine comme si il ne savait pas comment lutter face à la pluie incessante qui s'abattait sur sa caboche grimaçante, qui dut se résoudre à céder près de deux minutes quarante sur le Sicilien "je savais que ça allait être un chrono très compliqué pour moi car les journées précédentes, je n'allais pas au mieux. Je me contentais de suivre mais sur un contre-la-montre, ça ne pardonne pas. Je suis déçu mais en même temps, je mentirais si je vous disais que je m'attendais à faire mieux. Je suis toujours deuxième au classement général et je ferais tout pour la conserver même si le combat va être très rude". Et encore, l'Australien a évité le pire car, parti seulement trois minutes après Cadel Evans, Vincenzo Nibali pouvait distinguer ses roues dans les ultimes lacets de la montée de la Polsa et avec quelques kilomètres supplémentaires, Cadel Evans aurait dù essuyer l'humiliation de voir un maillot rose le déposer sur place.
Vincenzo Nibali regardait plutôt vers les chronomètres de Rigoberto Uran et Michele Scarponi "je me souciais plus des performances de Uran et de Scarponi. Evans se cache, il n'a pas l'habitude d'attaquer et je ne pense pas qu'il aurait pu me lâcher dans la montagne. Par contre, je connais Scarponi et Uran, ils attaquent et on ne peut jamais être totalement sûr de soi face à des adversaires qui attaquent" estimait le maillot Rose. Mais qu'il ne s'inquiète surtout pas car le Colombien ne s'est classé que sixième du chrono à 1'26 de Nibali et le leader de la Lampre ne faisait que cinq secondes de mieux que Uran. Desormais, il compte plus de quatre minutes d'avance sur Cadel Evans, ce qui devrait être largement suffisant pour conserver sa tunique rose jusqu'au bout. Demain, ce sont les Dolomites qui montreront le bout de leur nez avec une succession de cols célèbres, les deux principaux étant le Gavia et le Stelvio. Vincenzo Nibali, qui aspire à redonner le sourire à un cyclisme italien sans cesse gangrainé par le dopage, compte sur cette étape "je connais l'histoire de ces cols. Le Stelvio est une légende. C'est un col de tout le monde craint. Tous les cols que nous emprunterons demain sont très importants en Italie. C'est une étape fabuleuse que je rêverai de gagner. Je pense que le cyclisme italien en a besoin". Malheureusement, les violentes chutes de neige qui s'abattent sur les Dolomites depuis plusieurs jours devront contraindre les organisateurs à amputer quelques passages du Stelvio ou à modifier complètement le parcours en faisant un crochet en Suisse. Mais bon, même en Suisse, le roi se nommera Vincenzo Nibali...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 09 juin 2013
Modifié le 06 juin 2013
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