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Manaudou voit triple

Comme si ses deux premiers titres européens glanés il y a quelques jours n'avaient pas suffis à le rassasier, Florent Manaudou est également parvenu à remporter le 100m nage libre avec un temps canon à la clef (47" 98). Et pas sûr que l'histoire se termine ainsi.


On dit bien souvent que l'appêtit vient en mangeant. On utilise cette maxime un peu trop souvent et parfois à tort d'ailleurs mais il n'est possible de trouver meilleur expression capable de donner une idée de l'état d'esprit dans lequel se trouve Florent Manaudou en ce moment. C'est ce que l'on peut appeler un glouton et pas seulement pour son goût prononcé pour la restauration rapide. Une chose est certaine, c'est que le petit a faim. Car il est très important de rappeler que le grand bonhomme (1,99m pour 99kg tout de même) qui brille littéralement dans le bassin éphémère de Berlin n'a que vingt-trois printemps à son actif et que sa carrière n'en est qu'à ses débuts. Pourtant, il a presque déjà tout gagner. A le voir s'asseoir sur la ligne jaune levé les bras furieusement en criant avec autant de générosité que de rage, on se rappelait son premier éclat sur le plan international, cette si belle démonstration donnée sur le 50m nage libre dans le bassin olympique de Londres. Preuve que le 100m n'est pas une course comme une autre. "C'est la plus belle de toutes les courses mais aussi la plus prestigieuse. C'est exactement comme le 100m en athlétisme. Tout le monde l'attend parce qu'on sait que c'est la course à voir absolument" s'extasiait Alain Bernard lui même double champion continental en 2008 et 2010 et Champion olympique à Pékin il y a six ans déjà.

Cette nouvelle médaille sur 100m nage libre, la vingt-sixième de l'histoire en grande compétition, poursuit la très belle romance qui lie la natation française et le sprint. Mais cela n'était pas gagné comme le soulignait Romain Barnier, l'entraîneur de Florent Manaudou "Cette course n'est pas naturelle pour Florent. Lui aime surtout la vitesse, la sensation de glisse. C'est pourquoi il était plutôt tenté par le 50m". Mais les Manaudou sont plutôt du genre curieux. D'ailleurs, Laure ne pratiquait-t-elle pas le 4 nages ? Dans la droite lignée de sa championne de grande soeur, il allait forcément s'intéresser à la course reine avec la ferme intention d'être le meilleur. " Au début, j'y suis allé à tâtons sans trop savoir à quoi m'attendre. Savoir si j'étais capable de supporter un sprint aussi long, si j'étais en mesure de tenir et d'aller vite sur 100m" précisait le triple champion européen. Il commence à s'entraîner pour le 100m dans la foulée de son titre de champion olympique en 2012. On ne mit pas beaucoup de temps à savoir qu'il était tout à fait apte d'aller trimballer son imposante carcasse sur deux longueurs. Il entrait en 2013 dans l'équipe du relais en 4x100m avec laquelle il allait remporter le titre mondial l'année passée à Barcelone "Je me posais pas mal de questions. J'avais un peu peur de m'éparpiller et de perdre plus que de gagner à essayer de faire du 100. Et cette victoire en relais m'a clairement permis de m'assurer que j'avais eu raison de me mettre au 100m. C'est une course exigeante qui use beaucoup l'organisme mais le jeu en vaut la chandelle".


Le doublé avec fabien gilot

Il suffisait de le voir à la sortie du bassin ou même un peu plus tard en zone mixte pour voir qu'il avait tout donné pour remporter son pari, celui de gagner un 100m dans une grande compétition internationale. Mais il n'est pas d'alternative pour le 100m. Il ne faut pas ménager ses efforts, il faut juste nager toujours plus vite, glisser toujours plus fort en espérant toucher avant les autres bestiaux. Comme l'excellent nageur de 50m qu'il est, il a pris un départ canon (meilleur temps de réaction de la finale). Une avance qu'il creusait au terme d'une coulée longue et maîtrisée qui le faisait surgir des eaux avec un bon demi-mètre d'avance sur son dauphin. La question était encore de savoir s'il saurait conserver cette marge mais il restera dans un excellent rythme jusqu'à dix mètres du mur. "Je suis bien pendant quatre-vingt-dix mètres et je me crispe un peu sur la fin parce que je me sais devant mais je vois que ça revient" reconnaissait Florent Manaudou.

Mais autant que le résultat en lui-même, son temps répondait également à ses attentes en passant sous la barre presque mythique des 48 secondes. Avec un chrono affichant 47" 98 à côté de son patronyme, il devenait le second nageur français à passer sous les 48 en maillot de bain (le premier est Yannick Agnel qui avait signé 47" 84 prenant la quatrième de la finale du 100m à Londres). Il abaissait son record personnel de près d'une demi-seconde, nouvelle preuve s'il en fallait que le petit dernier sait sortir des muscles quand il le faut. Malgré cela, cela ne le comblait pas totalement. "Je m'étais fixé comme objectif de gagner et de faire moins de 48 secondes si possible pour en quelque sorte passer une barre psychologique. Alors je suis satisfait mais il y a encore beaucoup de boulot à faire pour aller encore plus vite parce que dominer le 100m en Europe ne me suffit pas. Je veux faire le poids avec les Américains et les Australiens qui font des temps nettement en-dessous mais j'ai confiance en moi et je ferai tout pour être dans le coup pour les Mondiaux l'année prochaine". S'il y en a un qui le voit nager plus vite, c'est Alain Bernard qui pense qu'il est capable de gagner quelques dixièmes s'il améliore sa technique " Il a un départ canon et des coulées franchement efficaces mais sa technique de nage me dérange. Je pense que nager avec bras tendu sur un 100m lui fait perdre du temps. On voit que c'est d'abord un nageur de 50. Il a un potentiel incroyable et je fais confiance à Romain pour le faire bosser dans ce domaine et je pense qu'il peut s'approcher des 47" 60 voire 47" 50".

Pour parfaire son bonheur, il voyait que son copain d'entraînement au cercle des nageurs de Marseille, Fabien Gilot, prendrait place à ses côtés sur la seconde marche du podium. Pour l'instant, Florent Manaudou est le très grand homme de ces Championnats d'Europe et il ne compte en rien s'arrêter en si bon chemin. Il concourt dès ce matin pour les séries du 50m et il devrait également figurer lors du relais 4x100m 4 nages avec la claire envie de continuer son histoire dorée...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 01 septembre 2014
Modifié le 25 août 2014
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