| Loane l'orfèvreCela vient d'un livre de conte, mais bien sûr je l'ai réécrit... Comme c'est une histoire que je dis sur scène, j'ai laissé quelques indications, mais cela ne gène pas la lecture au contraire, c'est intéressant, enfin je crois, enfin bref, bonne lecture !Loane est orfèvre, le meilleur orfèvre de toute la région.
Cela fait deux ans seulement qu'il s'est installé, avec sa femme, et qu'il a ouvert son échoppe, mais Loane, est très doué.
Ses doigts sont agiles, et sûrs, la pression des outils mesurée, le suivi des tracés bien assurés, quand il dessine sur l'or pur, on croirait qu'un ange guide sa main.
Ainsi, le jour où Loane reçoit une convocation du roi, en personne, il est en effervescence !
Le roi, le roi lui-même ! Sans doute veut il lui passer commande, et lorsque cela se saura, tout le monde voudra un bijou fait des mains de Loane, quelle publicité !
Bref, Loane se fait un cou de chameau à l'approche de l'abreuvoir, lorsqu'il avance le cœur léger, vers le palais.
_ "Bonjour à toi, ho mon roi, je suis Loane et je suis ton serviteur.
_Alors c'est ça, Loane. Le grand, le merveilleux Loane, le meilleur orfèvre, celui qui peut créer n'importe quelle pièce en moins de deux semaines, celui que même quand il pète ça sent bon ?
_heu... Pour vous servir, mon roi.
Loane sent tout à coup sa joie de vivre prendre l'ascenseur direction sous-sol.
_Et bien puisque tu es si doué, tu me feras, pour dans deux semaines, un Méhi_Méha.
_Un Méhi_Méha, Majesté ? J'ignore ce que c'est... Plairait il à Sa Majesté de me l'expliquer ?
_... Non, on dit de toi que tu es le meilleur, soit.
J'attends mon Méhi_Méha dans deux semaines, et si je ne l'ai pas, tes biens seront vendus et tu seras chassé de la ville, avec ta femme.
En revanche tu seras couvert d'or si tu parviens à ta tâche. Tu peux disposer."
Loane rentre chez lui dans un état d'abattement considérable.
_Un Méhi_Méha, mais qu'est ce que c'est que ce truc ? J'ai jamais entendu parlé de ça, moi. Ca se trouve, ça existe même pas... Doivent-ils donc tellement s'ennuyer, les rois, pour inventer des bêtises pareilles ? !"
Et comme Loane est sûr qu'il n'y parviendra pas, il préfère quitter la vielle, fuir, se cacher, recommencer ailleurs. Il explique son plan à sa femme, et part, avec comme seul et unique bagage, ce qu'il porte sur lui... Plus quelques provisions.
Au bout de quelques jours de marche, Loane s'approche d'un vagabond, assis seul sur un banc.
Devant lui se trouve une pancarte que Loane déchiffre :
"Une petite pièce, s'il vous plait, c'est pour manger"
Mais enfin monsieur, mais, il ne faut pas manger des pièces !
Loane s'asseoit près de l'homme.
_Savez ce que c'est, vous, un Méhi_Méha ?
_Un Méhi_Méha ? Bah bien sûr, évidement que je sais ce que c'est, l'autre, tu m'as pris pour un bleu ? J'ai fait les croisades, moi, mon petit bonhomme, et on en a usé, des barils de Méhi_Méha, des gros des petits des en or des pas en or, du méhi_méha par ci, du méhi_méha par là, et faites péter le méhi_méha !
_Par barils ? Durant les croisades ? N'importe quoi, il lui manque un sandwich dans le panier à pique_nique.
Au détour d'un chemin, Loane tombe sur une bande de gamins qui jouent à la marelle, il tente sa chance, on dit que la vérité sort de la bouche des enfants.
_Hé Ho ! Les enfants ? Vous savez ce que c'est qu'un Méhi_Méha ?
Ors dans les groupes d'enfants, y'a a toujours un qui se croit plus malin que les autres.
_Ouais ! Moi, je sais ce que c'est, ma mère, elle en a un caché sous son oreiller parce que ça coûte très cher !
_Même qu'elle sait pas que je les vu le cacher mais moi je l'ai vu elle m'a pas vu tu me crois ?"
Moyennement convaincu, Loane reprend sa route, épuisé et déprimé.
_Pfff, je trouverais jamais, ce que c'est, que ce méhi_méha de malheur, mes biens vont être vendus, ma femme va me quitter j'ai même plus d'eau dans ma gourde... Et mes lacets sont défaiiiiiiits.
De l'eau, il en restait en fait une toute petite goutte.
Et de cette petite goutte qui tombe sur le sol poussiéreux, apparaît une toute petite créature, au sourire frémissant.
_Haaaaaa quel bonheur de sortir enfin, hummm il fait beau, il fait chaud, allez, fils d'Eve, je t'exauce un vœu !
_Heuuuu, à boire, s'il vous plait, de l'eau fraîche.
_De l'eau fraîche ? Ha ben on ne me l'avait jamais faite celle, là, d'habitude les homme sont si gourmands, lorsqu'on leur offre un vœu, tu es raisonnable, Loane, voilà pour toi.
Et dans la main de Loane apparaît une baguette.
Une petite baguette de bois, genre Harry Potter, un cliché, quoi.
_Avec ceci tu n'auras plus jamais soif, au revoir !"
(Cherche comment l'on se sert de la baguette, et boit)
Cette nuit là, alors que Loane rêvasse en caressant distraitement sa baguette, (mon précieux) il a une seconde apparition.
_Loane, ta femme te croit mort. Déjà deux ans que tu es parti, elle a déjà choisi un second mari et s'apprête à l'épouser, rentre au plus vite chez toi !
_Mais... Comment ?
_La baguette, Loane, la baguette !
(Loane enfourche la baguette)
En un quart de secondes qu'il n'en faut pour dire ouf Loane est chez lui, plus précisément sous son lit, sa baguette encore dans les mains, d'où il peut apercevoir sa femme, chemise de nuit remontée, assise sur le pot de chambre.
Au –dessus, l'attendant dans le lit, l'autre, ce concurrant, ce malandrin, ce Hercule de solderie, cet intermittent de l'intelligence, bref ce gros con, avec qui elle veut... Ha mais qu'elle y reste collée, à son pot de chambre !
(Se relever)
Et effectivement... La femme, en se relevant, emporte le vase, qui adhère si parfaitement à son séant qu'elle se pense ventousée, elle tire plus fort, ça résiste.
L'amant, sort du lit, nu comme un ver, se place derrière elle, agrippe les bords ronds, et tire... Il reste collé lui aussi.
En se cognant partout, il se mette à hurler, hurler tant qu'ils alertent une ronde de gendarmes qui battaient le pavé nocturne. Ils sont quatre, dont un brigadier, ils enfoncent la porte.
Le premier empoigne le mari et ne peut s'en défaire le deuxième pas plus fin, y met la main, et tend l'autre au troisième qui lui aussi reste soudé.
Les cris, le geste affolé, les sifflets désordonnés, attirent tous les voisins de l'immeuble, qui, en bonnet, qui en chemise qui en robe de nuit, tous se pressent à la porte, haussant le nez.
Le brigadier les bras écartés essayent d'endiguer le flot des curieux, qui le pousse irrémédiablement vers le tas, et toute cette masse reste soudée, par diverses parties du corps.
Serrés, les agglutinés crient, s'égosillent, c'est alors que Loane sent qu'il tient l'idée !
Jubilant, il pousse la compagnie vers la grand rue, au palais, mes mignons !
Et tout le monde descend la grand rue, la femme, le pot collé aux fesses, l'amant, nu, a demi plié, les quatre gendarmes furieux, les voisins en troupeau, ils s'emmêlent les pieds, se marchent dessus :
_Pas trop vite, devant !
Au passage, des curieux sortent sur le pas de leur porte, une lanterne à la main, une fois collés, ils agrémentent le tout de jolies lumières dansantes, des deux cotés.
Deux chiens, déjà collés d'avance, se retrouvent agglomérés au détour d'une ruelle, avace la mégère qui leur jetait justement un seau d'eau. Collée par l'eau, la moustachue suit le groupe, bon gré mal gré.
En traversant le parc qui mène au palais, le dernier de la file, un petit insomniaque tout sec, marche dans une crotte, qui lui reste collée au talon, avec sa mouche, une grenouille un peu plus loin veut happer la mouche, dans un bond décisif, elle reste prise, bientôt rejointe par la gueule d'une couleuvre affamée, c'était magnifique !
Le tas de gens arrive dans la cour du palais, ors, il est deux heures de matin, et voici de roi, réveillé par cette désorganisation du système référentiel, qui sort sur son balcon, en bonnet de nuit. D'abord, il regarde cet attroupement d'un œil sinistre, puis.
Loane fait alors un pas de côté :
_Voici, votre majesté, votre Méhi_Méha, certes avec un peu de retard, mais il fallait bien ça pour subsister à la grandeur de votre infinie miséricorde.
_Et bien tu vois, quand tu veux, allez qu'on le couvre d'or, et qu"on me laisse dormir.
Un peu plus tard la baguette voulu bien libérer la populasse, avant de se volatiliser dans un rire cristallin, et l'on rentra chez soi.
Chacun des époux pardonna a l'autre ce qu'il avait à pardonner, oublia le reste et ils vécurent de ce jour dans une sereine aisance. | | |
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