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Les figures de style (I)

Les figures de style ? Difficile de les reconnaître ! Dans cette première partie, découvrez facilement quelques figures de mots !


Voici quelques figures de mots, qui sont des figures de style... Enpèrant que cela vous aidera...


Les figures de mots

Les figures dites « de mots » sont celles qui utilisent le matériel sonore et visuel que représentent les mots, autrement dit celles qui jouent sur le signifiant – le mot comme contenant.

Ces figures ont pour effet d’attirer l’œil à l’oreille sur un mot, une phrase ... Elles provoquent une attention particulière, qui conduit à une certaine expérience esthétique et incite à déduire un sens singulier. Souvent, elles favorisent également le souvenir : on verra notamment des exemples de slogans, publicitaires ou politiques, fondés sur l’emploi d’une figure de mots qui facilite grandement la mémorisation de la formule.


Sonorités

Allitération :

L’allitération est fondée sur la répétition de consonnes produisant des sons identiques ou proches. On distingue cinq « familles de consonnes » selon l’endroit où le son est produit :

Les labiales : b, p, f, m, v ;
Les dentales : d, t, l ;
Les palatales : ch, j, gn ;
Les vélaires : k, g, w ;
Et les uvulaires : r

Bien sûr, une allitération basée sur un type de consonances n’aura pas le même impact q’une autre suite de sons proches.
Lorsque tous les mots d’une phrase ou d’un vers commencent par la même consonne, on parle de vers ou de phrase tautogramme. C’est un cas particulier de l’allitération.

Exemple :

« Il promène sur le globe oculaire la curiosité de ses pattes qui semblent trifurquées quoiqu’elles ne le soient pas. »
[...] « Dans ce profond silence seul compatible avec son délicieux bruissement, vit la santé. »
[...] « Innocent et bientôt oublieux... jusqu’à la prochaine fois »
Henri MICHAUX, « Animaux fantastiques », in Lointain intérieur

Dans ce poème, Michaux exprime la douleur et l’impuissance que provoque la maladie, et décrit ses délires terrifiants. La première phrase s’inscrit au cœur des terribles tortures qu’elle inflige au malade, symbolisées par l’émergence et l’attaque d’animaux aussi fantastiques que monstrueux. Les sonorités tout en nasales et gutturales (Note de Flo : gutturale = Qui vient du gosier, qui se prononce du gosier ; gosier = La partie intérieure de la gorge qui fait communiquer le pharynx avec l’œsophage ), sont très dures.
Elles soulignent la violence de l’état que Michaux décrit. La deuxième phrase exprime, juste avant la fin du poème, l’intense soulagement de la guérison. Cette douceur, en contrepoint avec les atroces souffrances qu’il vient de décrire, est vivement renforcée par la double allitération de sifflantes et de labiales, devenant ici symboles sonores de vie et de sérénité. La troisième phrase, la dernière du poème, continue dans un premier temps ce dernier agencement sonore. Les points de suspension induisent une rupture dans l’allitération qui devient à nouveau gutturale et nasale, sonorités laissant présager une suite plutôt sombre.

Assonance :

L’assonance est formée par la répétition de sons vocaliques. Les voyelles diphtongues (au, ou, ai ...) ou syllabes vocaliques
(on, an, un ...), parce qu’elles sont répétées, forment un effet sonore particulier.

Exemple :

« Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur monotone »
Paul VERLAINE, « Chanson d’automne », in Poèmes Saturniens

Dans ces premiers vers de la « Chanson d’automne », la répétition de sons vocaliques identiques (« o », « au », et, très proches phonétiquement, « an », « on ») reproduit cette « langueur monotone », symptôme d’une nostalgie que décrit VERLAINE. Cette assonance souligne, de façon sonore, la mélancolie qui se dégage du poème.





Écho sonore :

L’écho sonore est une répétition de sons qui relie musicalement deux groupes de mots, deux vers, deux hémistiches, deux membres de phrase...

Exemple :

« Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs, les cœurs ensorcelés »
Charles BAUDELAIRE, « Ciel brouillé », in Les Fleurs du Mal

Dans ces vers, Baudelaire conçoit un double écho entre les mots : « font » et « fondre », et « pleurs » et « cœurs » reproduisant de façon sonore ce qu’il exprime (les pleurs). Cet écho produit un second effet : il induit une pause dans la diction après « les cœurs », faisant ressort, musicalement aussi, l’adjectif « ensorcelés ».
Harmonie imitative :

L’harmonie imitative consiste à utiliser des mots qui, par leur son, tendent à reproduire un bruit. Elle peut faire appel à des procédés tels l’allitération, l’onomatopée (un mot créé et utilisé uniquement pour sa sonorité, qui cherche à reproduire un bruit) ou la cacophonie (un assemblage disharmonieux de mots qui provoque un effet désagréable à l’oreille).

Exemple :

« Un feu de ferme flambe au fond de ce désert
Aux herbes des fossés s’accroupit le silence
Un aéro dit son rosaire et te balance
Une fusée au-dessus d’Ablain Saint-Nazaire »
Louis ARAGON, « La nuit de mai », in Les Yeux d’Elsa



En multipliant l’utilisation de sonorités sifflantes (voir allitération), Aragon reproduit le son de la scène qu’il décrit, un paysage de guerre envahi par le bruit des armes à feu. Dans cette harmonie imitative, les sonorités renforcent ce qui est dit et le rendent plus sensible.

Hiatus :

On parle de hiatus lorsque la voyelle qui termine un mot rencontre la voyelle qui commence le suivant, créant un heurt dans la prononciation.

Exemple :

« J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux océans poussifs ! »
Arthur RIMBAUD, « Le bateau ivre », in Poésies

Dans ce passage du « Bateau ivre », Rimbaud marque délibérément la diction, qui se heurte à la prononciation de deux « i » successifs. En marquant ainsi la prononciation d’une hachure dans les sonorités, il induit une dureté et une violence qui ne font que renforcer la description de ce tumulte.

Homéotéleute :

L’homéotéleute est une forme de rime à l’intérieur d’une même phrase. Au sein de cette phrase, des mots ayant la même terminaison sonore se succèdent et se relient ainsi phonétiquement entre eux.


L’homéotéleute, en ce qu’elle rapproche des termes de manière sensible, peut s’avérer fort utile dans la création de slogans. Elle leur donne en outre une certaine puissance en les rendant très facilement mémorisables par la force de la rime.
Qui a oublié par exemple le slogan publicitaire :
« Du pain, du vin, du boursin »

Cette figure peut également, dans un cadre purement littéraire, conférer une force d’évocation supplémentaire à un texte, comme dans ce passage :

« C’est les ricochets du massacre !... Les tôles tambourinent !... Les suppliants pâment et s’écroulent ! La cohue chavire !... Le convoi s’affaisse... le parapet crève ! La ribambelle des camions chahute... bahute... culbute aux flots !... »
Louis- Ferdinand CÉLINE, in Guignol’s Band

Répondant par l’effet implicite des sonorités aux “ricochets du massacre”, la rime en “ute” imite pour ainsi dire l’affolement de cette scène de guerre.

Paronomase :

La paronomase rapproche des paronymes, c’est-à-dire des mots qui se ressemblent beaucoup sur le plan des sonorités mais qui n’ont pas la même signification. Cette proximité sonore sert à renforcer l’association significative entre ces deux mots.

Exemple :

« Veni, vedi, vici » (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »)

Dans cette phrase célèbre, César utilise la paronomase pour donner un caractère d’évidence à sa victoire. Cet effet est redoublé par la présence d’une autre figure de style, l’asyndète, qui, en rendant de nul effet tout lien de causalité ou de temporalité dans la phrase, confère à l’évidence une qualité quasi divine.


Jeux de mots

Anagramme :

Faire une anagramme consiste à composer un mot à partir des lettres d’un autre. Le rapprochement visuel ainsi créé entre deux signifiants tend à rapprocher les deux signifiés.

Exemple :

«Marie, qui voudrait vostre beau nom tourner,
Il trouveroit Aimer : aimez-moi donq Marie,
Faites cela vers moi dont vostre nom vous prie,
Vostre amour ne se peut en meilleur lieu donner »
Pierre de Ronsard, « Sonnet à Marie », in Les Amours


Dans ce sonnet, Ronsard fonde sa déclaration d’amour sur l’anagramme entre Marie et aimer. Grâce à ce procédé, sa demande d’amour n’est plus la sienne, mais celle de l’évidence qu’imposent les mots : « cela dont vostre amour vous pris »

Contrepèterie :

La contrepèterie est un jeu de mots qui consiste à intervertir des lettres ou des syllabes de deux mots pour créer un sens tout à fait différent du premier.


Exemple :

« A peur de flots »
Robert DESNOS, in Prospectus

En préambule à son recueil, Prospectus, Robert DESNOS inscrit ces mots. Il s’agit d’une contrepèterie fondée sur l’expression : « A fleur de peau » : Desnos a permuté la première consonne des deux mots principaux. S’inscrivant dans le mouvement surréaliste, ce type de jeu sur le langage interroge l’arbitraire de la langue, le détourne voire cherche à le détruire. Il introduit aussi une manière autre, poétique, de voir les choses en les renversant.

Isolexisme :

On parle d’isolexisme lorsque l’on utilise dans une phrase plusieurs mots ayant le même radical. On parle aussi de dérivation ou de polyptote.

Exemple :

« Dans les coulisses du progrès
Des hommes intègres poursuivaient intégralement la
Désintégration progressive de la matière vivante
Désemparée. »
Jacques PREVERT, « Tout s’en allait », in La Pluie et le Beau Temps

Cette phrase, qui clôt le poème, utilise le procédé de l’isolexisme qui relie les termes « intégralement » et « désintégration » à l’adjectif « intègres ». Ces trois termes ont, en effet, le même radical. Après avoir dépeint la débâcle d’un monde en ruine et d’une humanité en perdition, autant d’effets de la guerre, il dénonce ces hommes qui, sous couvert d’intégrité, n’ont aucune limite (« intégralement ») à la destruction si ce n’est le chaos (« désintégration »). Par l’intermédiaire de cette figure, Prévert démasque, grâce à la métamorphose d’une même racine, ceux qu’il condamne.


Lipogramme :

Le lipogramme est une contrainte que l’auteur décide pour son texte : une certaine lettre, déterminée à l’avance, ne doit pas y figurer.

Dans son roman La Disparition, Georges Perec a décidé que le « e », voyelle la plus utilisée de la langue française, n’apparaîtrait à aucun moment. Il a étendu ce procédé aux mots et proposé de parler de « liponomie » lorsque l’on choisit d’écrire un texte en évitant d’employer certains mots. Sur ce modèle, Les Contes sans qui ni que (de Henry de Chenevières) ne comprennent, conformément au défi lancé par le titre, aucun « qui » ou « que ».
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Re: Les figures de style (I)
Posté par *iza* le 04/12/2006 20:31:04
Merci à ce membre inexistant qui m'aide pour mon exam de français de vendredi :)
Re: Les figures de style (I)
Posté par ptit sucre le 04/12/2006 14:43:40
J'ai l'impression d'etre en cours ^^
Article bien cependant .. Mais ... "Ce membre n'existe pas"
Re: les figures de style (i)
Posté par zeromantik le 04/12/2006 07:14:23
Merci pour cet article (f)

Edit: "Ce membre n'existe pas" -__-'

Modifié le 04/12/2006 07:15:12
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Publié le 04 décembre 2006
Modifié le 29 octobre 2006
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