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Les combattants de l'ombre

Pendant que Nico Rosberg et Lewis Hamilton se disputent ardemment les poles positions et les victoires, d'autres pilotes dont les noms sonnent moins à l'oreille luttent également pour montrer de quoi ils sont capables.


Ils seront là comme à chaque Grand Prix d'ailleurs. Ils seront présents dans les tous derniers rangs de la grille. Ce sont ceux qui voient les feux de départ du plus loin. Vous les verrez sûrement lors du départ mais beaucoup moins quand le premier virage aura été dépassé. Peut-être que les différentes télévisions leur prêteront une certaine attention de quelques secondes en cas de collisions ou de sorties de piste. Ils ont même des noms. Des noms que les non initiés de la Formule 1 ne connaîtront assurément pas. Ils s'appellent Bianchi, Gutierrez, Kobayashi ou Sutil. Ils pilotent des voitures de petites écuries (Sauber, Caterham ou Marussia), forcément moins prestigieuses que Ferrari ou Mercedes. On pourrait penser que le talent leur échappe pour flirter d'aussi près avec les dernières positions en course mais ce n'est clairement pas le cas et il faut bien leur donner la parole pour mieux connaître ce qu'est réellement la vie d'un pilote de Formule 1.

"C'est tellement dur parce que nous sommes avant tout des compétiteurs. Pour piloter une Formule 1, il faut impérativement l'être. Alors assumer le fait de ne pas pouvoir aller aussi vite qu'on le souhaiterait, c'est très compliqué" expliquait Adrian Sutil. Le pilote allemand n'est pourtant pas un débutant. Il a d'ailleurs battu à Spa un record bien peu reluisant. Ce record est celui du plus grand nombre de Grands Prix disputés sans aucun podium. Mais en 121 départs, Adrian Sutil n'est jamais monté sur une des trois premières places. Son meilleur résultat remonte à 2008 lorsqu'il avait terminé quatrième du Grand Prix d'Italie lors de sa deuxième saison. Adrian Sutil est l'exemple même du pilote bourré de talent et promis à un grand avenir qui a perdu le fil d'une carrière qui semblait pourtant si bien partie "On pense toujours que ça ira toujours mieux demain. Quand on est jeune, on arrive bien plus simplement -même si ça reste très difficile- à accepter de ne pas se mêler à la bagarre parce qu'on est sûr que la roue tournera à un moment ou un autre. Quand je fais quatrième en Italie pour ma deuxième saison, je m'imagine déjà champion du monde. Mais ça devient bien plus compliqué quand les années passent. Une carrière de Formule 1 se joue à peu de chose. La chance en fait partie".


Gutierrez l'impatient

Si Adrian Sutil figure comme un pilote expérimenté, ce n'est pas le cas de son coéquipier chez Sauber Esteban Gutierrez dont la jeunesse devient encore plus flagrante lorsque le casque n'est pas sur la tête. Le visage est jeune mais le regard n'en est pas moins determiné. Le Méxicain est comme ça. Il a la victoire dans le sang. Forcément, la frustration se ressent dans chacune de ses paroles "je suis un bagarreur. Si je fais de la F1, c'est pour gagner et montrer que je suis le meilleur. C'est cette adrénaline qui donne la motivation nécessaire" s'exclamait-il. Mais il n'est pas simple de satisfaire ses besoins de victoires et de reconnaissance quand on dispute les dernières places "un pilote de Formule 1 est habitué à gagner dans les catégories de jeunes ou dans des disciplines moins prestigieuses. Son quotidien, c'est de jouer la première place et de monter sur les podiums tous les dimanches. On pense très rapidement être complètement intouchable alors la chute est rude. Du jour au lendemain, quand on touche son rêve, on se prend une grosse claque parce que la voiture n'est pas compétitive. Le plus dur est de devoir laisser passer les pilotes qui ont un tour de plus que vous. On se dite vraiment qu'on ne fait pas la même course que les autres".


Vettel comme exemple

Dans ce cas là, il n'y a pas grand chose à faire à part attendre et travailler tous plus pour espérer sortir son épingle du jeu et attirer une écurie aux moyens plus importants "le risque est de se démotiver ce qui va forcément avoir des conséquences sur le travail et sur l'implication du pilote. Il n'y a pas d'autres choix que de l'accepter et de faire avec. Il faut se donner des objectifs ambitieux mais réalisables" confirmait Jules Bianchi. Cela veut dire viser une qualification en Q2 (deuxième phase de qualifications) ou de finir devant d'autres pilotes d'écuries de même niveau afin de prouver ses qualités. N'oublions pas que Sebastian Vettel avait commencé sa carrière dans le baquet d'une simple BMW puis d'une Toro Rosso avec qui il avait réalisé des résultats probants qui lui avaient permis de rejoindre le Team Red Bull par la suite avec les quatre titres mondiaux qui en ont découlés "le parcours d'un pilote comme Vettel doit servir d'exemple. Il faut faire ses preuves" estimait Bianchi. Ce dernier a eu l'occasion de se faire connaître dès son deuxième Grand Prix en Malaisie où il avait terminé à une très belle treizième place mais son principal fait d'oeuvre restant cette neuvième place à Monaco cette saison qui avait permi à l'écurie Marussia d'inscrire les tous premiers points de son histoire. Un dimanche du mois de mai bien plus beau que les autres. Bianchi poursuivait "c'est peut-être la toute première fois que j'étais vraiment content de moi après une course. Normalement, j'ai un coup de cafard parce que j'ai l'impression de tout donner pour finir à une pauvre dix-huitième place". La frustration fait parti intégrante de ce petit monde qui cotoie les dernières lignes de la grille de départ. Et comme dit si bien Fernando Alonso "l'important, c'est de rouler"...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 21 septembre 2014
Modifié le 14 septembre 2014
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