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Les affaires se compliquent

Battus 2-0 à Kiev par une très courageuse équipe d'Ukraine, les Bleus ont compromis leurs chances d'aller au Brésil en juin prochain.


En zone mixte, les visages étaient fermés. Benzema, Nasri et Giroud faisaient leur devoir de représentation auprès de la presse. La déception ainsi que la frustration dominaient et l'ambiance dans cette soirée d'hiver ukrainienne devenait d'un seul coup glaciale. En arrivant à Kiev, Lloris avait prévenu que la France venait pour se qualifier dès le match aller. Un objectif très ambitieux qui paraissait rassurant de première vue. On avait alors des images de Brésil qui s'emmêlaient dans nos têtes rien qu'à l'idée de se qualifier dès l'aller. Seulement, hier soir, les Français n'ont pas été en mesure d'être au niveau de leur objectif la faute à plusieurs choses. La première et il est capital de le souligner, c'est que l'on n'attendait pas une équipe d'Ukraine de ce niveau. On avait prévenu qu'il fallait se méfier des deux ailiers, Yarmolenko et Konoplianka, qu'il faudrait impérativement faire attention à maîtriser leurs déboulés dans les couloirs mais de là à penser que l'Ukraine nous mettrait en difficulté tout le long de la partie. On pensait que le fait que l'Angleterre n'ait pas réussi à le battre sur deux matches de qualification n'était pas si grave, que ça ne voulait pas dire grand chose au fond et que le seul fait d'avoir Franck Ribéry dans nos rangs suffirait à repartir d'Ukraine le sourire aux lèvres.
En face de nos Bleus s'est dressé une vraie équipe de football qui savait qu'elle tenait là le match de sa vie et que ce rendez-vous n'allait pas se reproduire de sitôt. C'est tout d'abord dans sa solidité défensive que l'on fut surpris. Dès les premières minutes de jeu, les Ukrainiens tenaient à maintenir un pressing très haut, agressif et strict pour montrer que marcher sur Kiev ne serait pas si simple que cela "on s'attendait réellement à ce qu'ils défendent haut en début de match. On savait que la première mi-temps ne serait pas facile donc, franchement, on n'a pas été surpris par ça. On pensait qu'ils baisseraient de rythme en deuxième période et qu'il y aurait des espaces à exploiter" expliquait Mathieu Debuchy. Le raisonnement du Magpie était fondé tant le nombre d'équipes qui sombrent en fin de match après une première mi-temps aussi physique est élevé. Dans un premier temps, on donna raison au latéral droit car la pression exercée par les hommes en jaune semblaient moins étouffante du moins sur les dix minutes qui suivirent la pause. En fait, ce raisonnement tint jusqu'à l'ouverture du score de Zouzolia qui eut le mérite de galvaniser ses coéquipiers pour la demi-heure qui restait.


Une leçon d'engagement

Ensuite, si les Bleus ont pris cette claque dans la figure, c'est qu'ils n'ont pas été présent au rendez-vous. Être bons contre l'Australie en match amical (6-0) ou la Finlande à domicile (3-0), c'est une chose mais ce que l'on attendait de cette équipe de France était qu'elle parvienne à hisser son niveau de jeu quand il le fallait et hier aurait été le moment opportun. Cette contre-performance ne peut s'expliquer par la simple rigueur défensive ukrainienne. Ce serait un mensonge. Une occasion en quatre-vingt-dix minutes, c'est bien trop peu et inadmissible pour une équipe qui ambitionnait de repartir de Kiev avec un pied et demi au Brésil. Cette seule occasion est à mettre au crédit de Nasri dont la frappe trop peu appuyée aurait permit aux siens de revenir au score. Un manque d'imagination offensive qui met en relief un constat alarmant. Quand Franck Ribéry ne fait pas la différence, personne ne la fait. Donc hier, il a suffit à Fomenko de demander à ses hommes de faire une prise à deux ou à trois constante sur Ribéry et l'affaire était jouée. De temps à autre, le Munichois parvenait à adresser un centre mais cela ne pouvait suffire. Nasri, préféré à Yohan Cabaye quelques heures seulement avant le coup d'envoi, ne fut pas le soutien de l'attaquant que l'on souhaitait voir. On le voyait dézoner, se rapprocher de Pogba et Matuidi qui avait certes besoin de lui pour ressortir le ballon mais même sur les rares situations qu'il a eu à négocier, il ne fit pas toujours les bons choix. Quatre joueurs offensifs alignés, c'est ambitieux sur le papier mais déjà beaucoup moins quand Loïc Rémy manque ses contrôles, perd le ballon sur chaque tentative de dribble et se fait manger physiquement. Devant, que pouvait-on vraiment reprocher à Olivier Giroud qui a eu un nombre de ballon dérisoire.


Deux buts à marquer pour espérer

Benzema commentait avec une extrême lucidité après le match "sur le papier, on a plus de talent que l'Ukraine mais cela ne suffit pas". Tout était dans l'analyse du Madrilène. Le talent, les joueurs de l'équipe de France l'ont. Ce n'est tout de même pas pour rien que la plupart des Français évoluent dans les plus belles écuries européennes. C'est vrai que si un match de football se réglait au talent, Didier Deschamps serait en mesure de nous envoyer au Brésil mais football est un sport collectif, ce qui veut dire en clair que l'équipe doit prendre le pas sur les individualités. Et dans ce duel d'équipe, c'est l'Ukraine qui méritait grandement sa victoire. Le temps d'une mi-temps, la première, les Bleus ont été à la hauteur de la rigueur et de la solidarité proposée par l'Ukraine. Seulement, la concentration et l'engagement dégagée par l'Ukraine ne revenait pas dans nos rangs. L'ouverture du score de Zouzolia en est un exemple criant. Sur un jeu à trois bien huilé, les Ukrainiens révélait la passivité de la défense française. Sur ce but, Debuchy, Koscielny et Abidal sont coupables et c'est une défense toute entière qui n'est pas au niveau. Le penalty transformé par Yarmolenko vient également de la fébrilité d'une défense française qui ne communique pas, qui ne met pas assez de coups, hormis Koscielny qui fut très solide avant la pause.
Dans un match aller-retour, on a tendance à dire que les jeux ne sont faits qu'au moment où l'arbitre siffle la fin du match retour. On dirait alors que l'Ukraine n'a fait que remporter une bataille mais que la guerre n'est pas perdue pour autant et que la deuxième manche qui se disputera mardi au Stade de France peut relancer les débats et que le Brésil n'est pas si inaccessible. Si l'Ukraine a battu la France 2-0 à domicile, pourquoi les Bleus ne pourraient pas le faire à Saint-Denis quatre jours plus tard ? Pour cela, il suffirait simplement que le public soutienne ses Bleus comme les Ukrainiens ont pu le faire au Stade Olympique de Kiev. Il faudrait également que les hommes de Didier Deschamps marquent à deux reprises, au moins pour accrocher les prolongations. Cela ne parait pas si compliqué mais quand on imagine que l'Ukraine reste sur huit matches sans encaisser de but, les données ne sont plus exactement les mêmes. Pour se qualifier, le sélectionneur tricolore devra également recomposer une charnière centrale, abandonnée par Laurent Koscielny pour une mauvais réaction d'honneur sur Kucher. Si les Français doivent craquer le verrou ukrainien au moins deux fois, il faudrait aussi faire en sorte de ne pas encaisser parce que n'oublions pas qu'en cas de but inscrit par l'Ukraine mardi soir, il faudra alors marquer quatre buts pour espérer voir le Brésil autrement qu'à la télévision. Alors, vous l'aurez compris, l'affaire n'est pas simple et la qualification des Bleus pour le Mondial brésilien ressemble de plus en plus à un miracle mais comme on aime à dire, impossible n'est pas français...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 27 novembre 2013
Modifié le 25 novembre 2013
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