| Les acteurs de ChicagoCatherine Zeta-Jones, Renée Zellweger et Richard Gere répondent aux questions de Studio Magazine à propos de leur dernier film, Chicago... Chicago, comédie musicale qui succède à Moulin Rouge, met en scène trois vedettes du grand écran, dont deux sont nominées aux Oscars pour Meilleur acteur et Meilleure actrice, Richard Gere, Renée Zellweger. Catherine Zeta-Jones, quant à elle, joue le rôle de la meneuse de revue Velma Kelly, qui a tué sa sœur et son mari.
Vous avez commencé votre carrière comme chanteuse et danseuse...
- Oui, à l’âge de 4 ans ! A la maison, je dansais, chantais, et faisais le clown pour faire rire mon père. J’aimais attirer l’attention. A 11 ans, j’ai gagné le championnat britannique de claquettes, et à 15 ans, je quittais l’école pour figurer dans la comédie musicale 42ème rue. De doublure, je me suis retrouvée meneuse de revue, quand l’actrice principale s’est fracturée le genou... De 12 à 22 ans, j’ai grandi prématurément, je devais gagner ma vie, j’enchaînais les auditions... On ne reste pas longtemps une enfant star ; en grandissant, on fait vite partie du bétail ! Le souvenir de ces années m’est revenu en mémoire quand j’ai commencé les répétitions de Chicago.
Etait-ce un défi pour vous ?
- Oh que oui ! Mais dès le début, je suis tombée amoureuse du personnage de Velma ; je n’imaginais pas jouer qui que ce soit d’autre dans le film. Le premier jour des répétitions, j’avais le trac, une peur bleue d’être confrontée aux meilleurs danseurs du pays. D’autant que le tournage a commencé avec mon numéro de "All that jazz" ! Michael (Douglas, son mari) m’encourageait en disant : "Jette-toi à l’eau, ne fais pas la trouillarde !" Rob Marshall a tourné ce numéro en deux jours, sans avoir à refaire quoi que ce soit.
Pouvez-vous nous parler de l’entraînement que vous avez suivi pour le film ?
- C’était un véritable entraînement militaire. Danser et chanter pour le cinéma est plus contraignant que pour la scène, car on doit répéter les mêmes pas, les mêmes mouvements des dizaines de fois sous des angles différents. Je me suis réveillé un jour avec les genoux qui avaient doublé de volume. Mais au vu du résultat, chaque bleu en valait le coup.
Quelles étaient l’ambiance sur le plateau et vos relations avec vos partenaires ?
- Exactement l’ambiance qui règne dans les troupes de comédie musicale façon Broadway. Un enthousiasme général, une camaraderie chaleureuse... De Rob Marshall, je n’hésite pas à dire qu’il est un génie. Richard Gere ? C’est l’un des mecs les plus gentils du métier. Il a aussi une voix de crooner, et il a travaillé aussi dur que les filles pour intégrer la troupe. Quant à Renée, elle m’a beaucoup impressionnée. Nous nous sommes très bien entendues, n’en déplaise à ceux qui auraient voulu du crêpage de chignons ! (Rires)
Qu’est-ce qui vous a plu dans l’histoire de Chicago ?
- La façon dont est traité le phénomène du culte de la célébrité. La façon dont des meurtrières peuvent devenir stars, et la curiosité morbide de la presse pour la vie privée des star du show-business... La force de Chicago est d’enrober ce thème dans une atmosphère noire – la prison, le crime – et sexy – les shows - et aussi d’aborder d’une façon originale le thème de l’émancipation de la femme dans les années 20 et 30.
Pensez-vous que Chicago va relancer la mode des comédies musicales ?
- Moulin rouge a déroulé le tapis à Chicago. C’est ce film qui a remis la comédie musicale au goût du jour sous un aspect moderne et avec des chansons contemporaines. La force de Chicago, c’est de s’appuyer sur le jazz, qui est une musique intemporelle ! Le monde d’aujourd’hui est noir et l’avenir pessimiste ; et les comédies musicales sont de merveilleux échappatoires à notre quotidien.
Renée Zellweger, qui interprète Roxie Hart, la seconde meurtrière qui a, elle, tué son amant, répond à sont tour aux questions de Studio Magazine.
Comment devient chanteuse et danseuse du jour au lendemain ?
- Après avoir rencontré Rob Marshall, j’ai foncé dans ce projet sans hésiter. C’est un homme bon, brillant, et dont et dont la passion et la générosité ne peuvent que vous inspirer. J’ai tout de suite voulu travailler avec lui. Ensuite j’ai suivi ce que j’appellerais la "Chicago school de Rob Marshall" : un entraînement intensif de chant et de danse ! Mais si tourner une comédie musicale est très éprouvant physiquement, ce qui prédomine, c’est une euphorie, une énergie incroyable. La comédie musicale est un genre qui vous permet d’explorer de plusieurs façons l’imaginaire par le chant, la danse, le jeu et votre créativité s’en trouve décuplée.
Quelle sorte d’entraînement avez-vous suivi ?
- J’avais gagné puis perdu du poids pour Le journal de Bridget Jones, avec un entraînement physique et un régime un peu poussés, mais rien ne m’avait préparé à suer comme j’ai sué pour Chicago. Dans les studios de Toronto où s’est tourné le film, nous répétions dans un hangar transformé en salle de danse, aux murs couverts de miroirs. Nous alternions des séances de chant et de danse, des numéros en solo, en duo, et avec tous les danseurs ensemble, avec juste une courte pause déjeuner. On faisait ces numéros sans réfléchir au résultat final. Il fallait roder non-stop la chorégraphie et les chansons dans un étourdissant processus de créativité. Rob, avec sa formation de chorégraphe, se chargeait aussi de ces répétitions. C’était éprouvant, mais aussi très excitant !
Qu’est-ce qui était le plus dur ?
- Faire travailler des muscles que je n’avais jamais exercés de ma vie ! Comme ceux qui vous permettent de vous tenir très droite sur d’immenses talons aiguilles ! Catherine m’a appris à descendre les marches d’escalier avec des talons hauts. Pour moi, c’était un calvaire ! Elle m’a aussi appris des techniques d’échauffement, des entraînements... quand je l’ai vue et entendue à la première répétition du numéro "All that jazz", ma mâchoire en est tombée. J’ai compris qu’au milieu de tous ces talents – Catherine, l’étincelant Richard Gere et Queen Latifah -, je n’étais qu’une petite souris et qu’il me faudrait mettre les bouchées triples ! Alors, en fin de journée, je ne me reposais pas ; je travaillais sans relâche, même les dimanches, pour ne pas être à la traîne.
La fatigue mise à part, tous les acteurs du film parlent d’un tournage idyllique...
- Magique, oui. Car les acteurs et les techniciens étaient si conscients de vivre une expérience unique que personne ne ressentait la moindre lassitude. A commencer par Rob Marshall, qui était présent en permanence. Mes numéros de danse, je les ai d’abord fait dans son ombre : il exécutait les pas et je l’imitais... Ce n’est pas étonnant que, pendant la promo, il ait eu un malaise qui l’a conduit aux urgences. Il a tiré autant qu’il a pu, comme Bob Fosse l’aurait fait.
Avez-vous revu des films avant le tournage ?
- J’ai revu Cabaret, pour m’imprégner de l’ambiance. Et Ann Reinking, dans Que le spectacle commence, m’a aussi beaucoup inspirée. Et puis j’ai vu Roxie Hart, avec Ginger Rogers, pour apprécier le contexte historique. J’ai revu aussi tous les films de Marilyn Monroe. Elle est l’incarnation même de la célébrité, thème qui est au cœur de Chicago... Il y a quelque chose chez elle qui dépasse son physique, qui touche tout le monde, c’est l’empathie qu’elle suscite. On lui veut du bien. Cette qualité m’a beaucoup influencée. Mais je ne me compare pas à elle, ou alors en version haricot vert ! (Rires)
On ne présente plus le beau Richard Gere, cette fois-ci dans le rôle de l’avocat sans scrupule Billy Flynn, qui va tenter d’obtenir la libération de Roxie.
On se rappelle vous avoir vu exécuter des numéros musicaux dans Cotton Club. Avez-vous une formation de danseur et de chanteur ?
- J’ai le sens du rythme ! (Rires) J’ai une formation de musicien et je jour de la guitare et du piano. La musique fait partie intégrante de ma vie. Dans Cotton Club, je faisais un numéro de piano et plusieurs de trompettes... En ce qui concerne la danse et la chant, je dois remonter plus loin, aux années 70, lorsque je jouais Grease sur les planches. En revanche, j’étais absolument nul en claquettes avant Chicago. Mon seul apprentissage dans ce domaine, c’est d’avoir regardé, toujours pour Cotton Club, les meilleurs danseurs du monde exercer leur art, à commencer par le très talentueux Gregory Hines.
Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a offert ce rôle dans Chicago ?
- J’étais très hésitant, et si j’ai accepté, c’est parce que mon agent a beaucoup insisté. Je n’aimais pas particulièrement la version de Chicago sur les planches ; je la trouvais beaucoup trop narrative. C’est le scénario que m’a présenté Rob Marshall, lors d’un rendez-vous dans un restaurant new-yorkais, qui m’a finalement convaincu. J’aimais la manière dont on pénètre dans le cerveau de Roxie, qui fonctionne comme une scène de music-hall. Je trouvais cette astuce très cinématographique et elle résolvait des questions très légitimes de la part des spectateurs, comme : "Pourquoi ces gens, brusquement, chantent-ils ?" La magie opérait.
Quelle sorte d’entraînement avez-vous suivi pour votre numéro de claquettes ?
- J’ai travaillé avec Cynthia, une ex-danseuse de Bob Fosse, une prof extraordinaire et un véritable dragon qui m’a fait bossé plus dur que je ne l’avais jamais fait pour aucun autre rôle. J’ai vraiment transpiré plusieurs par jour, tous les jours, pendant les quatre mois de répétition ! Et même pendant le tournage, nous continuions l’entraînement. Les premières semaines ont été très humiliantes ! Même si, avant les répétitions, je m’étais entraîné en cachette, dans une écurie de ma propriété, à l’abri des regards de ma femme et de ma fille ! (Rires). Mais au final, je suis heureux et fier du résultat ; la mise en scène et le montage en ont fait quelque chose de beau ! Quant au chant, je remercie mon coach.
Comment définiriez-vous votre personnage ?
- Billy Flynn est un merveilleux personnage. C’est un avocat véreux, intéressé, mais aussi un type qui sait manier l’ironie et le sarcasme, qui transforme la réalité en cirque flamboyant. C’est, à sa manière, un magicien. C’est un personnage riche. Pour l’interpréter, j’ai utilisé l’énergie et le débit que l’on trouve dans les films des années 20, 30 et 40, en particulier dans La dame du vendredi. J’ai évité à tout prix le réalisme, je n’ai pas craint d’en faire trop. Même si parfois, j’avais l’impression d’outrepasser les limites, mais Rob était là pour me canaliser. En fait, il m’a beaucoup encouragé dans l’extravagance.
Seriez-vous prêt à refaire un film musical avec Rob Marshall ?
- Je ferai n’importe quoi pour et avec lui ! Parmi tous les réalisateurs avec lesquels j’ai travaillé, il est l’un des meilleurs. Vous rendez-vous compte qu’il s’agit de son premier long-métrage ? Pour le définir, je dirais : "Top, top, top !" Parallèlement, je suis en train d’acquérir les droits d’un spectacle avec claquettes et chant au programme, mais je ne peux pas en dire davantage...
Chicago, de Rob Marshall avec Catherine Zeta-Jones, Renée Zellweger et Richard Gere. Sortie le 26 Février.
Interview tirée de Studio Magazine du mois de Mars 2003 | | |
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