| Le voyageur aliénéUne histoire à prendre avec des pincettes ou à bras-le-corps, au choix, tant qu'on est averti de son contenu. En voici les deux premiers chapitres. N'ayez pas peur ça commence un peu pépère mais le contenu vient vite. Bonne lecture.PREFACE
Cher lecteur,
Le récit qui va suivre comporte des éléments susceptibles de heurter certaines sensibilités, et sujets à polémiques. Certains de ces éléments sont de plus formellement illégaux et immoraux, c'est la raison pour laquelle je ponds actuellement cette brève introduction. En aucun cas ce récit ne fait l'apologie d'une quelconque drogue ou de quoi que ce soit que la loi ne tolère. Alors lisez-le libres de pensée (ce qui est normal), mais en sachant que je ne cherche absolument pas à vous inciter à quoi que ce soit. Ceci n'est qu'une histoire, les éléments précités ne servent QUE le récit, et en aucune manière ils ne défendent un point de vue ou une opinion personnels. Il est très important que vous le compreniez. Ce récit est à la fois un témoignage et une fiction, et il s'affiche résolument contre les pratiques qu'il aborde, toutefois le point de vue des personnages peut différer du mien : ce ne sont que des personnages, et toute ressemblance avec des personnages existants n'est que purement fortuite, ce qui est toujours imparfait même avec la meilleure volonté du monde parce qu'on ne peut créer à partir de rien. Ces personnages peuvent, au même titre que n'importe lequel d'entre nous, être amenés à faire des erreurs qu'il prennent d'abord pour de bons choix. La prise de drogues est une pratique à risques plus ou moins élevés, mais c'est parce que nous ignorons où commence le risque qu'il vaut mieux ne pas y toucher.
En tous les cas j'ai trop envie de publier ça pour prendre le risque de m'attirer les foudres de nos gentils et carrés admins, avec qui de toute façon ces sujets-là ne plaisantent pas. Et en cela ils ont raison. Pour conclure je vais néanmoins vous livrer mon opinion personnelle sur les drogues : inutiles, illusoires, destructrices.
Merci de votre attention et de votre compréhension.
Maintenant place à l'histoire.
1_
Il était une fois, quelque part dans le quinzième arrondissement de la ville de Paris...
"Sympa cette fille. J'aimerais discuter de nouveau avec elle... Naïve... Mais pas tant que ça. C'est bizarre les gens comme ça. Pas envie de leur faire de mal. Bon ok si j'y réfléchis deux secondes, la réponse est évidente. Ces personnes ont l'air de ne pas me vouloir de mal. Elles semblent prête à m'aimer. Elle semble Prête à m'aimer. Comme si je ne pouvais accepter d'amour que de la part des gens qui me connaissent, qui m'ont vu grandir et ont appris à m'accepter malgré tout. Malgré tout. Oh non disons que je ne me vois pas comme une merde, le problème ne se situe pas là, il réside au contraire dans le fait que je ne me prends pas pour de la merde. Ma jeunesse, ma profession futurement acquise, mes amis, le contrôle que j'ai sur eux, ma passion effrénée pour la manipulation d'autrui et le mensonge calculatoire ou calculatif je sais plus tiens et pourquoi pas calculateur tout simplement ? Hm. Faut que j'arrête de me parler à moi même en utilisant les mêmes styles rhétoriques trompeurs que ceux que j'emploie avec l'armée des clones qui fourmille là dehors. Sérieux tous pareils tous de pauvres connards une armée de gens clonés. Avides de téloche, de réceptions d'apéros en veux tu en voilà, de phrases toutes faites et de lieux communs. Sérieux. Non mais y en a parmi ces cloportes qui s'imaginent très cultivés et tout et tout, mais ce qu'ils ignorent c'est que leurs lieux communs à eux sont juste un peu moins communs que ceux des autres. C'est tout. Putain il avait raison ce putain de Voltaire : "la citation est l'art de ceux qui ont la seule intelligence de ne pas réfléchir par eux-mêmes"... Ou un truc dans le genre. Pas con le père Voltaire. Putain pourquoi il faut toujours que je généralise tout ce que je pense en finissant par mettre un "putain tous les deux ou trois mots ?... C'est dingue je pensais juste à Elle, et voilà que je pars sur les cloportes qui rampent dehors. C'est fou c'est la première fois que je me rends compte de ça. Curieux... "
Il arrêta là ses pensées et sortit la clé de sa poche de jean, la tourna dans la serrure et entra chez lui. En entrant il vit la fleur qu'il avait prise la veille au soir sur la tombe du Soldat Inconnu, et sourit. Il se dit qu'il devrait mettre des végétaux dans son appartement plus souvent, et que ça faisait plusieurs miliers de fois qu'il se faisait cette réflexion. Comme pour beaucoup de choses d'ailleurs. Mais ce n'était pas du genre d'Ercole de pleurer sur la procrastination. Tout remettre à plus tard ? Pourquoi pas, tant qu'il avait des tunes et du shit ou de l'herbe dans sa boîte magique, tant qu'il arrivait à tromper son monde, tant qu'il acceptait avec résignation l'illusion de n'avoir personne pour le soulager du poids de sa souffrance grimpante, tout allait pour le mieux. Ronronnement. "Chat ? ". Une tête finement poilue apparut à l'embrasure de la porte, à un mètre de hauteur. La première fois, cela pouvait surprendre, pour qui ne déduisait pas qu'il y avait un meuble derrière le mur. Et voir la tête de ceux qui étaient incapables de soupçonner la présence de cette table, ça l'amusait beaucoup le chat.
Mouawaaa.
"Salut chat" répondit Ercole dans un sourire. "Tas beaucoup voyagé aujourd'hui ? " Le petit tigré au ventre blanc vint se frotter contre les jambes de son maître, tout en ronronnements, une expression douce et réjouie sur le visage. Ercole estimait que les chats parcouraient d'autres mondes tout en étant physiquement là. Il avait d'abord acquis cette certitude en voyant certains films, et en lisant Lovecraft. Puis elle s'était incarnée depuis qu'il avait décidé d'accueillir une telle créature sous son toit. Le chat ne se lassait pas de se frotter puis soudain, sans prévenir comme à son habitude, il grimpa jusqu'à l'épaule du maître, et se mit à donner à Ercole de petits coups de nez dans la temps gauche. Il lui répondit, nez contre nez. "Vilaine bestiole d'amouuuuuur" miaula Ercole dans une parodie surjouée de midinette. L'appartement qu'il occupait faisait dans les vingt-cinq mètre carrés, en deux pièces. Entrée. Etagère énorme à gauche, la fenêtre droit devant au nord, les toilettes-salle-de-bain-baignoire-spécial-position-foetale derrière une porte à droite avec une tenture jaune dessus, kitchenette au fond à droite avec au-dessus accrochée une étagère pour la vaisselle, étagère à gauche avec de quoi faire la cuisine, frigo avec congèle dessus entre kitchenette et fenêtre, et une porte au fond à gauche, vers une chambre-salon-bureau tout à fait bordélique, mais de quoi marcher par terre quand même. Ercole y entra, tendit le bras vers son lit et le chat descendit de son promontoire en dévalant tour à tour l'humérus, le radius et les métacarpes détendues de son Gardien, en mois de temps qu'il n'en faut pour nommer le premier.
"Ca manque de musique ici", dit-il à haute voix. Le bureau - une planche vernie sur deux tréteaux - calé sur le mur ouest hébergeait un ordinateur portable relié à un deuxième écran, et si le chat pouvait gambader de monde en monde, il ne comprenait toujours pas comment, mais diable comment le curseur de la souris passait d'un écran à un autre sans apparaître entre les deux. Ca le fascinait ça le chat. "C'est fou ce qu'un chat peut avoir en commun avec une femme, enfin, avec ce que moi j'attends d'une femme" pensa Ercole. "Un ilôt de sécurité qui nous aime, qui est heureux de nous voir rentrer, qui a cette grâce, cette légèreté, cette tendresse infinie... Attends je suis pas zoophile hein ! Nan nan nan attation. Tain mais tais-toi ! Comme si t'avais besoin de te justifier t'es tout seul là ! T'as peur de la police des pensées ou quoi ? "
Ce dialogue intérieur était quasi perpétuel en lui, ça le fatiguait un peu parfois. "Aaaaah Charlie Parker ! " Ercole monta le son. "Aaaaah c'est bon hein ? " demanda-t-il à Chat en souriant. Le chat lui renvoya un double clignement occulaire d'approbation. "J'ai quand même un sacré bol d'être tombé sur un chat qui aime le jazz. Remarque ça doit être le cas de la plupart des chats nan ? " Cette fois pas de réponse. "Mmmhh tu réponds quand ça t'arrange toi"
Ce soir-là était un soir un peu spécial. C'était un vendredi, et les nuages rosés du crépuscule collaient merveilleusement avec les sinusoïdes imprévisibles de Charlie Parker. Ercole ouvrit une petite boîte en bois noir, en forme d'hexagone, en tira un joint, qu'il alluma en changeant la musique. Miles Davis... "The Prince of Darkness" qu'on l'appelait celui-là. Trois lampes rougeoyantes, et des couleurs évoquant la torpeur légère et la volupté avaient contribué à faire de l'appartement d'Ercole un lieu de rencontres et de passage, ça et le fait qu'on y trouvait le meilleur haschich du quartier. Ses clients étaient venus de son école, de son stage puis de son boulot, et plus généralement de tous les endroits, de toutes les soirées qu'il avait fréquentés. Au début ils aimaient venir s'asseoir, se rouler leur petit pétard et raconter des conneries et quelques élucubrations de fumeurs de joints ouais fumer tu vois ça t'ouvre la conscience etc., ou se la péter plus blasés moi ça me fait plus rien mais j'aime bien quoi. Et puis Ercole s'était mis à fourguer un peu de coke, et durant cette période, les clients étaient peu à peu devenus eux-mêmes dealers, tant et si bien qu'au bout d'un an à Paris, Ercole fournissait presque tout le nord du quinzième en drogue douce. La cocaïne c'était son "petit extra". Il n'avait pas trop peur de faire ça chez lui, confiant qu'il était en sa bonne étoile. Ce soir il avait coupé son téléphone, avec comme répondeur idouane une formulation apparemment banale, mais propre à faire comprendre son indisponibilité à sa clientèle grâce à un code convenu, qu'il avait mis en place afin de préserver son besoin régulier de tranquilité.
Ce soir. C'était pour ce soir. Il se leva et alla ouvrir la porte de son réfrigérateur. Sur le plateau du haut, entre deux mottes de beurre et un pot de crème fraîche, il prit un sachet à zip transparent contenant ce qui le rendait si serein et enthousiaste ce soir là. "Champis-champis ? Champis-champis-champis ? " scandait-il doucement en secouant le sachet. "Ok... Alors vous je vais pas vous prendre tout de suite... Oh et puis si ! "
Il vida le tiers du sachet, mâcha un peu, avala et attendit.
2_
Une demie-heure.
A ce stade-là le novice commence à angoisser, voire à s'énerver parce "ça fait rien ces champis". Mais Ercole se souvient encore tellement disctinctement sa première prise de champignons à Maastricht, qu'il ne s'inquiète pas. Il a même pris le temps de se confectionner une grosse salade de pâtes en prévision de son lendemain affamé. Il s'étire, se disant que "c'est quand même long merde". Il décide de passer dans la pièce d'à côté. Il y est déjà. "Hein ?... Oulà... Je me demande combien de bonjours sur la table pour compenser mes non-merci... Oh mais... Oooh... ça y est ! Ca commence !!! " Excité comme un pubard sur le point de trouver une rime, il s'affaira à remplir son attaché-case de son "nécessaire de voyageur". John Coltrane emplissait chaque recoin de la pièce avec son saxophone. Chaque note emplissait la bouche d'Ercole. Il sentait des notes rondes, d'autres picotantes, certaines acides, des sucrées aussi... Au fur et à mesure que les goûts et les texture de la musique évoluaient, Ercole les interprétait sous différentes formes. La musique avait eu une texture, maintenant c'était un goût... Puis une odeur...
Il regarda l'heure. Tous ces changements si intenses de perception ne s'étaient effectués que dans les dernières trente secondes. Ercole jubilait. Temps dilaté. Parfait.
Une bouteille de Sprite. Un paquet de gros Dragibus colorés
"ouuuh li couleûûûr cééé chouééétteuuuh !!!... ça part en vrille là... Alors dragibonus, du sprïte, mmmhh... "
Il empocha son lecteur mp3
"écouteurs, oreilles, premiers dans secondes, ok... "
Musique. Allumer l'engin
"Appui long appui looong !!! "
Des clopes, du feu, portable j'aurai envie d'appeler trop de gens, bonne humeur, hâte pressante d'enfant le matin de Noël.
"Le carnouillet !!! Wow il est oùùù le carnouillet minou ? "
Ercole passa bien trois minutes entre un monde étrange fait d'humidité et peuplé par des assiettes et un autre plus violent, gouverné par deux écrans lointains et immenses, le temps de retrouver son carnet. Il l'avait posé en évidence à côté de la porte d'entrée une heure plus tôt, en prévision
"Taiiin c'est bien la peine que je le pose là exprès si c'est pour le chercher pendant deux semaines merdenfinquoi ! "
Lorsqu'Ercole quitta enfin l'appartement dix minutes plus tard, après avoir livré bataille contre une nuée de pensées aux ailes noires et luisantes de méchanceté qui avaient tenté de l'empêcher d'arrêter les applications en cours sur son PC, puis de trouver un stylo, la musique était passée en visuel. Les écouteurs organiques à la ExistenZ pluggés aux esgourdasses, Ercole ouvrit la porte de l'ascenceur. Au moment de fermer la porte de chez lui pour sortir, il n'avait pas remarqué que le chat, gratifié d'un rapide "au-revoiroirroir" de son Gardien, le fixait en souriant d'une oreille.
Dans le crâne de notre voyageur, A Perfect Circle chantant Passive gloupissait avec puissance. Puis The Grudge, de Tool, son groupe favori. Dans la rue, des phrases et des exclamations acérées de gens faisant la fête chez eux pleuvaient des fenêtres et des terrasses et des balcons. Ercole arrêta de bondir sur le côté pour les éviter ; il avait vu quelqu'un.
Je suis trop con j'ai qu'à mettre un pare-phrases.
Il épaula l'engin invisible, irregardable plutôt, et adopta une contenance normée mais réjouie au moment de croiser le congénère. "Une bourgeoise quinziématype" pensa Ercole, amusé de constater qu'il savait encore que c'était le quinzième arrondissement qu'il apentait.
"Bonsoir Madame. "
Sourire jovial opérationnel. Début de la phase de croisement. Le sujet semble répondre avec une certaine retenue. Manque de confiance. Méfiance. Sourire rapide fugitif forcé pincé.
"Bonsoir Monsieur... "
Elle avait jeté un rapide regard à l'épaule gauche d'Ercole, croyant y voir une blessure.
Sujet croisé. Rapport : les relévés indiquent une absolue nécessité à cacher ses vrais sentiments. Le sujet cherche en effet à fuir l'échange, ce qui se dénote notamment à cette légère accélération des pas. Cause probable : manque de bienveillance de ma part...
"Merde encore Elle ?... Je rêve ou quoi ??? D'un coup je me dis que la méfiance de l'autre ça vient de moi... J'avais jamais fait, ça. Et qu'est-ce qui me vient à l'esprit exactement en même temps ? Son visage ! Nan mais en plus j'ai vu que des photos ! Faut que j'arrête le Web moi sérieux. D'autant que... "
Un "sérieux ? " acéré vint se planter dans son épaule.
"... Aïeuh merde ! Tain chuis con j'ai pas activé la fonction "pare-mots" sur mon pare-phrases. Nan mais quel con ! Autant égoutter les coquillettes dans des bas-résilles ! "
Oulà faut absolument que j'arrête de dire ce genre de trucs tout fort... Remarque j'ai rien d'illégal sur moi à part trois pétards je vais pas commencer à flipper de me faire coffrer pour trois pétards de fêtard !
"Bon mais soyons vigitruc là, faudrait pas non plus... "
... Aaah putain de putain de chiotte à cul ! Hm. Ah nan on a dit que j'arrêtais ça. Ok. On respire... Aaaah
"Massive Attack"
! Taiiin... On respiiire. Attends je suis où là ?
Des arbres beinveillants et paisibles encadrent du gazon, lui-même encerclé par un trottoir sec qu'heureusement l'herbe surplombe de quelques centimètres, si bien qu'une fois assis, on peut presque se complaire dans la douce illusion qu'aucune barrière n'empêche la pelouse de pousser plus loin et de s'étendre peut-être. Le parc de l'Avenue de Breteuil.
'Paie pas de mine mais il est sympa ce parc. Pas de clôtures, sauf autour des endroits pour les enfants avec les canards à ressort et les cabanes et les toboggans. Encore trop près. Faut que j'aille à la toureffel. En plus elle va clignoter je vais tripper. Ouaouh. Je trippe déjà bien là.
Tour Eiffel donc. Il n'y a qu'à regarder en l'air. Le faisceau qui tourne dans le ciel dégagé semble appeler au ralliement.
Ok. En plus on m'y appelle. Tout droit, et ensuite à gauche. Euh... C'est qui ?
Dans les feuillages d'un arbre, Ercole avait aperçu une paire d'yeux réflecteurs. Il les avait vus cligner. A bien y regarder il n'y avait rien en fait.
Bon. Je vais voir des petites bêtes partout si ça se trouve. Ca m'a fait ça à un moment la dernière fois je crois. Brrrref... Javel net. Allllons-y gaiemeeent ! Atta j'ai plus besoin de mon pare-phrases je suis devenu fluide. Ok parfait. Tour Eiffel. Merde où elle est celle-là ? Ah tiens des autochtonomades... On va leur demander... Mmmhh délicate extase exquise extatiiique...
"Bonsoir mesdames et messieurs !
- Bonsoir monsieur ! " répondit l'un des quadragénaires enrubannés en rendant à Ercole son sourire.
"Excusez-moi de vous déranger comme ça hein mais... Vous savez pas si y a une toureffel dans le coin-coin ? "
L'enthousiasme déglingué d'Ercole fit rire le type, qui lui indiqua la direction et précisa "si vous avez un doute suivez la lumière", désignant le rayon tournoyant là-haut qu'Ercole regarda, hébété par son propre manque de mémoire et de bon sens.
"Ah mais oui chuis con y a l'phare ! Merci monsieur, passez une bonne soirée !
- Vous de même ! "
Sympatounet ce tytype.
Le trottoir faisant tout le temps mine de s'enfuir, Ercole dut recourir à un fixateur. Il continua son chemin, les extrémités du sourire délicieusement vissées aux zygomatiques. Avenue. Des voitures pas milliards. Par millions. Par miliers. Par centaines. Par dixaines. Une par une.
Ouais vaut mieux le voir comme ça le nombre sinon je vais vite péter un câble avec les virgules. Une par une. Ok. Toureffel. "Sense and sensibility". Je sais plus de qui elle est cette chanson mais elle fait bien plaisir. Elle me fait penser à Janna et à Val.
Janna, l'étonnante amie du web, et Val... érie, la meilleure amie d'Ercole. La dernière fois que Val était passée chez lui et en avait profité pour y passer la nuit, Ercole avait rêvé qu'elle se changeait en femme-citron. Acide le rêve. Ils y avaient pour mission de ramener d'un nouveau fast-food des échantillons de "malbouffe", pour les faire analyser par un labo perdu dans une immense vallée sans soleil. Des sortes d'hommes-homards se tenaient derrière la multitude incroyable de présentoirs pour la nourriture, lesquels longeaient le mur le plus éloigné du soleil. L'astre, violet, noyait ce monde étrange dans une lumière pleine de nostalgie. Cela ressemblait à un restaurant d'altitude ultramoderne, perché sur le flanc d'une colossale montagne de pierre grise aux pentes recouvertes d'un tapis d'arbres colorés plus incroyables et inattendus les uns que les autres, notamment du fait qu'ils poussaient à même la roche. Sur les étagères transparentes ou dans les bacs énormes, de curieux mets attendaient d'être dévorés. Vivante ou non, cette nourriture était tout ce qu'il y avait de plus apétissant, malgré l'absence de ressemblance avec toute nourriture connue. Il y avait par exemple ces sortes de pastèques bleues, garnies de bosses juteuses et mauves, ou ces crevettes noir d'ébène à treize pattes, des pseudo-toffus garnis de choses rouge vif, des beignets verts qu'on eût juré fraîchement coupés d'une plante... Un arbre à beignets ? Ercole, en goûtant un peu à tout, s'était vite rendu compte que la demande du labo était injustifiée, ce n'était visiblement pas de malbouffe qu'il s'agissait. Alors qu'il s'apprêtait à remonter dans le train tubulaire transparent à la trajectoire sinueuse, qui servait d'accès au restaurant, une tempête éclata et le propulsa dans un futur proche. Il se retrouvait assis dans ce train, sur le chemin du retour, et il pleuvait. L'eau de pluie faisait réagir les parois du train, qui passaient de la transparence à une simple translucidité. Ercole tentait de discerner le paysage avec mélancolie, en se demandant où Val avait bien pu passer. Puis le réveil. Elle était là, à côté. Juste à côté.
Il se rendit compte que la rue où il cheminait longeait le Parc...
Autant prendre la voie la plus naturelle.
... Et préféra ce chemin de verdure moëlleux et accueillant au trottoir stérile de la rue. Le vent faisait jouer une douce musique aux feuillages des arbres, Ercole en fut averti par leur mouvement frémissant, et retira pour un temps ses écouteurs de ses oreilles, où la persistance sonore de Dissolved Girl se mêlait à présent à la musique apaisante faite par l'archet du vent sur les cordes des arbres.
A suivre. | | |
| . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (3) | | Re: Le voyageur aliéné Posté par sachou le 22/08/2008 15:32:33 | et la suite alors??? :D | | Re: Le voyageur aliéné Posté par lollie le 13/11/2006 10:57:25 | :)
tu connais mes impressions. jsuis amoureuse de ton roman, depuis la 1ère fois que tu me l'a fais lire. Et pas seulement pour tusais quoi ( (a) ), mais aussi tout simplement parce que c'est BEAU, c'est magique, c'est...c'est...c'est toi :$
merci (f) | | Re: Le voyageur aliéné Posté par zeromantik le 11/11/2006 11:18:00 | J'aime les phrases longues et pleines de descriptions imagées
J'aime les pensées destructurées du héros, rapportées juste de la bonne façon
J'aime le chat qui est déplacé dans cette histoire, et c'est bien ce qui en fait un personnage à part entière
J'aime :D | | . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (3) |
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