| Le monde est moche" Si vie et mort joignent leurs doigts pour t'étrangler, Trop morte vie et mort trop vive, alors t'imposent De rejoindre en germe de fleur et grain de blé L'essentiel des choses. "
(Roger Rabiniaux in La fin de Pédonzigue)Musique à écouter pour lire cet article : http://minilien.com/?ruivottLF8
7H32, heure locale_ Le soleil venait tout juste de se lever lorsque Nicolas se réveilla en sursaut, à cause de la sonnerie stridente de son téléphone portable : les paupières s'ouvrent lentement, laissant le temps à la rétine de s'habituer à la lumière alentour. Trop de lumière d'ailleurs. Les premières images qui arrivent au cerveau par les nerfs optiques, sont : une toile de tente qui filtre la lumière du jour et des vêtements épars. Choc électrique à l'intérieur du cortex ; les motoneurones entrent en action. Nicolas se surélève sur ses coudes pour analyser la situation dans laquelle il est. Enfin les souvenirs arrivent à toute allure. La veille, alors qu'il cherchait désespéramment un camping dans la campagne profonde du sud de la France, il avait fini par planter sa tente au beau milieu d'une clairière, jusqu'où il avait pu amener sa voiture, une vieille R5 qui roulait encore grâce à la bonne volonté du Saint-Esprit sûrement.
A peine eu-t-il fini de s'habiller et de ranger son logis provisoire, qu'il décida d'inspecter les alentours avant de reprendre la route dans la matinée. Sa surprise fut énorme, lorsqu'il découvrit, à peine sorti, un enclos rempli de dindons en plein milieu de la forêt. Fasciné par la présence de ces bêtes qui étaient au nombre de 6, Nicolas s'approcha. Seul un bâtiment en briques nues, de 5 mètres sur 2 mètres environ, s'imposait en ces lieux que Nicolas ne reconnaissait pas comme ceux de la veille. Comment avait-il pu ne pas faire attention à cet enclos ? Les dindons gloussèrent à l'approche du garçon. Point méfiants, ils s'approchèrent du grillage lorsqu'il passa sa main dans l'enclos...
Le cri d'une enfant se fait soudainement_"Nooon !... "_ Le cri s'intensifie. Une nuée d'oiseaux prend son envol vers les cieux. Couché dans l'herbe, un gamin tiens la main d'une fille de son âge tout en s'imaginant les formes que peuvent dessiner les nuages au milieu de l'océan azur du ciel. _ "Tu penses à quoi Nicolas ? "_ Le garçon examine cet ange qui se penche au dessus de lui, tentant de se noyer dans le vert ambré de l'iris de sa copine. _ "Je pense... Que si je pouvais attraper le monde... Je te l'offrirai. ". Eclats de rire. _ "Le monde est moche Nicolas"_ "Mais... "_ "Non Nicolas, le monde m'a tout pris. Et il me prendra jusqu'à mon dernier souffle... C'est maman qui me l'a dit. "
Saut dans le temps. Une pièce aux murs blancs vient à l'esprit de Nicolas. Au centre de la scène, un lit. Et dans ce lit, la même jeune fille. Elle sert la main du garçon à lui briser les doigts. Une larme, petite perle translucide, trace son chemin sur sa joue blanchâtre_ "Lutte pour ta survie... ". Puis le lit sort de la pièce, pour s'éloigner dans les profondeurs de l'hôpital. Arrivé au bloc opératoire, Nicolas sait qu'il n'ira jamais plus loin et il dépose un baiser sur le front de la fille_ "Le monde est moche... ", dit la petite fille dans un murmure.
Les cris recommencèrent, ponctués de sanglots ; puis Nicolas revoit le médecin qui vient lui annoncer que c'est fini. Et le lit revient. Impeccablement blanc et vide. Les images s'enchaînent ensuite : le volant de la voiture, le paysage qui défile à grande vitesse, le vide... Le noir. Du sang. Beaucoup de sang. Et encore ce noir. Une voix au loin lui dit de tenir, et enfin le visage de sa mère qui n'arrête pas de lui répéter qu'il leur a fait une peur immense.
Des cris. Encore des cris. Du sang. Le noir. Le visage de la jeune fille. Encore et encore. Toujours la même chose...
Nicolas retira sa main du grillage, ouvrant soudainement les yeux.
Le garçon ne s'était jamais remis de la mort de sa meilleure amie (_ "Le monde est moche Nicolas... "). Elle aura souffert de sa pneumonie jusqu'à la fin. Le monde est moche, c'est vrai. C'est un peu comme s'il avait perdu la moitié de son cœur à l'âge de 19 ans : il avait ensuite voulu se suicider. Sans jamais y parvenir, malgré la gravité du crash. Comme si le monde voulait le séparer pour toujours de la dernière chose pour laquelle il tenait : son amie. Il faisait tout pour oublier. Après un an de deuil, beaucoup de larmes versées, et de cauchemars ou il voyait la jeune fille mourir et mourir encore, il décida que pour sa propre survie, il devait l'oublier pour toujours. Il était donc parti. Pour seul but d'aller le plus loin possible. Et voilà que la vue des dindons lui faisait ressurgir des souvenirs enfuis au plus profond de son cœur, souvenirs qu'il avait réussi à oublier.
Tranquillement il s'en retourna à sa tente pour la démonter : il voulait partir le plus vite possible. Lorsqu'il eu finit, il se remit au volant de sa R5. Et c'est alors qu'il se rendit compte, en regardant dans le rétroviseur, que l'enclos à dindons n'y était plus. Lentement il ouvrit la portière, et se dirigea à l'endroit même où il s'était trouvé quelques heures auparavant. Il était clair qu'il n'y avait point d'enclos, et encore moins de dindons. Son imagination lui jouait des tours. _ "Lutte pour ta survie... " Disait sa propre voix ; _ "Le monde est moche" lui répondait une petite voix en pleurant. Tout était en train de tourner autour de lui. Nicolas courut vers sa voiture, démarra en trombe. Et le noir se fait soudain. Il tente d'ouvrir ses paupières, mais impossible... _ "Le monde est moche Nicolas... "_ "Nooon !... " La vu lui revient, et il voit du sang partout. Des cris et encore des pleurs. Il revit son accident de voiture. Tout en revivant la mort de sa copine. Puis la nuée d'oiseaux revient se poser autour de lui.
Nicolas se réveille brusquement. Première image : une toile de tente qui filtre la lumière du jour. Ce ne pouvait être un rêve, pense Nicolas. Trop réel. Il ouvrit brusquement la fermeture de la tente, et découvrit non loin de là, un enclos, où 6 dindons l'observaient en jacassant, comme s'ils se moquaient de lui... | | |
| . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (40) | | Re: Le monde est moche Posté par mayunine le 05/09/2008 00:54:26 | Bien cette idée des dindons^^ ça offre un suspens original | | Re: Le monde est moche Posté par dwigo le 31/05/2007 01:47:15 | lost child --> T'aggle ma chérie. Tu verra, ton pôpô il sera jamais vieux comme les humains. | | Re: Le monde est moche Posté par lost child le 04/05/2007 23:52:22 | Oui mais dans dix ans ta peau commencera à se flasquifier et tes cheveux blancs à sortir de leur caverne huhu
Tu seras mignon aussi comme ça :D | | Re: Le monde est moche Posté par dwigo le 04/05/2007 19:03:30 | huhuhu^^
Merci :-):-):-)
... 10 ans *-)... 10 ans ! :-| Mais mais... ! Je compte bien vivre plsu longtemps que ça ! | | Re: Le monde est moche Posté par lost child le 04/05/2007 18:39:17 | *Marche vers lui d'un pas décidé, se lève sur la pointe des pieds(hééé obligé) et lui fait un bisou magique sur la joue* (k)
ne t'inquiète donc pas, il te reste encore dix ans huhu
ah tiens... mais c'est vrai ça, t'as un cheveu blanc au dessus de l'oreille | | . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (40) |
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