| Le LivreUn secret bien caché déchaîne les passions..."Dans les années 60, un secret se cache dans l'un des livres de la bibliothèque d'un commerçant argentin cultivé : le récépissé de dépôt dans une banque suisse de 27 millions de francs, daté de janvier 1944, dissimulé dans l'édition originale en allemand du Joueur d'échec de Stefan Zweig. Le récépissé est au porteur... Mais personne, pas même le propriétaire du livre, ne connaît l'existence de ce document caché. Et c'est précisément l'histoire et le contexte de son arrivée en Argentine, une vingtaine d'années auparavant, alors des sous-marins allemands débarquent clandestinement en Amérique latine leur contingent d'or, d'argent, de bijoux, d'œuvres d'arts et de fuyards du régime nazi en déroute, qu'entreprennent de nous raconter Muñoz et Sampayo." (Présentation Casterman)
La collection "Romans" de Casterman se dote d'une nouvelle œuvre forte avec Le Livre, bande dessinée réalisée par deux argentins. Les auteurs touchent un sujet encore peu exploité : la fuite des nazis après leur défaite avec toutes les richesses qu'ils avaient pu accumuler. Mais un de leur butin leur est dérobé : un livre, Le joueur d'échec de Stefan Zweig. Il est étonnant que des nazis puissent porter tant d'attention à l'œuvre d'un juif dont on brûlait les livres en autodafé dès 1933 en Allemagne. Moins étonnant quand l'on sait que leur intérêt ne réside pas dans la valeur littéraire du roman mais dans un bout de papier qui se trouve caché entre deux pages. Le choix de Zweig par les nazis prend alors tout son sens, quelle meilleure cachette en effet ? Qui pourrait soupçonner que le livre d'un juif puisse avoir de la valeur ?
A travers les pérégrinations du livre qui passe de mains en mains, les auteurs nous évoquent toute une galerie de personnages. Nous suivons son parcours jusqu'aux années 60 où les descendants des nazis le recherchent toujours. D'ailleurs leurs méthodes pour le récupérer ne sont pas tellement plus douces. Le livre est donc au cœur de toutes les convoitises, mais pas toujours pour les mêmes raisons. Si les Allemands ne s'intéressent qu'au récépissé, Huergo, véritable bibliophile et ignorant le secret qui se cache dedans, possède cet exemplaire original pour sa valeur inestimable, Primo Sansegundo lui rachète ainsi que tout le reste de sa bibliothèque pour humilier Huergo. Le livre sert donc aussi de prétexte aux auteurs pour faire se croiser des personnages et déchaîner des passions (cupidité, jalousie, sexe, haine, violence...).
Le dessin de Muñoz alterne entre les traits assez fins et les masses noires. Son graphisme est très suggestif. Il ne cherche pas à réaliser un dessin bien lisse, bien léché, mais à faire passer des émotions ou des impressions. Le jeu entre le noir et le blanc révèle les zones d'ombre des personnages. Certaines fois les formes sont difficilement distinguables, elles envahissent le paysage tout en donnant l'impression que l'on essaye de percer un mystère qui doit rester dans l'ombre. Avec cette nouvelle bande dessinée Muñoz confirme qu'il est bien un maître du noir et blanc.
Titre : Le Livre
Auteurs : Muñoz et Sampayo
Editeur : Casterman
Collection : Romans | | |
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