| Le Jeune CasselSi l'"entertainment" avait un visage, ce pourrait être celui de Vincent Cassel. Des "Rivières Pourpres" à "Sur mes lèvres" en passant par le "Pacte des Loups", notre acteur-danseur-acrobate est aussi présent qu’omniprésent...Fils du comédien Jean-Pierre Cassel, Vincent est né le 23 novembre 1966 à Paris.
Des comme lui, on n’en a pas beaucoup. Tous les registres, toutes les époques, un gros physique, l’enfance de la balle, la danse, le cirque, les arts martiaux… Le jeune Cassel se prédestine tout naturellement vers les métiers de scène. Son père ne s'appelle pas Jean-Pierre Cassel pour rien… Le choix de la scène est plus difficile. Sera-t-il chanteur après avoir suivi les cours de Suzanne Sorano ? Sera-t-il acrobate après un enseignement reçu à l'école de cirque d'Annie Fratellini pendant quatre ans ? A moins qu'il ne devienne acteur. Auquel cas, les cours qui lui ont été dispensés par Jean Périmony, ainsi qu'à l'Actors' Institute de New York et à l'Atelier International de Théâtre où il a Blanche Salant et Paul Weaver pour professeurs, lui seront d'une grande aide. C'est d'ailleurs vers cette branche qu'il se dirige. On le voit ainsi au théâtre, dans Les oiseaux, Le théâtre de foire, Bistro, Le pointeur, etc., ainsi qu'à la télévision dans plusieurs téléfilms : La belle Anglaise, Dose mortelle, Amour et chocolat (avec la sculpturale Bo Derek)… Le cinéma retiendra ses faveurs, et il débutera en 1988 sous la direction de Didier Kaminka dans Les cigognes n'en font qu'à leur tête. Il enchaînera ensuite plusieurs rôles, dont le plus important est très certainement celui tenu dans La haine, de Mathieu Kassovitz, qui le fit connaître du grand public. Avant de reprendre du galon dans les personnages durs et un tant soit peu décérébré (c'est lui le Dobermann en question), on reverra Cassel dans des rôles hors normes, des genres variés : le drame intimiste (Ainsi soient-elles, Adultère (mode d'emploi), L'appartement) ou le film à costume (Jefferson à Paris, L'élève).
Puis il a droit à pas mal de consécration puisque, ces dernières années, il partageait le haut de l’affiche du Pacte des Loups, des Rivières Pourpres et de Jeanne D’arc ; qu’on peut toujours l’entendre dans Shrek, en Robin des Bois (VF et VO) ; qu’on le retrouve en ex-taulard minable dans Sur mes Lèvres, de Jacques Audiard ; qu’on le retrouvera demain, en Russe (et en russe), aux côtés de Nicole Kidman et Mathieu Kassovitz dans Birthday Girl et l’année prochaine en aventurier Bob Morane, le héros d’Henri Vernes étant mis en images par Christophe Gans, après avoir été mis en BD par William Vance. Sinon, il envisage de tourner bientôt avec Stephen Frears et, il y a quelques mois, il venait de finir Irréversible, du peu classable Gaspar Noé (Carne, Seul contre tous), histoire en flash-back successifs et en douze plans-séquences où il remonte, avec Dupontel, la piste du violeur travelo de Bellucci ; un film qui réunit pour la septième fois en une sixaine d’années les prénom de Monica et Vincent.
En attendant, Vincent est aussi cool que ponctuel. Et tous ceux qui le fréquentent ou travaillent avec lui s’extasient sur son compte. On les comprends.
Quand Doberman était sur les écrans, il était un jeune chien fougueux d'un cinéma français qui essayait de créer une génération jeune et branchée. Désormais, ce loup sauvage, adepte des rôles noirs et bruts, bouge d'un univers à l'autre avec une certaine classe et un réel plaisir.
Il est un des rares acteurs à passer de Mimouni à Kounen, de Kasso à Audiard, de Kapur à Gans. Il y a une nébuleuse d'auteurs-réalisateurs, une sorte de famille, d'un certain cinéma français ou européen. Sa jeune carrière ressemble un peu aux débuts d'un bébel, en voyou apprivoisable.
On peut oublier ses quelques petits détours dans la comédie de mœurs à forte dose de virilité et d'exhibitionnisme. Son image d'hétéro mâle s'est aussi construite avec ces petits tracas et ces modes d'emploi. Le romantisme s'exprime davantage dans "L'appartement", où il courre après la femme idéale. Il est déjà un acteur remarqué (violent dans La Haine, sage dans L'élève, travesti dans Come mi vuoi). Mais Gilles Mimouni esquisse ses premiers traits de héros volontariste, piégé par sa propre quête. Juste après, c'est Kounen qui le révèle dans Doberman. Cassel a le jeu idoine, rebelle, chef de bande, explosant de rage et l'adrénaline au max. De quoi installer une image durable dans un film qui choque tout le monde même les critiques affolées de Libé.
Bizarrement son décollage devra patienter. Les magazines sont persuadés de tenir un futur Depardieu, font leur Une avec. Des photographes s'amusent avec lui dans toutes les situations pour différents canards de mode ou de ciné.
Kasso, le pote, lui donne une troisième occasion de faire le larron. Dans Les Rivières Pourpres, face à Réno, il est turbulent, physique, se bat comme une star US dans un film d'action. Il est flic. Le film cartonne. Son statut se confirme avec le rôle du méchant dans Le Pacte des loups. Pourtant, si les deux films sont d'énormes hits qui le rendent très populaires, on ne peut pas dire qu'en tant qu'acteur il nous bluffe. Il s'imite même. Ca agace. Des tics d'acteur, si jeune, c'est frustrant. Il faudra donc attendre sa rencontre avec le grand cinéaste Jacques Audiard. Le fils du dialoguiste génial avait donné deux des plus beaux rôles à Kasso. Il offre à Cassel un personnage splendide.
Car la différence entre Cassel et beaucoup d'autres de sa "génération", c'est le charisme. C'est certain. Qu'on ne le trouve pas beau (selon les critères esthétiques en vogue) ou qu'on n'apprécie pas son tempérament, sa personnalité, cela reste une affaire de goût. Mais il est indéniable que son talent de comédien est souvent sous-exploité.
Audiard a réparé l'erreur. Le rôle de Paul dans Sur mes lèvres est magnifique et taillé au couteau pour Cassel. Il a le regard d'un chien battu, les bleus d'un mec désespéré et pas aidé par la société, la marginalité des gangsters prolo, la démarche, la voix... Il n'a jamais été aussi loin dans la profondeur des sentiments, dans la subtilité et la nuance. Il est même à l'opposé de tout ce qu'il a joué jusqu'à présent. Son romantisme n'est plus lumineux et sensuel comme chez Mimouni, mais bien pessimiste, lugubre, froid.
Racaille ou dur à cuir, dragueur ou salaud, il ne s'embarrasse d'aucune moralité, fait confiance aux styles singuliers des cinéastes qu'il apprécie, permet au cinéma de genre d'exister auprès du plus grand nombre. En se créant un cercle d'amis et une sorte de loyauté, il apparaît comme un chef de file visible de cette nouvelle vague dont on parlait tant au milieu des années 90. Aujourd'hui tout cela s'embourgeoise, se popularise. Mais Cassel ne perd pas de son éclat. Au contraire, il assume avec frime un panache qui manquait dans notre paysage cinématographique.
Comédien (Cinéma)
2003 :
- Bob Morane, de Christophe Gans
2002 :
- Irréversible, de Gaspar Noé
avec Monica Bellucci, Albert Dupontel
- Ice Age (L'Age de Glace) (voix de Diego en VF)
2001 :
- Le Pacte des loups, de Christophe Gans
avec Monica Bellucci, Samuel Le bihan
- Sur mes lèvres, de Jacques Audiard
avec Emmanuelle Devos
- Shrek (voix de Robin des bois en VO et VF)
2000 :
- Femmes enragées de Philippe Darsac
- Birthday Girl, de Jez Butterworth
avec Nicole Kidman, Mathieu Kassovitz, Ben Chaplin
- Le Prétendant, de Gilles Mimouni
- Les Rivières pourpres, de Mathieu Kassovitz
avec Jean Réno, Nadia Farès
1999 :
- Jeanne d'Arc, de Luc Besson
avec Milla Jovovich, Tcheky Karyo, Pascal Greggory, Dustin Hoffman, Faye Dunaway, John Malkovich
- Guest House Paradiso, de Adrian Edmonson
1998 :
- Elizabeth, de Shekhar Kapur
avec Cate Blanchett, Geoffroy Rush
- Le plaisir et ses petits tracas, de Nicolas Boukrief
avec Monica Bellucci, Mathieu Kassovitz, Caroline Cellier, Julie Gayet
- Méditerranées, de Philippe Bérenger
avec Monica Bellucci, Richard Bohringer
1997 :
- Doberman, de Jan Kounen
avec Monica Bellucci, Tchéky Karyo, Antoine Basler
1996 :
- L'appartement, de Gilles Mimouni
avec Romane Bohringer, Monica Bellucci, Jean-Philippe Ecoffey, Sandrine Kiberlain
- Come mi Vuoi, de Carmine Amoros
avec Monica Bellucci, Enrico Lo Verso
- L'élève, d'olivier Schatzky
avec Caroline Cellier, Jean-Pierre Marielle
1995 :
- La Haine, de Mathieu Kassovitz
avec Saïd Taghmaoui
- Adultère, (mode d'emploi), de Christine Pascal
avec Richard Berry, Karine Viard
- Blood of the Hunter, de Gilles Carle
avec Michael Biehn
- Jefferson in Paris, de James Ivory
avec Nick Nolte, Gwyneth Paltrow, Thandie Newtown
1993 :
- Métisse, de Mathieu Kassovitz
1992 :
- Amour et Chocolat, de Josée Dayan
avec: Bo Derek
1991 :
- Les clés du paradis, de Philippe de Broca
avec Gérard Jugnot, Pierre Arditi, Fanny Cottençon
Comédien (Théâtre)
- Le pointeur, d'Anthony Souter
- Une petite entaille, de Xavier Durringer
- Bistro, de Jean-Marc Boeglin
- Bal trap, de Xavier
- Don't Triffle with love, de C Verger
- Le théatre de foire, de Jean-Louis Barreault
- Les oiseaux, de Jean -Louis Barreault
Réalisateur
1998
- Shabbat night fever (court métrage)
- Echantillon 97 (court métrage)
Producteur
Capoëra, la danse des guerriers, de Christophe Bernard
Lorsque Jean-Yves Katelan, du journal Première, lui a demandé pourquoi il était le meilleur, il a répondu :
« Pourquoi je suis le meilleur ? Eh bien… Merci. Ecoute, il y a plein de gens fantastiques. La chance que j’ai eu jusqu’à maintenant, c’est de faire des films qui étaient toujours, d’une certaine manière, novateurs. Il y a plein de bons acteurs : Simon Abkarian [qui joue dans les films de Klapish], Benoît Magimel, Romain Duris, Zinedine Soualem, Ouassini Embarek [qui joue dans Total Western, d’Eric Rochant], Mathieu [Kassovitz] … Le problème, c’est que, souvent, personne ne les connaît parce qu’il faut aussi faire de bons films. En plus, rares sont les films qui provoquent quelque chose, par ce qu’ils disent, mais aussi par la manière dont ils sont faits. J’ai eu l’impression de faire partie de pas mal de films comme ça. Je pense à La Haine [Kassovitz, 94], à Doberman [Jan Kounen, 96], à Metisse [Kassovitz, 93], à L’Appartement [Gilles Mimouni, 95], au Pacte des Loups [Christophe Gans, 00], à ce qu’on vient de faire avec Gaspar [Irréversible, de Gaspar Noé, avec aussi Monica Bellucci et Albert Dupontel] … Autant de films qui avaient le potentiel de foutre un peu la merde chacun dans son style. Je me reconnais un peu là-dedans et je suis fier de les avoir faits, même lorsqu’ils n’ont pas marché. »
Vincent dit...
« J’aime bien ne pas me reconnaître à l’écran, être spectateur malgré moi, avoir des manières de réagir qui me surprennent. C’est mon seul baromètre pour savoir si j’ai fait quelque chose d’intéressant. Sur le film de Gaspar [Noé,Irréversible], j’ai eu le sentiment contraire : comme il n’y avait pas de scénario, j’étais libre à un point que je n’avais jamais expérimenté, rien à quoi se raccrocher ; du coup, ce qui sortait de nous dans les scènes était totalement volé. Contrairement au film de Jacques [Audiard, Sur mes lèvres] où c’est le plaisir de construire et de fabriquer un univers en le rendant naturel, dans le film de Gaspar, c’est pas ce que tu fais, c’est ce qui t’échappe. »
« Je crois que les Américains t’appellent pas en te disant : « Je vais te filer 3 millions de dollars si tu viens faire un film. » Ils te disent plutôt : « T’es content de faire un film avec nous ? Alors tu vas prendre 2,50 F et tu vas fermer ta gueule. » En fait, ce qui m’emmerde, c’est de "faire l’Américain", de la même manière que je n’ai pas eu envie de "m’intégrer au cinéma français". J’aurais beaucoup de mal à aller me faire passer pour ce que je ne suis pas. » | | |
| . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (3) | | Re: Le Jeune Cassel Posté par quanta le 20/08/2004 07:47:48 | Voilà un bon article !!!!!!!!
Tu écris très bien pour ton age Pierre. Tes arguments sont convaincquants. D'ailleurs pour te le prouver, moi qui n'est pas vu Sur mes lèvres, je vais m'empresser de le regarder.
J'aime bien Vincent Cassel sans pour autant être fan et il me tarde de voir Irréversible ;-) | | Re: Le Jeune Cassel Posté par lexbbgm le 20/08/2004 07:47:48 | Ouf c'est fini !! quel barantin, tu pourrais en faire un bouquin avec tt ce que tu connais sur lui. Une question me vient, toi qui le connais si bien, il est plutot slip ou caleçon ?
Article bien mais trop long | | Re: Le Jeune Cassel Posté par coolup le 20/08/2004 07:47:48 | pfiou ça c'est de l'exposé, désolé mais pour ma part pas le temps de le lire... Mais comme j'aime beaucoup cet acteur et du peu que j'ai vu tu le respecte en tant qu'acteur je ne peux qu'être de ton avis...lol
bon article | | . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (3) |
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