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La 9ème vie (1)

Une légende dit que lors de la 9ème vie d'un chat, l'animal peut prendre forme humaine afin d'aider son maître à réaliser un de ses rêves... Un brin d'amour, une touche de tristesse, une larme de passion, et voici que née le premier chapitre de cette histoire qui vous prendra par les sentiments.


Se tenant la tête pour ne pas sombrer dans le sommeil, Luca tente de faire bonne figure à table. Repas de famille, comme tous les 12 Février, pour célébrer l'anniversaire de madame Martin. Long et pesant sur l'estomac, cet amalgame de nourriture fait figure d'orgie romaine aux yeux du garçon. Comment des êtres aussi censés, se faisant appeler "Humains", pouvaient accepter toute cette pitance amenée gracieusement morte et décorative sur une table trop chargé en couverts clinquants et ridicules ? C'est jour de fêtes à la maison, et qu'il le veuille ou non, il en sera ainsi encore jusqu'à ce que la vieille dame nous ait quitté les deux pieds devant.
Madame Martin n'est pourtant pas un membre de la petite famille de Luca. Simplement une voisine de longue date, qui n'a plus toute sa tête. Ce genre de personne qu'on prend en compassion au bout de quelques années, lorsqu'on comprend qu'il lui reste peu de temps à vivre. Ce que les Hommes peuvent être cupide lorsqu'il s'agit d'héritage promis, faute d'enfants et de mari...
Je vois bien que Luca pense comme moi, mais impossible de manifester quoi que ce soit sous peine de me retrouver dehors. Il fait beaucoup trop froid à l'extérieur pour tenter ne serai-ce qu'un miaulement. Vous n'imaginez même pas dans quelle colère se met la mère, lorsque je vais sur le lit de mon petit maître ! Alors miauler pendant ce moment de culte au Dieu nourriture en deviens insensé. Cependant ce n'est que par peur du froid que je résiste à cette envi, qui me chatouille les moustaches, de me sentir exister. Juste un moment. Aussi bref soit-il, mais assez pour que Luca tourne son regard vers moi, qu'il comprenne ma solitude, et qu'il m'entraine dans son paradis du jouet qu'est sa chambre.
Bientôt 3 ans que j'étais dans cette famille. Jamais je n'en ai connu d'autre, mais comme j'entends souvent : "l'herbe est plus verte chez le voisin". Mais Luca m'aime trop pour que je l'abandonne. Il a autant besoin de moi que moi de lui. Si la mère est une vraie maniaque de la propreté, le père est une vraie larve, qui passerait son temps devant les écrans si sa femme ne l'obligeait pas à faire des choses. Quand je dis des "choses" ... C'est un bien grand mot ! Vu que les domestiques s'occupent de la majorité des taches ménagères. Même ma patté pour chat m'est servi par Trevor, le cuisinier. Tous les jours c'est le même manège, les gens vont et viennent dans la maison, sans faire attention à cette boule de poils blanc qui re-revisite pour la énième fois, chaque parcelles de la grande maison.

Rapidement mes paupières se ferment d'elles même, sans que je ne bouge la moindre moustache, bercé par les voix de ces humains et les claquements des couverts... Ce n'est qu'au bout d'un laps de temps (qu'il me serai impossible de déterminer) qu'ouvrant un œil, j'eu la certitude que le supplice de Luca prenait fin. Les mains se serrent, les bisous claquent sur les joues, et les voix se font plus fortes. La mère Martin a déjà repris sa canne, et se dirige d'un pas peu rassurant vers la porte d'entrée. Etirant mes pattes avant pour me sortir de mes rêves félins, je ne pense alors qu'a une seule chose : me jeter sur les genoux de mon maître pour profiter de caresse. Mais voilà que la vieille dame s'arrête sur mon pelage et en teste la structure de sa main ridées. Bien sûr je n'aime pas décevoir les gens, alors je commence à ronronner, mais c'est un vrai supplice que l'on m'impose à cet instant précis.

_ "C'est un bel animal que vous avez là !" s'exclame la dame, d'une voix chevrotante,

Mais personne ne semble avoir entendu, et la femme reprend sa dangereuse excursion vers la poignée de la porte, avant de disparaître de mon champ de vision. Je pensais alors pouvoir (enfin !) assouvir mes besoins affectifs, lorsque je m'aperçu que Luca n'était plus à sa place.

Direction la chambre. Le seul endroit où Luca se sent en sécurité, au milieu de ses jouets, entre ces quatre murs de posters de ses stars de basket préféré...


Fuir au plus vite le brouhaha de ce monde si bruyant, tel était mon objectif. La vie de tout félin est gérée par deux critères primordiaux pour la survie de notre caractère affectif : le calme et les câlins. Tout humain ne respectant pas ces critères se voit généralement affublé d'une créature qui ne pense qu'à manger et faire ses griffes sur toutes les surfaces résistantes à ses griffes... Cependant, du haut de leur taille immense, les humains ne se préoccupent pas tant que ça de ce qui se passe au niveau de leurs pieds. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils sont si inhabiles lorsqu'ils tentent de vous éviter tout en marchant. C'est si drôle de les voir lorsque leurs pattes se croisent et se recroisent jusqu'à la chute finale... Et à ce moment là vous filez vous cacher pour observer cet humain rabaissé à votre niveau, pester contre tout et n'importe quoi. C'est si drôle, mais tellement dangereux... Un jour je n'ai pas eu autant de chance, et le père de Luca m'est tombé dessus avant même que j'ai pu bouger le moindre coussinet. La masse de graisse qui s'était abattu subitement sur moi m'a longtemps fait souffrir, mais le pire fut la punition que m'infligèrent les parents de mon maître : obligé de passer la nuit dehors ! Vous n'imaginez peut être pas la gravité de la situation, mais à chaque fois que je me retrouve seul dehors, je suis à la merci de tous les chats errants du quartier, qui viennent me siffler aux oreilles des miaulements de jalousie, jusqu'à ce que je décide de me battre. Non pas que ça me déplaise de temps en temps de jouer des griffes et des crocs, mais... Je prends énormément soin de mon pelage, j'évite au maximum de me mêler à toute effluve de violence.
Pour l'heure, caché sous la chaise vide de mon petit maître, j'entreprends une séance de toilettage. Depuis la porte d'entrée, je sais que le père est en train de me surveiller : il a peur que je saute sur la table pour voler. Mais s'il savait à quel point leur nourriture me dégoûte ! Mais j'aime les voir sur le qui-vive. Près à me bondir dessus à la moindre occasion... Délicatement je lèche une de mes pattes antérieures et me la passe derrière l'oreille. Je ne sais pas pourquoi, mais les humains ont peur quand je fais ça. Ils deviennent complètement dingues et crient dans toute la maison "Il va pleuvoir ! Ce stupide catas a passé sa patte derrière son oreille ! Et moi qui comptais profiter du soleil !... "
Une bande d'idiots je vous dis... Comme si je pouvais modifier le temps d'un simple coup de langue bien placé. Remarque... Se serait bien si c'était possible ! Lorsque monsieur va faire du vélo, ou que madame prend la voiture dont elle ne sait pas mettre la capote ? Cruel que je suis ! J'aime tant cela voir les humains souffrir... Il n'y a qu'un ici que je respecte : Luca. Et il me le rend bien croyez-moi ! A croire qu'il comprend mes désirs au moindre miaulement.


L'absence de réaction du père m'inquiète. Son regard semble lancer des éclairs, et la seule solution possible semble la fuite, avant que l'orage éclate. Alors d'un bond, je me rue dans l'escalier de bois qui mène aux chambres. Celle de Luca est tout au fond du couloir. C'est la seule pièce où mes coussinets se plaisent à fouler cette moquette si douce dans laquelle j'aime me rouler parfois sous les caresses du petit d'homme.
En parlant de lui, le voici allongé sur son lit, la tête entre ses bras. Se pourrait-il qu'il se soit laissé aller dans les bras de Morphée ? Non. D'une part, cela n'a jamais été dans les habitudes du garçon, mais aussi parce que je ne mis que peu de temps a remarqué la petite étoile cristalline qui se frayait un chemin sur la joue du petit.
Lorsque Luca est heureux, je le suis aussi. Et s'il est triste, je ressens chacune de ses douleurs comme si elles étaient miennes. Alors je me frotte contre son bras nu, dans un ronronnement qui est censé réconforter. Mais les larmes se mettent à couler de plus belles. J'ai beau scruter cette pupille humaine qui me regarde dans le vide, je n'arrive à sonder l'origine de ce chagrin. Une chose est sûr, je n'en suis pas la cause, car une main est en train de me parcourir l'échine. Je sens chacun des doigts du jeune explorer la moindre parcelle de mon pelage. Lentement mes paupières inférieures se ferment d'elles même, puis c'est au tour de mes paupières supérieures, alors que mes pattes plient sous l'effet de la fatigue. Je me mets en boule contre mon maître, en espérant que celui-ci aura la même idée : dormir pour oublier. Demain sera un nouveau jour.


Une voix murmure mon nom. Elle semble si éloignée que j'ai du mal à comprendre. Mais le "En-vy" semble se rapprocher de plus en plus. Non. Plus exactement je sort de mon sommeil, sous la pression de la main de l'enfant sur ma nuque.
_ "Envy tu es réveillé ?", mon petit maître m'observe de ses grands yeux bleus encore remplis de larmes.
Envy ne dors plus non ! J'aurai bien continué à ne rien faire, mais lorsque Luca prononce mon nom avec autant d'insistance, c'est qu'il y a urgence. Je n'aime pas ces deux syllabes qu'on m'a affublé à ma naissance par ces humains. Envy. A prononcer "Haine-vie". Complètement stupide, mais que voulez vous ? C'est la vie...

Tout en me caressant, Luca commence à se confier sur ce qui le fait broyer du noir...


(à suivre...)
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Re: La 9ème vie (1)
Posté par soapland le 04/06/2007 18:28:02
raaaah, la suite pleazzzz
moar! :D
Re: La 9ème vie (1)
Posté par dwigo le 01/06/2007 02:40:29
ushiwa.sasuke --> Toujours fidel lecteur ;-) (k) (ça fait plaisir :-) )

J'envoi la suite dès que j'aurai réglé mes petits soucis irl ;-)
Re: La 9ème vie (1)
Posté par ushiwa.sasuke le 31/05/2007 15:46:19
Tjs aussi bon dwigo comme dab :)

à toi de jouer pour envoyer la suite ;)
Re: La 9ème vie (1)
Posté par dwigo le 31/05/2007 01:28:20
hell --> Sympa yep :p

Pis j'ai de l'aide a la maison pour decrie les attitudes des chats, avec les 4 monstres (6)
Re: La 9ème vie (1)
Posté par hell le 31/05/2007 01:10:05
Bon j'ai mis du temps à la lire, mais je ne regrette pas :-p
J'adore les descriptions, comme dans les S.King ;-)
Et l'atmosphère, surtout que celle qui m'entoure en ce moment y est propice.
C'est sympa d'avoir l'impression d'être un chat ^^
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L'auteur : Nalesk ya Zdes` !
38 ans, Lyon-plage (France).
Publié le 24 mai 2007
Modifié le 22 mai 2007
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