| L'oubliHistoire courte sur une rupture qui laisse présager d'autres rencontres...Il marche au hasard dans les rues de la ville. La nuit l'entoure de ses bras assurés, comme ceux de l'homme qu'il avait aimé, avant.
A tâtons entre des rues inconnues, de flaques en flaques, de porches en porches, il cherche un chemin qu'ils auraient pu prendre ensemble.
La nuit est entrée en son cœur, mais c'est une nuit paisible et calme, il ne pleure pas, sait qu'il n'a plus de larmes.
Autour de lui les gens, les choses, les bâtiments, tout lui semble sorti d'un autre monde, comme si plus rien ne devait exister, puisqu'il est parti.
A la recherche d'un autre espoir, d'un estuaire à la douleur qu'il ne ressent même plus, il avance, sans but.
Seul au dehors et au-dedans, il lui parle, dans sa tête. Puisqu'il ne l'entend pas, il peut lui dire tant de choses. Ce ne sont plus des reproches, il n'a plus de haine, il comprend.
"Tu es parti un mardi, lui dit il, ne me laissant comme souvenir de toi qu'un mot sur une feuille froissée."
Il s'arrête sur des marches anonymes, s'allume une cigarette, continue de lui parler.
"Je t'aime encore, mais c'est un amour pur, je peux continuer à t'aimer sans que tu sois là, et je sais qu'un matin je me lèverais sans même penser à toi, alors, ce matin sera le premier jour du reste de ma vie sans toi."
Les couples qui passent devant lui, lui rappellent qu'il ne sera jamais comme eux, jamais une femme ne se tiendra à son bras et le regardant de ce regard là. Jamais.
Mais il l'a accepté depuis longtemps. Et il se sent bien comme il est, il se dit qu'il va rentrer dans son appartement vide de lui, mais si plein des amours qui auront existé.
Il attendra qu'encore son regard croise celui d'un homme, qui lui rendra le même regard et alors... Tout recommencera. Un jour peut-être, après un court exil en Belgique, les murs entendront un rire d'enfant, puis des pas d'enfants, puisque ici, pour lui, c'est interdit d'être père.
Il marche jusqu'à la plage où ils avaient parlé de ce projet. Un soir semblable à ce soir. Le soleil allait se cacher des regards humains au plus profond de la mer, et eux parlaient en le regardant partir. A présent, c'est son amour qui s'en est allé, peut-être se cache t-il lui aussi, au fond d'un océan amer, mais qu'importe.
Après le calme des rues de la ville, après avoir marché dans les rues où il avait marché, senti les odeurs qu'il avait senti. Observé le paysage qu'ils avaient observé ensemble, il peut lui dit adieu, et rentre chez lui. Assis devant une boîte à image réconfortante, cigarette à la main, il peut alors arrêter d'y penser, et continuer à avancer en ce monde. A quoi servirait de hurler, si personne ne l'entend ? A quoi servirait de se faire du mal, puisque personne ne le voit ?
A quoi servirait d'exprimer son amour si personne ne le reçoit ?
La nuit va se finir, il s'endort, demain est un autre jour. | | |
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