| L'œil était dans la tombeUn bon polar, sombre à souhait...C'est un polar sombre à l'extrême qui sort ce mois-ci aux éditions Casterman. L'œil était dans la tombe, scénarisé et dessiné par Christian De Metter, s'avère en effet particulièrement dense et oppressant. L'auteur nous a ménagé un scénario tendu qui monte petit à petit en pression, à tel point que l'ont se demande comment l'histoire pourra bien se terminer. Il faudra un drame final, pour que la tension retombe d'un coup.
Le scénario nous réserve plusieurs surprises car chaque personnage comporte sa part d'ombre et sa part de complexité. A commencer par le personnage principal, Patrick Vaille. Ce jeune homme à la vie plutôt aisée va rapidement basculer dans la violence, lorsqu'un maître chanteur menace sa femme de révéler des photos compromettant le père de Patrick. Ce dernier, bien que décédé, pèse toujours sur la vie de Patrick qui entretient une relation de haine-amours envers lui. Ce père, sportif réputé et médiatique, s'avérait bien moins reluisant dans la vie privée. Ce surgissement du passé va faire envoler en éclat la petite vie tranquille de façade que Patrick s'était créée. Le meurtre du prétendu maître-chanteur constitue le premier pas dans un engrenage criminel. Le regard réprobateur des autres entretient sa haine et leurs mensonges approfondissent sa soif de vengeance... Car Patrick n'est pas le seul personnage noir dans l'histoire. Beaucoup d'autres ont leur part de responsabilité.
L'auteur essaie d'expliquer son intrigue "d'un point de vue psychologique" (comme l'indique un des personnages). Il joue ainsi sur le nom de son personnage. Patrick tue sans sourciller et si l'on peut dire vaillamment. Cette attitude contraste singulièrement avec le complexe qu'il a développé envers son père lui répétant qu'il ne vaut rien et l'image dégradée de lui-même qu'il perçoit dans le regard des autres.
Cet album se distingue également par son graphisme particulier. L'auteur utilise tout au long de l'album la technique de l'aquarelle. Les couleurs sont plutôt sombres à l'image du scénario. D'entrée de jeu, Christian De Metter cherche à créer une atmosphère tendue voire oppressante. La première planche, énigmatique, nous présente déjà un personnage troublant et renfermé. Au fil des pages, l'auteur nous fera partager ses émotions ambigües en réalisant souvent des plans serrés sur son visage colérique. De Metter sait développer un graphisme froid mais également puissant quand il le faut.
Titre : L'œil était dans la tombe
Auteur : Christian De Metter
Editeur : Casterman | | |
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