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L'Homme

Un vieillard, assis seul à une table, et une jeune fille. Une confrontation qui change des mentalités, et aussi qui nous fait choisir des chemins en désaccord.


La bibliothèque ; comme une grande cage, impossible d’en sortir une fois entrée. Un appât de choix : les livres. La porte s’ouvre et je suis plongée dans une semi-pénombre ; on est en plein mois de juillet, il fait chaud et les volets sont clos.

Mes pas résonnent sur le marbre glacé tandis que je rejoins la grande salle. Ici, le savoir semble avoir eu raison du temps, mais personne ne le sait. Les étagères sont maintenant toutes proches. Il me suffirait de tendre la main pour qu’un nouvel univers me délivre ses secrets, mais mes membres restent immobiles.

Aux senteurs légèrement renfermées et entêtantes émanant du vieux papier s’est mêlée une fumée âcre et poivrée qui s’infiltre dans ma gorge. J’en cherche l’origine, me fiant aux volutes bleutées qui m’emmènent vers un recoin de la pièce. Ici, l’obscurité est quasi totale et la lumière vient du sol, comme un courant d’air. Elle éclaire discrètement sa chaussure.

Elle est d’une simplicité telle que le pantalon de toile bleu marine qui la recouvre paraît excentrique. Sa veste, je ne saurais en dire la couleur, la même que toute la pièce, le rendant presque invisible et le confondant avec les étagères généreusement garnies.

En m’asseyant face à lui, je vois ses mains posées sur la table, d’une immobilité parfaite ; les rides profondes qui les creusent sont autant de fleuves asséchés.

Le Temps semble s’être figé.

Sa tête masquée par l’ombre et dont je ne distingue que les contours dodeline doucement. Somnole-t-il ? Un des rideaux vacille, et la clarté illumine son visage.

En fait, parfaitement conscient, il ne se laisse pas distraire par mon regard insistant et continue de lire son épais volume. Sa barbe est un gage de sagesse, sa pipe de sérieux. Il a cet air las des vieilles gens qui ont beaucoup vécu. Ses grands yeux océans suivent inlassablement les lignes de l’ouvrage. Il y brûle un feu de savoir, et la vivacité est présente dans chacun de ses traits. Son visage est pourtant de pierre.

Je l’imagine savant, géologue et ayant reçu de nombreux prix pour ses découvertes…

Je lis facilement à l’envers le titre de l’œuvre, qui parle de pyramide et d’assassin. Le cuir est craquelé, les pages jaunies, mais les phrases sont comme des liens conçus pour emprisonner ses yeux.

Il bouge. Enfin, c’est un bien grand mot ; sa main se détache lentement du bois sec de la table et tourne la page, puis vient se reposer sagement du côté droit ; imperturbable, il poursuit sa lecture.

Je ne sais combien d’heures s’écoulent, incapable que je suis de me détacher d’une telle source de plénitude.

Enfin, il tourne la dernière page. Le papier craque une dernière fois, ses yeux parcourent la dernière ligne et c’est fini.

Il se lève, range le livre et sort à pas lents de la pièce. La fumée et l’odeur entêtante du tabac restent en suspension. Et sans que je sache pourquoi, le livre s’ouvre dans mes mains. Je suis convaincue de le retrouver dans ces pages. Je commence à lire, les mots dansent sous mes yeux et peu m’importe si dehors, le jour vacille déjà.
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Re: L'Homme
Posté par verte le 20/08/2004 07:47:44
Il est interdit de fumer, dans les bibliothèques.
Re: L'Homme
Posté par nab le 20/08/2004 07:47:44
moi je trouve que c'est une jolie histoire....
Re: L'Homme
Posté par arthemis le 20/08/2004 07:47:44
j'vais m'gener.
Re: L'Homme
Posté par head*ache le 20/08/2004 07:47:44
oh recommence pas.
Re: L'Homme
Posté par bessem2002 le 20/08/2004 07:47:44
La vie est belle si on le complique pas
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Publié le 19 juin 2002
Modifié le 19 juin 2002
Lu 1 482 fois

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