| L'enfant de la luneDoux murmure venant souffler à mon oreille, entendez-vous le chant des étoiles racontant l’histoire d’un jeune garçon au regard d’or ? Ce petit bonhomme vivait seul, c’est pourquoi personne n’avait pensé à lui donner de prénom. Il habitait sur une planète lointaine, très lointaine et tellement petite qu’il pouvait en une journée, en faire deux fois le tour. Le paysage y était figé, froid, presque nu. Seuls quelques immenses arbres bleus lui servaient de décor.
Depuis combien de temps était-il là ? Lui-même ne le savait pas. Il n’était certain que d’une chose : sa place n’était pas là, cette planète si étrange, vide, n’était pas la sienne. Elle ne pouvait pas être la sienne ! Et cette pierre, qu’il gardait si précieusement, devait avoir un sens. Une pierre si étrange, blanche comme la lune, qu’il avait depuis toujours sans savoir d’où elle venait. Non, se répétait-il, tout cela n’est pas normal. Et plus le temps passait, plus ses interrogations grandissaient.
Une nuit de pleine lune, alors que le silence régnait comme toujours sur la planète, le jeune enfant fut réveillé par une musique, si douce et envoûtante qu’il ne put s’empêcher de se lever et de la suivre. Hypnotisé par cette mystérieuse mélodie, il en découvrit la source : sa pierre. Croyant rêver il s’approcha plus prés de celle-ci, la musique augmentait de plus en plus et soudain, elle s’arrêta. Une lumière aveuglante sortit alors de la pierre et des images lui apparurent : une petite fille marchant seule , ayant étrangement les mêmes yeux dorés que lui, puis une grotte aux parois recouvertes de fresques et enfin la lune entourée de centaines d’étoiles . Tout s’arrêta alors et l’obscurité revint.
Avait-il rêvé ou tout cela était-il bien réel ? Le petit garçon ne put se rendormir, persuadé que ce n’était pas du au hasard. Il prit alors une grande décision, peut-être la plus grande qu’il n’eut jamais prise : partir à la recherche de ses origines.
Ne prenant pour seul bagage que sa pierre, il était enfin prêt, comme s’il savait inconsciemment que c’était ce qu’il devait faire. Mais où trouver les réponses ? Soudain lui vint l’image de l’arbre, et clairement il sut que comme l’arbre qui a ses racines enfouies dans le sol, c’était là qu’il devait chercher. Et pour la première fois, il décida d’explorer le seul endroit qu’il ne connaissait pas encore sur sa si petite planète. Cet endroit était autrefois tellement insignifiant pour lui qu’il n’avait jamais ressenti le besoin de partir à sa découverte. Un endroit sombre, inconnu, s’enfonçant jusqu’au centre de la planète.
Il se mit alors en route et au bout d’une petite heure arriva devant un cratère tellement grand qu’on ne pouvait y voir le fond. Prudemment mais déterminé, il commença à descendre. L’obscurité l’entoura peu à peu. Il s’enfonçait de plus en plus profondément, se sentant oppressé par les parois de pierre l’entourant. Une fois arrivé en bas il vit se dessiner devant lui un petit chemin. Comment cela se pouvait-il ? Il doit y avoir d’autres personnes ici pensa l’étrange garçon aux yeux d’or. Il suivit le sentier. Vinrent alors jusqu’à lui des notes de musique, amplifiées par la résonance que permettaient ces murs de pierre immenses et resserrés. Elles étaient les mêmes que celles émises la nuit dernière par sa pierre, il en était sûr.
Il pressa alors le pas. Cette musique avait un pouvoir sur lui, elle l’attirait, l’ensorcelait. Il ne put s’empêcher de courir de plus en plus vite. Il arriva à un tournant. C’était là, juste derrière. Il le contourna et découvrit l’origine de la mélodie. Ce n’était pas comme il le pensait une pierre telle la sienne, mais un vieil homme.
Il était grand avec des cheveux et une longue barbe argentés, tellement emmêlés qu’on ne pouvait y distinguer le début de la fin. Ses vêtements n’étaient que superpositions de tissus de toutes les couleurs formant un incroyable patchwork.
Il n’avait pas de chaussures aux pieds. Il était assis en tailleur sur une pierre, barrant ainsi le sentier et cette musique que le petit garçon sans nom avait entendue provenait d’un objet bien étrange que ce personnage tenait serré contre son ventre. Cela ressemblait à une boîte ronde qui se prolongeait par une planche en bois tout ça relié ensemble par quatre cordes. C’était en pinçant celles-ci que l’homme produisait la musique. Il s’arrêta de jouer et leva les yeux vers l’enfant. Son regard était d’un bleu si clair et profond que l’on pouvait presque voir à travers. Il dit alors d’une voie sans émotion, ne traduisant aucune surprise :
- Je t’ai attendu longtemps, enfant de la lune.
Le petit garçon lui demanda alors avec étonnement :
-Qui es-tu et que fais-tu là ?
-Je suis comme toi, je n’ai pas de nom. Je ne suis qu’un joueur de banjo vivant depuis toujours ici, seul. Mais cette solitude ne me gène plus, je m’y suis fait, contrairement à toi je crois savoir. Je suis âgé maintenant, il est trop tard. Je ne peux que rester ici. Tu sais que tes questions ont des réponses, que tu trouveras plus loin, plus profondément dans cette planète. Interroges la comme tu dois aussi t’interroger. Ne fais pas la même erreur que moi, pars en quête de sens.
Le vieil homme baissa alors la tête et se remit à jouer de son instrument. La mélodie était différente, plus lente, emplie de peine. Le petit garçon aperçut une larme rouler sur la joue du vieillard pour ensuite disparaître dans sa barbe.
Il se remit alors en route, repensant à cette rencontre, à la tristesse de cet homme ressemblant à un fou mais parlant comme un sage, certainement rongé par les regrets. Il devait aller jusqu’au bout rien que pour cet homme. Il repensa aussi à cette drôle de façon qu’il avait de l’appeler : enfant de la lune.
En marchant il se rendit compte que les parois de chaque côté du chemin se rapprochaient de plus en plus, pour ne plus faire qu’une. Le petit garçon se retrouva alors face à un gigantesque mur de pierre.
En observant bien celui-ci il put trouver une petite fente juste assez large pour qu’il puisse s’y faufiler. Il y trouva un passage si étroit qu’il ne pouvait se tenir droit et il marcha donc courbé, dans l’obscurité. Malgré tout, le jeune enfant continuait d’avancer. Il se déplaça ainsi pendant peut-être une dizaine de minutes qui lui parurent durer des heures et des heures.
Soudain il arriva dans une pièce où il pouvait enfin se tenir droit. L’obscurité totale ne lui permettait pas de savoir à quoi elle ressemblait mais il savait qu’il était enfin arrivé au coeur de sa planète. Il avança ainsi doucement, à tâtons. Il sentit alors une forte chaleur provenant de sa poche et une lumière en jaillit. Sa pierre s’éclaira. Il la sorti alors de son vêtement et ce qu’il vit le surprit totalement. Il était dans une grotte, aux murs recouverts de fresques, de dessins comme ceux qu’il avait vu dans sa pierre. Il s’approcha alors pour mieux regarder. Les peintures représentaient d’abord des enfants, avec chacun dans la main, une pierre comme la sienne. Il y avait aussi dessiné un homme, assez âgé, ressemblant étrangement au joueur de banjo. Enfin il y avait une image que le petit garçon trouvait étonnante : une sorte d’immense bulle avec, à l’intérieur, une femme tenant la main d’un enfant.
Le jeune garçon ne comprenait pas tout et fixant ainsi cette image comme pour en percer le sens, il sentit se poser une main sur son épaule. Il n’eut pas peur. Il se retourna et vit une femme d’une incroyable beauté. Sa peau semblait briller à la lumière d’une couleur argentée, ses cheveux totalement lisses et ses yeux étaient eux aussi argentés. Elle portait une longue tunique bleue. Elle lui prit alors la main et traversa la grotte avec lui. L’enfant savait qu’il allait enfin savoir. Elle le guida jusqu’à une autre pièce qu’il n’avait pas encore vu : une grande pièce sans plafond. A l’intérieur, il vit la même bulle que sur les fresques, une sphère gigantesque, dégageant une lumière douce. La femme lui dit alors : « Nous y sommes, mon enfant ». Elle entra la première dans la sphère et il la suivit. On pouvait voir à travers. La bulle monta alors verticalement, le petit garçon agrippa la main de la femme. Elle monta au dessus des pierres pour ensuite se retrouver au dessus du cratère. L’enfant put percevoir quelques notes de banjo, un air beaucoup moins triste. Le vieil homme les voyait-ils s’interrogea le garçon ? Ils montaient de plus en plus au dessus de la planète. C’était la première fois qu’il la quittait .Il ne se sentait pas triste. Ils s’éloignèrent tellement qu’elle paressait maintenant n’être plus qu’un petit point. L’enfant découvrit alors l’existence d’une multitude d’autres planètes beaucoup plus grosses que la sienne. Soudain, la bulle s’arrêta de monter. La femme lui dit alors :
-Nous sommes arrivés mon enfant. As-tu la pierre ?
-Oui mais à quoi…
Elle l’interrompit :
-Je sais que tu te poses énormément de questions, c’est d’ailleurs ce qui t’a permis de nous trouver. Ta persévérance et ton courage font de toi quelqu’un de particulier. Cette pierre que tu as depuis ta naissance, signifie que tu es l’un d’eux. Regarde bien autour de toi, ces nombreuses lumières s’agitant. Ils sont tous comme toi.
Le petit garçon regarda alors autour de lui. En effet ces nombreuses lumières étaient des enfants comme lui, ayant chacun une pierre comme la sienne et les mêmes yeux dorés. Certain s’amusaient à courir ou plutôt , à voler à travers l’espace cherchant à s’attraper, laissant une longue traînée de lumière derrière eux , d’autres jouaient sur les anneaux de saturne et certains enfin l’observaient avec de grands sourires .La mystérieuse dame reprit :
-Nous sommes ta famille, voici tes frères et sœurs. Tu peux sortir de cette sphère maintenant. Le petit garçon retissant, mis d’abord un pied hors de celle-ci. Il avait l’impression de marcher sur un sol en coton. Il se mit à avancer doucement. Il ne tombait pas, il flottait .Sa pierre de lune s’illumina alors dégageant une lumière aussi dorée que ses yeux
La femme lui dit alors :
-Mon cher enfant, tu es enfin chez toi. Il reste tout de même une question pour laquelle tu n’as pas de réponse.
Le garçon murmura doucement :
-Qui suis-je …
- Regardes cette planète bleue là-bas. Elle s’appelle la Terre et les gens qui y vivent te désignent ainsi: étoile. | | |
| . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (4) | | Re: L'enfant de la lune Posté par bilbonec le 02/04/2008 13:28:26 | Ton texte pourrait faire un magnifique conte pour enfant, chapeau bas :)
Même si parfois j'aurais aimé que le texte prenne un peu plus son temps, la douce poésie du tout fait oublier les quelques petits défauts qu'il peut y avoir ! | | Re: L'enfant de la lune Posté par lunatiquement_cerise le 18/03/2008 20:36:31 | Je l'aime bien ce texte, qui ressemble au Petit Prince .. | | Re: L'enfant de la lune Posté par claude boulanger le 05/03/2008 15:20:45 | Superbe comme histoire! Tu as beaucoup de suite dans tes idées, que tu exprimes avec aisance. J'aimerais même écrire comme tu le fais un jour peut-être. Tu possèdes aussi de bonnes bases, qui amène vers une fin si on peut dire gracieuse. L'image de la terre en bout de texte! Bravo encore.. | | Re: L'enfant de la lune Posté par 7iris le 27/02/2008 18:53:13 | Magnifique. Ce texte est à l'image de cette pierre : envoûtant, captivant...
Il recèle beaucoup d'émotion, écrite de manière simple mais fluide, et mes yeux n'ont pas pu quitter l'écran avant de l'avoir achevé.
Il m'a fait penser au Petit Prince, au tout début !
Bravo à toi, j'espère avoir le plaisir de lire une autre de tes créations très bientôt ! | | . Voir tous les commentaires et/ou en poster un (4) |
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