 | Je me sentais triste dans mon peignoirEst-ce que ça vous arrive parfois de prendre une douche, d'enfiler un peignoir, de vous asseoir sur le canapé, et tout ça, pour penser à un con ? Elle entendit résonner une voix au fond d'un cachot humide plongé dans l'obscurité.
Elle s'en approcha. La voix se tut.
Cela recommença depuis le sommet enneigé d'une montagne, un peu plus loin comme si la voix pressentait son approche. Elle se mit à courir. La voix persista derrière elle, sortit d'un lycée, d'un hôpital, d'un cimetière... Ici, là-bas ! Elle courut de toutes ses forces. Et à nouveau une voix retentit.
-c'est bon ! Cria-t-elle, épuisée. J'arrive !
-bonjour clara !
-que me veux-tu ?
-je me sens seul... Je ne me sens vivre que quand tu es là... Donc il faut que tu sois là... Tu ne peux pas t'absenter plus de 300 minutes d'affilé sinon je me suicide !
-mais qu'est-ce que tu me fais là... Fit la jeune femme, d'un ton maternel. Je ne peux pas être là tout le temps, je dois m'occuper de ma vie aussi, si je le fais pas, qui va le faire ? Pour manger, il faut faire des courses, pour payer les factures, il faut travailler, ce n'est pas toujours agréable mais ainsi la vie est faite... Tu devrais être moins égoïste et arrêter de me faire peur toutes les 500 minutes pour que je vienne à ton secours, comme si je n'avais pas assez des soucis et des chagrins... Un jour tu me fais croire que tu vas bientôt te charcuter les veines, un autre qu'il pleut trop chez toi et ça te déprime, le suivant que tes murs sont trop hauts, trop blancs et que ton chat est mort... La semaine d'après ce sont les muses qui ne daignent pas te rendre visite alors je me dis, s'il trouve pas le bon nom pour un de ses personnages il va se couper une oreille comme van gogh... Et puis tu souffres, on ne sait même pas pourquoi mais tu souffres beaucoup et on peut rien faire pour t'aider, c'est comme ça, une vraie fatalité... Oh, je ne sais plus quoi penser...
-ici grand blond aux longs cheveux, âgé de 22 ans. Deux ans de plus se sont écoulés. A attendre. A me sentir toujours plus seul. J'ai lu Guerre et Paix, j'ai mangé beaucoup de chocolat, j'ai géré des lycées où j'étais à la fois le directeur, la CPE, les maîtres et les élèves. Ce soir je suis la vedette d'un film qui passe au gaumont... Le grand blond aux longs cheveux dans Jane et Tarzan remplissant tous les rôles, certains en travestis...
-ne me parle plus... Ou je te tue !
-tu ne peux pas me tuer. Il faudrait d'abord que tu me trouves !
-je te trouverai !
-tu ne sais même plus où tu m'as caché. Je suis partout, dans ton PC, dans ta télé, dans les chansons que tu écoutes et les livres que tu aimes, dans ton lit, dans tous tes rêves et tes peurs, dans ta voix, au ciel avec dieu et sous tes meubles ! Allez, vas-y ! Essaie ! Comment tu appelles ça ? Un suicide ? Serais-tu jalouse ? Jalouse de moi qui n'ai que vingt-deux ans, qui suis fou et qui me sens sportif et brillant. Compris ma vieille, c'est la guerre ! Entre nous. Entre moi ! Tout un régiment de nous, de tous les âges, de toutes les niveaux socio-culturels, de toutes les origines, contre toi, la moins folle, tu vois, on a beau être fou, il y a toujours un plus fou qui t'affole... Vas-y, déclare la guerre !
-je te tuerai !
Un éclat de rire. Puis le silence. | | |
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Re: Je me sentais triste dans mon peignoir
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