| Il faudra compter sur luiAlberto Contador s'est brillamment imposé sur le Tirreno-Adriatico en reléguant à plus de deux minutes de coureurs comme Nairo Quintana et Roman Kreuziger. Présent sur le Tour de France en juillet prochain, l'Espagnol compte bien retrouver un rôle important.Le problème avec le Tirreno-Adriatico, c'est que cette course ce déroule la même semaine que Paris-Nice avec un décalage de deux jours. Les suiveurs français ont donc, en toute logique, les yeux principalement dirigé vers la Course au soleil plutôt que sur la Course aux deux mers non moins intéressante et non moins importante en terme d'enseignement. Entre la capitale et Nice, on a pu se rendre compte que Carlos Betancur était en phase de décollage. En Italie, on a vu Alberto Contador redevenir le Pistolero, celui qui mimait un tireur au pistolet pour conclure ses brillantes victoires. Depuis son retour, au début de la saison 2013, de suspension de dix-huit mois pour la fameuse affaire du "steak contaminé" qui lui avait retiré son Tour de France 2010, il n'avait gagné qu'une seule course, une étape du Tour de San Luis au début de la saison dernière. Et lors de cette victoire, il n'y avait rien eu. Pas un signe, pas un coup de pistolet comme si la rédemption s'était transformée en pèlerinage, comme s'il s'interdisait ouvertement de montrer sa joie. Le Madrilène ne le dira sûrement jamais mais il suffit de mettre le sujet sur la table pour que le regard change et les yeux se troublent. Il aura beau dire que son esprit est entièrement tourné vers l'avenir et que le passé a été rangé tout au fond d'un tiroir. On sait que cette affaire l'a affecté "ça n'a pas été le moment le plus heureux de ma vie. Il y a tellement de choses qui me sont passés dans la tête. C'était comme un combat contre moi-même mais c'est terminé et aujourd'hui, tout va très bien".
Le désastre de l'année dernière est oublié
L'année dernière, on le voyait traîner littéralement sa peine sur les routes du Tour de France. Il était incapable de répondre aux attaques de Christopher Froome, il ne pouvait pas suivre Quintana et même la roue de Roman Kreuziger, son coéquipier chez Saxo-Tinkoff, se dérobait. Les pourcentages, qui autrefois le faisaient voler, étaient devenus ses ennemis. La montagne lui était moins chaleureuse. Un coup de déprime ? Tout le contraire pour dire vrai. On parlera volontier de déclic "je ne prenais pas autant de plaisir qu'avant la suspension. J'avais l'impression qu'on me regardait autrement, qu'il y avait cette suspicion qui pesait sur mes épaules. Le Tour de France de l'an passé m'a énormément servi. J'étais vraiment en recherche de motivation et le Tour me l'a donné. C'est dans des moments comme celui-là qu'on se rappelle que le Tour de France est la plus belle des courses".
On a tendance à dire que Tirreno-Adriatico est un course de préparation pour la première grande classique de la saison, Milan-San-Remo qui se déroulera samedi prochain. C'était d'ailleurs vrai jusqu'à il y a trois ans. Les puncheurs restent présents avec Peter Sagan et Philippe Gilbert entre autres, les sprinteurs également avec Mark Cavendish ou encore André Greipel. Mais cette réputation est clairement en train d'être bouleversée. Aujourd'hui, on y trouve de tout. Il y a du plat, de la moyenne montagne, de la haute montagne et un contre-la-montre. On entend même parler dans quelques conversations de "petit Giro". Tirreno-Adriatico est une source d'enseignement. En 2011, Cadel Evans remportait le classement général pour s'imposer quelques mois plus tard sur les routes du Tour de France. L'année dernière, c'est Vincenzo Nibali qui s'imposait pour aller écraser la concurrence sur le Giro.
Vainqueur des deux étapes de montagnes
Le point d'orgue de Tirreno-Adriatico était le week-end qui profilait deux étapes de montagne qui allait permettre de décanter le classement général. Deux étapes que Alberto Contador remporta haut la main. Samedi, ce fut sur les rampes du Selvarotondo dans une étape qui amenait à Cittareale. Il y devançait Quintana, Kreuziger et Porte. Mais aussi Bradley Wiggins (vainqueur du Tour en 2012) et Cadel Evans (vainqueur de la Grande Boucle en 2011). Dimanche, dans une étape de haute montagne, il se décida à porter un costume laissé vacant par Marco Pantani. Ce costume est porté par les coureurs solitaires qui n'attendent pas que le nombre de kilomètres restants puissent être comptés sur les doigts de la main. Alberto avait prévenu son équipe lors du briefing "je vais partir tôt. C'est l'étape reine et on va me voir". C'est alors qu'il partit au Passo Lanciano à plus de trente kilomètres de l'arrivée. Personne ne le reverra. Au final, en haut du Muro de Guardiagrele, Kreuziger laissera plus d'une minute trente, presque deux minutes en ce qui concerne Quintana. Pour les deux anciens vainqueurs du Tour de France en 2011 et 2012, on comptera plus d'un quart d'heure.
En un seul week-end, l'Espagnol gagnait le double de victoires de la saison passée. Ce n'était peut-être que Tirreno-Adriatico. Peut-être que ça ne veut pas dire qu'en juillet il sera sur les devants de la scène. Mais tout de même, il y avait bien plus que deux victoires. Il y eu la manière, le panache. Le même panache dont il avait usé pour mettre Lance Armstrong aux oubliettes en 2009. Son comportement sur le vélo n'est plus tout à fait le même.
Seul l'avenir pourra nous dire si Alberto Contador est capable de tenir la dragée haute à Christopher Froome dans les Alpes ou dans les Pyrénées. La confiance est revenue en même temps que les jambes. C'est bon signe mais aucune conclusion ne pourra être envisagée avant de voir une confrontation entre le Britannique et l'Espagnol. D'ailleurs, ça tombe bien. Il parait que les deux se retrouveront dur le Tour de Catalogne à la fin du mois. Une bonne occasion de se jauger... | | |
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