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Ce n'était qu'une utopie

Les Bleues sont complètement passées à côté de leur quart de finale et se sont sont finalement inclinées (21-22) contre de très courageuses Polonaises qui affronteront la Serbie, demain, en demi-finale.


Avant de commencer ce Mondial, alors que les filles attaquaient la phase de préparation, Alain Portes, sélectionneur de l'équipe de France féminine de handball, avait clairement prévenu que l'objectif d'accéder au dernier carré de ce Championnat du Monde n'était qu'une utopie. On crut qu'il allait se tromper, que les Bleues allaient lui montrer qu'il se fourvoyait et qu'il avait des raisons de faire confiance en ses Bleues. Mais l'utopie ne s'est pas transformée en réalité. Les Françaises se sont inclinées en quart de finale, autant dire aux portes des demi-finales, par des Polonaises qui, elles, furent présentes au rendez-vous. C'est d'ailleurs ce que l'on regrettera le plus. C'est sans doute le point sur lequel les Bleues pourront nourrir certains regrets. Elles n'ont jamais semblé donner l'intégralité de leur potentiel, si brillant pourtant. Jamais elles n'auront réussi à entrer dans la partie. Il s'agit donc d'une faillite des joueuses mais pas seulement. Alain Portes a également failli en ne parvenant jamais à rectifier son équipe, en ne trouvant pas la solution pour pendre enfin la Pologne à défaut "bien évidemment que je m'en veux car ce serait mentir de dire qu'il n'y avait pas la place d'aller plus loin dans cette compétition. Je parlais il y a quelques semaines d'utopie en ce qui concernait d'aller jusqu'aux demies mais le début de ce Mondial m'a montré qu'elles pouvaient faire quelque chose de très bien. Malheureusement, ça n'a pas suffit" regrettait l'ancien entraîneur de l'équipe tunisienne masculine, le visage fermé.
A côté de son sélectionneur se tenait Alexandra Lacrabère. La nouvelle demi-centre de Bègles est un peu le symbole de la défaite des siennes. Hier, elle ne fut pas à son niveau habituel. Avec seulement un but inscrit sur neuf tentatives, son rendement était insuffisant pour amener les Bleues à Belgrade pour y disputer une troisième demi-finale consécutive. Cependant, elle parvint malgré tout à distribuer de très bonnes balles et à arracher des exclusions adverse "le sentiment qui domine est la déception mais peut-être encore plus la frustration. Je parle de frustration parce que les Polonaises ne nous sont pas supérieures et on le sait. Je ne fais pas un bon match. Je sais que je dois marquer plus et Alain comptait sur moi pour porter l'équipe toute entière. Les Polonaises ont très bien défendu pendant soixante minutes et elles ne nous jamais permis de croire qu'on gagnerait. Cependant, on a eu une bonne défense. C'est en attaque qu'on a été mauvais". Comme Lacrabère, l'équipe de France n'a jamais trouvé le bon rythme et surtout en attaque. Les Bleues se précipitaient par moment alors qu'il n'y avait pas d'ouvertures ou prenaient trop leur temps quand des espaces se créaient.


Portes n'a pas trouvé la solution

Les premières minutes de la rencontre nous obligeaient à y croire. Les Bleues menaient 5-3 après neuf minutes. Puis, sans vraiment l'expliquer, ces dernières subissaient un 7-0 si bien qu'à neuf minutes de la pause, les rapports de force s'étaient inversés (5-10 à la vingt-et-unième minute de jeu). A la mi-temps, les Françaises sont à trois longueurs (8-11) sans vraiment inquiéter Amandine Leynaud, auteur de six arrêts en première mi-temps. "On n'était pas inquiète car la défense tenait et tant que la défense tient, on se dit qu'il n'y a pas péril dans la demeure. On a bien réagi avant la pause alors qu'on avait cinq buts de retard" tentait d'expliquer la gardienne française. En gros, tout était normal mais avant tout conforme à ce qu'on avait pu voir sur les matches précédents. On parle ici d'une défense solide et d'une attaque qui avait besoin de voir la fin montrer le bout de son nez pour enfin trouver le chemin de l'efficacité. Hier, ce fut différent. Revenues à une longueur de la Pologne à un quart d'heure du terme de la rencontre, on pensait que les Bleues allaient tranquillement prendre la mesures de Polonaises inexpérimentées à ce stade de la compétition. On se trompait. Elles ne purent jamais revenir au score. Pourtant, les joueuses françaises ont eu des occasions de revenir grâce à de sublimes arrêts de Cléopâtre Darleux en plein coeur de la deuxième mi-temps. A chaque fois, elles les gâchèrent en prenant des tirs impossibles, en manquant des passes pas plus difficiles que cela ou en manquant des jets de sept mètres "je crois que les filles ont commencé à douter et à s'agacer en voyant qu'elles ne revenaient pas. Pour la première fois de ce Mondial, j'ai senti qu'elles ressentaient de la pression et quand il y a de la crispation, elles ne font pas les bons choix" concédait Alain Portes qui subissait hier sa première défaite à la tête de l'équipe de France féminine.
Cependant, est-ce que tout est a jeté ? Ce serait court de répondre par l'affirmatif et de bon ton de se revenir en arrière de seulement quelques semaines. Il ne faut pas oublier de rappeler que les Françaises n'ont eu que cinq semaines de préparation avec Alain Portes, ce qui est très peu pour un Championnat du Monde. Alain Portes a du faire sans certains cadres de cette équipe de France (Ayglon, Mendy et Gnabouyou). Il a permis de recomposer un groupe plein, entre jeunesse et expérience. La page Olivier Krumbholz est définitivement tournée. Les Bleues sont heureuses de jouer et l'envie d'Alain Portes de créer du jeu et du mouvement n'est pas pour déplaire à Allyson Pineau "on ne peut pas comparer Olivier et Alain. Ils sont différents et même opposés. Olivier a fait beaucoup pour le handball féminin français mais il y avait besoin de changement car je sentais que l'équipe de France ne progressait plus. Alain Portes a une vraie idée de jeu, un projet pour que cette équipe gagne une Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques". Allyson Pineau ou plutôt son retour au plus haut niveau est l'une des plus grandes satisfactions du Championnat du Monde. C'est d'ailleurs avec une Pineau à son maximum que les Bleues pourront croire au titre européen en 2014 même s'il faudra se qualifier et là, on ne parlera plus d'utopie...
L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 20 janvier 2014
Modifié le 13 janvier 2014
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