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Ça n'a pas suffit

Malgré un essai stratosphérique de Wesley Fofana replacé à son poste de prédilection en premier centre, le XV de France a essuyé une troisième défaite consécutive et se dirige dangereusement vers une cuillère de bois.


Après la déroute française sur ses terres contre le Pays de Galles il y a deux semaines où les bleus s'étaient inclinés, Philippe Saint-André avait prévenu qu'il tenait à emmener un véritable commando pour aller défier les anglais dans leur antre de Twickenham. Car une victoire en Angleterre aurait bien pu sauver un Tournoi des Six Nations qui avait si mal débuté avec deux défaites en Italie et contre le Pays de Galles. Il avait donc décidé de procéder à de nombreux changements, huit pour être exact si on compte le replacement de Wesley Fofana au poste de premier centre. Avec une charnière remaniée, la paire Parra-Trinh-Duc succédant aux très peu convaincants Maxime Machenaud et Frédéric Michalak, le retour de Vincent Clerc sur l'aile droite et l'arrivée de Yannick Nyanga à la place de Fulgence Ouedraogo, on pensait que les affaires tricolores allaient un peu mieux tourner.
Le début de match, autant dire la première mi-temps, alla complètement dans ce sens. On voyait enfin une conquête dominatrice comme on en a l'habitude. Les premières mêlées tournaient systématiquement à l'avantage des avants français et étaient à l'origine de pénalités. En touche, les lancers de Benjamin Kayser trouvaient toujours preneurs pendant que Yannick Nyanga s'amusait à chipper quelques remises en jeu brouillonnes de Dylan Hartley "c'est vrai qu'on a longtemps été dominateurs sur le secteur de la conquête. C'est surtout la mêlée qui m'a plue parce que le pack anglais n'est pas mauvais du tout comme on avait pu le remarquer lors des deux premiers matches" expliquait le selectionneur français. Une domination globale qui rendait le XV de la Rose un peu plus nerveux que d'habitude à l'image du demi d'ouverture Farrell qui ne cessait de provoquer Yoann Huget et qui tapait la pelouse de Twickenham de rage parce qu'il venait de subir une feinte astucieuse de ce dernier. Le toulousain a d'ailleurs délivré hier après-midi sa meilleure prestation en équipe de France, du moins en tant qu'arrière où il s'affirme comme un titulaire quasi indiscutable jusqu'à ce que Maxime Médard fasse son grand retour. Hier, ses relances parfaites et son jeu au pied quelque peu retrouvé ont contribué au bon début de match des siens "je me sentais bien. Je n'ai pas l'habitude de jouer en tant que numéro quinze, ce qui expliquait mes deux premiers matches en demi-teinte. Je prends mes marques à ce poste. Je regrette juste de m'être un peu chamaillé avec Farrell. Il est jeune et moi un peu moins, j'aurais dù le laisser faire sans entrer dans son jeu. Il aurait bien fini par se lasser" jugeait l'ancien trois-quart bayonnais.


Fofana tel un funambule

Une domination qui était entachée de cette permanente impossibilité de passer le premier rideau adverse. Il fallait bien avouer que c'était légèrement mieux que les semaines précédentes. Nos bleus n'étaient pas incisifs comme on le souhaiterait mais par l'intermédiaire de Louis Picamoles ou de Mathieu Bastareaud, le bloc français parvenait à avancer mais pas assez pour s'approcher de l'en-but anglais. Et on arriva à cette trentième minute qui aurait bien pu être le tournant du match. Une sortie de balle rapide de Morgan Parra, une passe directe de Trinh-Ducsur Bastareaud qui volleyait cette dernière dans les mains de Welsley Fofana. Le clermontois, de retour à son poste de métier de premier trois-quart centre, nois faisait penser à Alexis Pinturault tant sa course de soixante-dix mètres qui le séparait de la ligne d'essai ressemblait à un slalom avec les joueurs anglais comme piquet "je demande la balle avant même que le jeu ne soit lancé. Je vois que devant moi, Lawes, le troisième ligne des anglais, revient essoufflé. François me voit et je me retrouve avec le ballon dans les mains. Je me dis que je peux faire l'exterieur sur lui. J'y parviens comme je le voulais. Ensuite, j'arrive à repousser Chris Ashton et je commence à ne regarder que devant moi. Ben Youngs revient sur moi mais je le raffute et je ne le vois plus dans mon rétroviseur. Après, je crois qu'Ashton revient et veux me faire une cuillère mais je l'évite et je me retrouve derrière la ligne "racontait le seul marqueur d'essai français de la partie.
A la mi-temps, la France mène 10-9 et on se dit que l'exploit est possible. Le début de seconde periode alla d'ailleurs confirmer cette impression. Deux pénalités provoquées dont une qui ammenait Morgan Parra à buter. Malheureusement, comme il l'avait déjà fait avant la pause dans un position plus compliquée, le demi de mêlée clermontois manquait l'occasion de donner un avantage plus certain à l'équipe de France "j'en manque une avant la mi-temps qui aurait pu nous donner plus d'air mais elle était loin et on avait le vent défavorable. La deuxième, après la mi-temps, me laisse des regrets car elle est en face des poteaux sans trop de vent" estimait l'auvergnat. Comme cinq minutes plus tard, Farrell redonnait la main au XV de la Rose, les bleus ont commencé à perdre le fil d'une rencontre qui sembla longtemps à leur portée. Des fautes de main que l'on ne voyait pas dans les quarante premières minutes commençaient à se montrer ainsi que des chandelles défaillantes de Morgan Parra.


Un essai casquette de Tuilagi

Le jeu au pied est une donnée primordiale dans le rugby moderne et la France semble ne pas l'avoir notée. Yoann Huget frappait mieux que contre le Pays de Galles et l'Italie mais cela ne suffisait pas et ses chandelles apportaient que trop rarement. C'est d'ailleurs sur un de ces petits coups de pied que l'essai anglais vint. Une chandelle mal maîtrisée à la retombée car Louis Picamoles n'était pas en dessous comme il le fait magnifiquement d'habitude "je m'en veux mais j'étais en retard. C'est dommage que sur une erreur, on se prenne un essai et par ma faute" Car en dessous, il y avait Yannick Nyanga qui s'emparait difficilement du ballon et sur le ruck qui suivit, on vit un pied anglais taper le ballon et sans trop savoir ce qu'il venait de se passer, Manu Tuilagi courait en direction de l'en but français et ce ne sont pas les retours de Vincent Clerc et d'Huget qui auraient pu contrarier sa course vers la zone fatidique. Un essai qui aurait dù être refusé car sur le ruck qui ammena cet essai, Robshaw frappa la balle mais avant de filer vers Manu Tuilagi, elle avait ricochée sur Vunipola qui était hors-jeu et ça, ni Craig Joubert ni l'arbitre de touche ne l'a vu "l'anglais est à côté de moi. Il est hors jeu et il touche la balle donc on aurait du bénéficier d'une pénalité. Je lève les bras et je regarde Joubert. Il me regarde mais ne siffle rien. Je ne comprends pas comment une telle erreur d'arbitrage est possible" estimait Benjamin Kayser. Et ce ne fut pas les seules incompréhensions que l'on voyait dans les décisions de Craig Joubert, dont l'arbitrage s'était déjà révélé douteux lors de la finale de la dernière Coupe du Monde et déjà à nos dépens. Des fautes françaises peu évidentes et des anglais jamais pénalisés sur les rucks alors que plusieurs de leurs intrusions paraissaient très limites.
Alors, c'est vrai, s'apitoyer sur les erreurs d'arbitrage n'est pas constructif donc on ne dira qu'elles sont les seules capables d'expliquer la dernière demi-heure du XV de France qui était moins étincelant après les premiers changements de PSA "les choix de Philippe Saint-André m'ont assez surpris. Il fait entrer Frédéric Michalak alors qu'il n'est pas du tout au niveau du mois de novembre. Il le fait parce que Parra ne peut plus buter mais je oense que François Trinh-Duc aurait pu le faire. Après, il fait entrer Dimitri Szarzewski et Luc Ducalcon qui n'avaient pas été bon en mêlée contre les gallois. On s'est mis à dominer en mêlée et eux ont cafouillé leurs séquences offensives" jugeait Stuart Lancaster, le selectionneur anglais. Il reste deux matches aux anglais poir accrocher le Grand-Chelem et il reste aussi deux matches au XV de France pour éviter la cuillère de bois que les bleus n'ont pas reçu depuis 1957...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 04 mars 2013
Modifié le 03 mars 2013
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