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Adage Mortel (chapitre 1)

Andreï, scientifique renommé, décide après une querelle amoureuse d'utiliser son fils comme cobay pour l'expérience interdite sur laquelle il travail depuis des années. Voici le premier chapitre de cette histoire boulversante, entre un père égocentrique et un enfant-objet...


"... Et après deux jours de combat intensif, soit près de 48h face à ce terrain damé, c'est finalement Deep Blue VII qui repartira avec le trophée du meilleur joueur d'échec ! (rires dans la salle)... "

Andreï change la station du poste de radio. Il en a marre de tout. Il voudrait pouvoir sourire, mais impossible. Un vieil air de blues des années 70 empli soudain la voiture. Cela lui rappelle l'époque de sa jeunesse, loin de Paris, lorsqu'il habitait encore en Russie.

Un courant d'air lui effleure le visage. Un bras par-dessus la portière, l'autre avachi sur le volant, Andreï peste contre l'immense file de voiture qu'il a devant lui. Un coup d'œil à sa montre : 7h47. Jamais il ne sera à l'hôpital à l'heure. Le ciel est d'un bleu limpide, sans nuage. Andrei profite d'être à l'arrêt pour décapoter sa voiture. Il en est fier de sa Porsche boxter. Mais il aurait aimé se faire plaisir, à voir l'aiguille monter au rupteur... Au lieu de ça, elle indiquait le zéro absolu. Ce chiffre qui avait tant fait peur à l'homme, lorsqu'il n'était encore qu'un gamin sur les bancs de l'école... Cependant Andreï pouvait être fier de son cursus scolaire. Il avait finit par être chirurgien ! Ses parents voulaient qu'il soit Avocat. Mais jamais il n'aurait accepté le fait de devoir défendre la cause d'un tueur ou d'un violeur.

La file devant lui commence lentement à avancer. Lente procession funéraire de carcasses d'acier. Sur le siège passager son portable sonne. Ce doit être l'hôpital qui s'inquiète. Ne pas répondre, ils n'ont qu'a attendre. Pourtant cela insiste. Le travail n'insiste jamais : ses collègues savent très bien ce qu'il pense des téléphones et de leur usage. Non, c'est quelque chose de vraiment urgent. Andrei allonge le bras pour attraper le téléphone. Quelqu'un a laissé un message sur la boite vocal. Mais déjà le bouchon disparaît, la circulation se fait plus fluide, et Andrei se presse d'atteindre la bretelle d'accès, puis reprend le portable qu'il avait momentanément reposé. "Vous avez un nouveau message... " Il sait. Il n'a pas besoin qu'on lui rappelle tout. "Andrei, c'est moi mon cœur... Tu es où ? J'ai essayé de t'appeler à l'hôpital mais tu ne réponds pas... Il faut qu'on discute de ce qui s'est passé hier... Rappelle-moi dès que tu peux. Bisous mon chéri... (Voix off) Pour supprimer le message... " Chut. L'homme éteint son téléphone. Ne plus penser à cela. Sa femme croit que tout peux s'arranger après une discussion. Et pourquoi pas une partie de poker tant qu'on y est ? On la surprend en train d'embrasser un autre homme, après 9 ans de mariage, et il devrait encore ressentir de l'amour pour elle ? Jamais. Son pied s'enfonce nerveusement sur l'accélérateur. Le portable, qu'Andrei croyait avoir éteint, se remet à sonner. Il s'en empare prestement. Anastasia. De l'autre côté du fil, sa femme a une petite voix de fillette en pleur, elle s'excuse de tout son cœur, se lamente, et tente de lui faire comprendre que ce n'était qu'une erreur... Et lui il écoute, entre la rage et l'amour, sans s'apercevoir qu'il a changé de voie, et qu'il a maintenant devant lui un 36 tonne qui klaxonne tout ce qu'il peut.

Il ne voit rien. Il est dans son monde, celui de ses rêves. Un écran blanc se forme devant ses yeux et il voit défiler les meilleurs moments de sa vie avec sa femme. Une fille merveilleuse, rencontré à la fac à Moscou...

23 décembre 1973. Seul dans un jardin public, il attend avec un bouquet de roses blanche celle qui lui dira "oui" quelques années plus tard. Il est là, assis sur ce banc glacial, à regarder la neige tomber lentement. Les flocons forment sur le sol un tapis d'un blanc limpide, pur. Il sait qu'elle va venir. Elle l'avait promis au téléphone. Malgré le froid qui commence à le gagner, il décide de l'attendre le plus longtemps possible. Et c'est alors qu'elle arrive, encapuchonnée dans son manteau de fourrure, où seules dépassent deux tresses de la couleur des blés. Pas un mot n'est échangé. Elle s'assoit à ses côté, et instinctivement attrape sa main. Son cœur se réchauffe. Il tourne son visage vers elle, et se noie dans son regard. Ce regard gris clair, qui est celui de la fille dont il avait toujours rêvé, cette fille qui hantait ses nuits depuis qu'il l'avait vu, elle, petite étudiante dans cette immense bibliothèque, plongée dans ses traductions de Platon... Jamais il ne pourra oublier ces instants magiques.

Le camion n'est plus qu'à quelques mètres. Le klaxon, la voix en pleur, le regard gris... Tout s'enchaine, Andrei revient au monde réel. D'un mouvement brusque il tourne le volant pour revenir sur sa voie. Ouf ! La sueur le gagne lorsqu'il sent l'appel d'air au passage du camion sur sa gauche. On ne prend conscience de la mort, seulement lorsqu'on la frôle. Et ce jour était enfin arrivé pour Andrei. La frayeur de sa vie. Au téléphone, sa femme est toujours là, continuant de le supplier de dire quelque chose. Mais lui se sent incapable de proférer un son. Il raccroche et jette le portable à côté de lui. La barrière de l'hôpital se présente désormais devant lui. Il présente son badge au gardien. Echange de sourires : _ "Bonjour Docteur ! Bonne journée ! ". La barrière se lève, et la Porsche va se placer sur sa place réservée. Pendant que la capote se remet en place automatiquement, Andrei s'empare de sa mallette. Puis il se dirige d'un pas pressé vers l'entrée du personnel. Direction : le bureau.

Autour de lui c'est une fourmilière, les infirmières vont et viennent dans tous les sens, lui jetant des _ "Bonjour Docteur !... " À son passage. Mais sans jamais attendre sa propre réponse. Enfin, il entre dans son bureau, et s'effondre dans son siège. Son regard croise l'écran de son ordinateur : Déjà une dizaine de mails sont en attente. Mais aujourd'hui ses collaborateurs attendront. _ "Docteur, une urgence en salle d'opération... "... L'ange qu'il a en face de lui tente de le sortir de ses pensées. Ne pas penser à sa femme, le travail avant tout. Et d'un geste il ouvre son placard, prend sa blouse et suit la jeune fille tout en s'habillant. _ "Symptômes ? ", demande-t-il, _ "Contractions pulmonaires d'un cobaye en phase 1", répond l'ange. Andrei presse le pas. La phase 1 est primordiale, ils ne doivent échouer. Arrivé devant la porte du bloc opératoire, il se tourne vers l'infirmière_ "Qui est sur l'affaire ? "_ "Le docteur Lossef monsieur"_ "Merci. Vous pouvez disposer. Et souvenez vous des règles. " _ "Oui monsieur. ". Andrei pousse la porte...


Au milieu de la salle d'opération, un petit garçon d'à peine 10 ans, allongé sur un brancard sert un ours en peluche contre son cœur. Andrei s'approche de lui, et écarte délicatement les mèches de cheveux rebelles qui zèbrent son front juvénile. Les yeux bleu ciel du jeune s'ouvrent soudainement et fixent ceux du docteur. Andrei n'a jamais aimé les enfants, mais celui-ci était différent des autres... Il était bien plus qu'un enfant, il était le fruit de ses recherches, C'était la chose qui allait le rendre très célèbre. Le garçon tente un sourire, mais déjà la piqure de morphine commence à faire effet, il a du mal à garder les yeux ouverts.
"_Docteur, nous allons pouvoir commencer l'opération"
La voix semblait venir de si loin ! Andreï était retombé dans ses propres rêves, lors de son mariage avec Anastasia, lorsqu'elle lui avait dit oui.



Créer un être sans aucun état d'âme... Une créature à l'apparence humaine, mais qui ne pourra connaître la souffrance, qui ne sera jamais perturbé par les blessures amoureuses comme il était à cet instant.
Son rêve venait juste de se réaliser, et dans son bureau, Andreï attendait avec impatience que l'infirmière vienne le chercher, ce qui voudrait dire que le cobaye avait enfin ouvert les yeux. Nerveux, le docteur tapotait la gomme de son crayon à papier sur le sous-main. "Et si l'expérience était un échec ?", se disait-il, "impossible. Cela fait plus de deux ans que je suis sur ce projet, je ne peux échouer si près du but... "
Lorsque la demoiselle tant attendu vint chercher le docteur, celui-ci était excité comme un enfant à qui on annonce qu'il va avoir une petite sœur : il se leva d'un bond, se fit tout mielleux avec l'infirmière quand ils passèrent la porte, puis le sourire aux lèvres, il se dirigea vers la chambre du jeune.

Celui-ci était étendu sur ce lit d'hôpital, tenant toujours contre lui son ours en peluche. Ses yeux étant toujours fermés, il se tourna vers l'infirmière : "Je vous avez pourtant dit de ne me déranger seulement à son réveil !"_ "Mais je... Le rythme cardiaque de HGM1 a repris son fonctionnement normal, et l'on a observé des flux nerveux au niveau des membres antérieurs docteur... ", S'expliqua la femme, tandis que l'aide-soignant acquiesçait d'un hochement de tête, tout en surveillant les courbes du cardiographe.
_ "Evitez tout objet coupant à proximité de HGM1, sanglez le, et au besoin préparez une dose de sédatif si le réveil se montre compliqué."



(...)
Le soleil venait à peine de se coucher lorsque Andrei se réveilla en sursaut, s'assaillant sur son lit, les draps encore humides du cauchemar qu'il venait de faire : sa femme dans le lit d'un autre homme. Celui-là même qui s'était permis d'embrasser Anastasia...


(à suivre...)
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Re: Adage Mortel (chapitre 1)
Posté par luly le 24/12/2007 11:16:40
*pourquoi je tombe toujours sur les articles géniaux 3000 ans après:@*

j'iame cette suite là mais comme d'hab'...j'aime pas quand ça s'arrête comme ça^^ c'est pour quand la suite?
Re: Adage Mortel (chapitre 1)
Posté par supernaut le 08/10/2007 00:40:36
J'aime bien...
Re: Adage Mortel (chapitre 1)
Posté par fatoumata le 04/10/2007 18:26:37
super interessante ta nouvelle, j'attends la suite avec impatience!!!
Re: Adage Mortel (chapitre 1)
Posté par penty&dji le 04/10/2007 13:11:16
Bon j'ai lu ta nouvelle cette nuit, j'aime beaucoup le style d'écriture, ça me semblait un pavé et c'est passé tout seul, ça faisait longtemp que j'avais plus ressentis ça en lisant !

Bravo !!
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L'auteur : Nalesk ya Zdes` !
38 ans, Lyon-plage (France).
Publié le 04 octobre 2007
Modifié le 02 octobre 2007
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