"Kinshasa, 1974. La jeune Tshilanda, fille du chef de la sécurité d'un grand hôtel international de la capitale zaïroise, vient d'avoir seize ans. La petite fille s'est métamorphosée en une séduisante jeune femme qui attire tous les regards masculins. L'un de ces hommes, le très magnétique manager du groupe de James Brown, alors de passage au Zaïre, ne va faire qu'une bouchée de la naïve Tshilanda. La jeune fille est enceinte...
Il faut la faire quitter le Zaïre, éviter le scandale. Deux hommes, attachés l'un et l'autre à Tshilanda, vont l'aider dans cette entreprise : Edouard, un diplomate français de Kinshasa, et Mike, un musicien noir américain de Harlem, ancien G. I. Du Vietnam devenu le batteur de James Brown. Grâce à l'alliance improbable de ces deux personnages, Tshilanda obtient une green card lui permettant de partir pour les Etats-Unis, où elle accouche d'une petite fille. Elle l'appelle Liberty... " (Présentation Casterman)
C'est un parcours bien singulier que nous proposent de suivre le tandem Warnauts et Raives, avec leur nouvelle BD, Liberty. Dès les premières planches, les auteurs nous font rencontrer Tshilanda, que nous allons accompagner dans son périple du Zaïre aux Etats-Unis. Comme à leur habitude, Warnauts et Raives s'intéresse au parcours intime et identitaire de leur personnage.
Mais la vie de Tshilanda est également un prétexte pour évoquer l'évolution du monde. Sa vie personnelle s'entremêle avec les événements historiques, de la victoire de Mohammed Ali à Kinshasa en 1974 à celle de Barack Obama à l'élection présidentielle de 2008. Le parcours de la jeune femme métisse, fait de coups durs, de rencontres et finalement de réussite, est un écho de l'histoire de la Communauté noire. Ainsi les auteurs s'inscrivent une nouvelle fois dans le réel et font preuve de leur grande attention sur le monde. Dommage que l'espace restreint de 64 pages ne leur permette parfois que d'esquisser les pistes commencée au lieu de les mener jusqu'au bout.
Du point de vue de la narration, les auteurs donne tour à tour la voix aux différents personnages : d'abords à Tshilanda, bien sûr, mais également aux personnages secondaires qu'elle croise tout au long de sa vie. Cette technique est une manière de rendre le scénario encore plus riche et de confronter les points de vue. Chaque personnage est réellement partie prenante du récit mais aussi de l'Histoire avec un grand H. Et puis à la fin de l'album, c'est sur Liberty, symbole même de la réussite de sa mère Tshilanda, que se concentre l'attention des auteurs et du lecteur.
Warnauts et Raives nous livrent à nouveau un album coloré (excepté, les quelques planches en noir et blanc correspondant à des flashbacks). Les deux artistes jouent également beaucoup sur l'intensité des regards pour marquer les relations entre les personnages. L'ensemble démontre une nouvelle fois leur grande complicité et nous offre un vrai bon moment de lecture.
Titre : Liberty
Auteurs : Warnauts & Raives
Editeur : Casterman