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Et si vous faisiez le premier pas
Posté par §kli§

le 20/08/2004 07:54:02

Chaque rencontre peut devenir une aventure, chaque personne, un exemple...

Craig, un ami de lycée, communiquait son dynamisme et sa vitalité partout ou il allait. Il centrait toute son attention sur vous lorsque vous parliez, et, peu à peu, vous vous sentiez prendre de l'importance. Tout le monde l'adorait

Un beau jour d'automne, alors que j'étais avec lui en salle d'étude, je vis par la fenêtre l'un de mes profs traverser à pied le parking.
-Je n'ai vraiment pas envie de le voir, dis-je
-Et pour quelle raison ? Me demanda Craig.
Je lui expliquai qu'avant les vacances, nous nous étions quittés, ce professeur et moi, en très mauvais termes. L'une de ses remarques m'avait vexé, et, en retour, j'avais eu à son égard des paroles blessantes
-Et puis, ce type me déteste.
Craig regarda la silhouette qui continuait son chemin sous nos yeux. -Et si tu te trompais ? Avança-t-il. C'est peut-être toi qui l'évites... Tout simplement parce que tu as peur. Lui de son côté, il croit sans doute que tu ne l'aimes pas. Il n'a donc aucune raison d'ê^tre sympa avec toi. Les gens aiment les gens qui les aiment. Si toi, tu lui montrent de l'intérêt, lui t'en montrera aussi. Va donc lui parler.
Les propos de Craig avaient fait mouche. Traînant les pieds, je descendis les escaliers jusqu'au parking. Je saluai chaleureusement mon professeur et lui demandai s'il avait passé de bonnes vacances. Il me regarda, l'air ahuri. Nous fî^mes quelques pas ensemble et j'étais sûr que, de la fenêtre, Craig nous observait, un sourire satisfait aux lèvres.

Craig venait de m'expliquer unphénomène très simple, si simple que je me demandai pourquoi je n'y avais pas pensé plus tôt. Comme bon nombre de jeunes, je n'avais pas confiances en moi, et j'abordais toutes mes rencontres en craignant d'être jugé par les autres. En réalité c'étaient eux qui appréhendaient mon jugement. A partir de ce jour-là, au lieu de chercher quelque opinion dans le regard de l'autre, j'ai admis que les gens ont besoin de tisser des liens, et de partager avec autrui un peu d'eux même. J'ai ainsi découvert un éventail d'individus qui, autrement, me seraient restés à jamais inconnus.

Un jour, justement, prenant le train, j'ai engagé la conversation avec un homme que tout le monde fuyait parce qu'il titubait et articulait mal comme s'il avait bu. Il s'avéra qu'il se remettait d'une attaque cérébrale. L'homme avait été cheminot sur cette ligne et il passa la nuit à me raconter les histoires qui se cachaient sous chaque kilomètre de la voie. J'appris que Big Jack, un poseur de rails suédois, était entré dans la légende parce qu'il soulevait les 225 kilos d'un rail en acier d'un seul coup ; et qu'un contrô^leur appelé McDonald ne voyageait jamais sans son lapin.
L'aube se levait. L'homme me prit la main et me regarda droit dans les yeux :
-Merci de m'avoir écouté. La plupart des gens n'auraient pas pris cette peine.
Il n'avait pas besoin de me remercier, tout le plaisir avait été pour moi.

Chaque rencontre devenait une formidable aventure, chaque personne un exemple de vie. Les riches, les pauvres, les puissants, les solitaires, tous autant que moi poursuivaient des rêves, tous autant que moi se posaient des questions. Tous avaient une histoire exceptionnelle à raconter, mais encore fallait-il que j'accepte de les écouter.

Nous passons si souvent à côté de tels moments. La fille que tout le monde trouve laide, le garçons qui portes des vê^tements bizzarres, ces gens ont tous une histoire à raconter, comme vous. Et, comme vous, ils ne demandent qu'à être écoutés.
C'était cela le secret de Craig : aimer les gens d'abord, ensuite seulement poser des questions. Vous verrez, le bonheur que vous donnez vous sera rendu au centuple.