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Froome, le Géant du Tour
Posté par rmcriolo le 27/07/2013 19:30:02
Le Tour de France auquel nous sommes en train d'assister depuis deux semaines maintenant est un peu particulier dans son déroulement et surtout dans son suspense pour le classement général. D'abord, on voit Christopher Froome prendre largement les devants dans la montée vers Ax 3 Domaines et on se dit que ce Tour du Centenaire est déja promis au natif de Nairobi. Mais le lendemain, on voit Richie Porte lâcher dès les premières difficultés et Chris Froome esseulé dans le groupe des favoris et on se dit que tout est possible et que le coureur britannique est encore battable. Sauf que la journée de repos passe par là et que le "Kenyan blanc" est le seul à rivaliser avec le vainqueur et champion du monde de la specialité Tony Martin dans le contre-la-montre du Mont-Saint-Michel. Au final, le leader de la Sky reprend presque deux minutes à tous ses adversaires et on pense que le suspense s'envole. Mais alors que Chris Froome semble comme intouchable et insubmersible, il suffit d'un coup de vent, abilement utilisé par l'équipe Saxo-Bank Tinkoff d'Alberto Contador et l'équipe Belkin de Bauke Mollema et Laurens Ten Dam, pour chambouler tous nos pronostics car encore une fois, les équipiers du maillot jaune ont semblé trop faibles pour le secourir.
Il était donc un peu compliqué de savoir ce qui allait se passer dans cette étape de Fête nationale. Bien sûr, on savait que des baroudeurs tenteraient de prendre la fuite dans les premiers kilomètres de course et que parmi eux, on trouverait certainement des français voulant absolument briller le jour le plus important du Tour de France. On aurait eu raison car Sylvain Chavanel, Jérémy Roy, Pierrick Fedrigo, Christophe Riblon et Julien El Farès, qui lâchera par la suite, prirent la poudre d'escampette avec cinq autres hommes.
Mais cette tentative était vouée à ne pas avoir le même destin que celle de la veille. Pourtant, on crut d'abord que ces échappées pourraient aller au bout car, sous l'impulsion d'un très grand Sylvain Chavanel, ils prirent rapidement plusieurs minutes d'avance mais Europcar mit par terre les espoirs des fuyards pour ne pas avoir accepter l'entrée de Pierre Rolland parmi eux de peur qu'il ne fausse les débats dès les premiers pourcentages positifs du Ventoux se feraient ressentir. Avec une avance de seulement trois minutes au pied du Géant de Provence sur un peloton emmené également par l'équipe Movistar, soucieuse de se montrer après l'éviction de son leader Alejandro Valverde de la course au podium final, on savait que la messe était dite et que, malgré le courage sans faille de Sylvain Chavanel qui sortait seul dès que le panneau indiquant les vingt-cinq kilomètres était dépassé, cette étape mythique se disputerait parmi les meilleurs grimpeurs du peloton.


La sky montre les crocs

La decision se fit assez rapidement. On voyait, au fil des premiers kilomètres très raides du Mont Chauve, ceux qui ne participeraient pas à la bagarre. Une filtration rapide causée par le travail de l'équipe Sky. Tour à tour, David Lopez, Peter Kennaugh et Richie Porte accéléraient progressivement le rythme, histoire de faire taire les critiques essuyées depuis le dimanche précédent "beaucoup de gens ont dit qu'on était faibles, que la Movistar ou la Saxo-Bank était meilleures que nous. Ils ont vu cet après-midi que Christopher peut toujours compter sur de solides équipiers dans les grandes étapes comme ce fut le cas cet après-midi" répondait, avec une pincée de rancoeur, Nicolas Portal à ses principaux detracteurs. Rapidement, on vit Cadel Evans, Tejay Van Garderen, Andy Schleck mais aussi Pierre Rolland presque à l'arrêt tandis que Richie Porte assurait le caractère soutenu du rythme imposé au peloton.
Le premier à attaquer fut, sans trop de surprise, le colombien Nairo Quintana qui prenait les devants à un peu moins de quinze kilomètres de la vigie. Encore une fois, le grimpeur natif de Bayoca, village colombien situé à 2000m d'altitude, trouvait le moyen de s'atirer les louanges de ses équipiers, des suiveurs et même de certains adversaires "il est très jeune et apporte beaucoup de fraîcheur à l'équipe. Il n'a pas peur d'attaquer et c'est bien de voir un gars qui ne calcule pas. Et en plus, c'est un super gars" souriait Andrey Amador, son coéquipier chez Movistar. Jean-François Bernard enchérissait "il me rammène à la grande époque des petits grimpeurs colombiens. Ils n'ont pas le style pour gagner le Tour de France mais on sait qu'ils vont animer la course à un moment ou à un autre. Et en ce sens, Nairo Quintana peut être sur cette liste. C'est le seul capable de rivaliser avec Christopher Froome en montagne alors que les autres s'inclinent rapidement". Même dans le peloton, son nom est beaucoup cité "il est très bon. Les gens ne s'en rendent compte qu'aujourd'hui mais ça fait depuis plusieurs années qu'on le connait. Il a gagné le Tour de l'Avenir et une étape de prestige sur le Dauphiné l'année dernière où il avait resisté à Bradley Wiggins. Il fait un bon premier Tour de France même s'il lui manque encore de l'experience. Il a beaucoup d'envie donc il attaque. C'est bien mais parfois, il attaque trop tôt et il le paie ensuite. Il a des choses à apprendre parce qu'il est jeune mais c'est sûr qu'on va parler de lui dans le futur" complimentait Laurens Ten Dam, cinquième au classement général.


Quintana a tenu plus longtemps

Le colombien prit rapidement une quarantaine de secondes d'avance sur le maillot jaune. Une avance qui s'amincira à mesure de l'accélération de Richie Porte. Une accélération assez forte pour qu'il ne reste que lui et Alberto Contador autour de Christopher Froome. Et quand ce dernier fit un geste en direction de l'Australien, on comprit aisément ce qui allait se passer. Une première accélération qui parvint à suivre le madrilène et une deuxième quelques secondes plus tard, qui mettra fin à ce duo. On doit parler ici d'accélération et non d'attaque car le britannique ne décolla pas une seule fois ses fesses de la selle. Une accélération qui restera dans les mémoires car d'un style encore jamais vu "il ne se met jamais en danseuse. Mais c'est parce qu'il n'est pas un pur grimpeur. Les grimpeurs ont besoin de se mettre en danseuse pour avoir le petit coup de rein et pour ammener le braquet. Froome, lui, met un petit braquet et joue sur la fréquence de pédalage. Normalement, ce n'est pas suffisant pour faire la différence mais lui est capable de maintenir un très gros rythme pendant au moins quinze secondes" expliquait Cyrille Guimard.
Et face à une telle performance sur un des cols les plus compliqués à grimper, la question du dopage se pose forcément. Thierry Bourguignon cherchait à temporiser "c'est normal qu'après toutes les affaires comme Armstrong ou d'autres, les gens se posent des questions. Mais il subit beaucoup de contrôles et tout est normal à chaque fois. Il ne faut pas tomber dans la paranoïa et voir tout en noir. On est étonnés parce qu'il a un style différent des autres qui vient du fait qu'il n'ait pas de style. Il a aucune technique mais est tertiblement efficace".
Il est inutile de se voiler la face, Christopher Froome a au moins un pied et trois orteils sur la plus haute marche du podium des Champs-Elysées. Il compte plus de quatre minutes sur son dauphin Bauke Mollema. Un écart qui risquera de d'agrandir sur l'épreuve contre-la-montre de mercredi. Son premier grand Tour lui tend les bras mais ça ne lui suffit pas si l'on en croit son abnégation à remporter les étapes "pour être parmi les plus grands, il ne faut pas que gagner le Tour, il faut l'animer et ça passe par des grandes victoires d'étapes. Il l'avait fait l'année dernière en gagnant en haut de la Planches des Belles Filles. Cette année, il remporte les deux plus belles étapes à Ax 3 Domaines et aujourd'hui au Mont Ventoux. Quoi qu'il puisse se passer, il est déjà entrer dans l'histoire. On se souvient des grandes victoires d'Armstrong, de Hinaut et de Merckx". En parlant du Canibale, le Belge était le dernier maillot jaune à s'être imposé en haut du Géant de Provence avec, à la clef, cinq Tour de France. Froome n'en est pas encore là mais pas sûr qu'on dise la même chose dans quatre ans...

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