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Vagabon de l'hégémonie (1)
Posté par marcdetoday le 08/05/2005 00:00:56
Partie 1
L'orphelin

-Il vit seul ?
-Oui
-Depuis longtemps ?
-Presque un an.
-Quel age a-t-il ?
-14 ans. Il survit grâce a ce que lui ont laissé ses parents.
-Il est vraiment ce dont on dit de lui ?
-Dieu seul le sait.
-Je ne suis pas catholique.
-Moi si.
-Donc pour moi personne ne le sait, et c'est bien triste.
-Pour moi c'est une certitude. Aucun autre enfant n'aurait survécu seul a ce qu'il a vécu.
-Je ne veux pas qu'il meure.
-Nous ne pouvons pas le surveiller. Un soldat de la FI a une espérance de vie de trois heures, là-bas.
- C'est a Carthagène ?
-Oui."

Les dernières fusillades de la journée cessèrent tôt, ce jour là.
Si bien que Nito pu s'endormir si vite qu'il pouvait envisager de faire partie des 150 enfants qui iraient à la seule école publique de Carthagène. Non, sûrement pas. Nito ne pouvait pas prendre le risque de sortir de la place forte. Ni même de son appartement. De toute façon, il avait autre chose a faire.
Au début c'avait été un moyen de supporter de passer une journée entière sans voir le jour, mais il avait vite su apprécier l'activité qu'il s'était trouvé : L'écriture. Une autobiographie. Il écrivait sa propre histoire, car avec le recul qu'il pouvait se permettre de prendre, il considérait son existence comme digne d'être racontée.
A vrai dire, Nito n'avait aucune idée de ce que signifiaient les notions de prétention et de modestie. Et ça le rendait libre. Il n'avait pas a se demander si ce qu'il écrivait allait être apprécié... Il publiait. Dans un hebdomadaire. Toutes les semaines, il envoyait quatre pages à un journal, qui en échange virait les indemnités sur le compte de ses parents. C'était assez drôle pour Nito de voir s'entasser les euros sur un compte auquel il avait accès. Il écrivait sous le nom de ses parents, vu qu'ils n'étaient pas légalement mort. Ils n'étaient juste "pas revenus... ".
L'état ne savait rien, à la connaissance de Nito, de sa situation.
Nito se coucha et s'endormi vite. Lorsqu'il se réveilla, il alluma l'hologramme. Des nouveaux attentats. Et ils semblaient se rapprocher de plus en plus de la place forte. Deux ans auparavant, les affrontements avaient lieu à plus de dix kilomètres de chez Nito Mais à présent, ils étaient si près que les bruits devenaient insupportables pour ceux qui étaient dans les étages. Nito, lui, était logé au huitième sous-sol, et ne craignait donc que les bombes atomiques.
Il se leva et alla manger. Il écrivit ensuite. Toute la journée. Jusqu'au moment ou il reçut sur son téléphone un message dans lequel on lui disait de monter le retrouver sur la place.
Je n'ai pas d'amis. C'est stupide.
Cependant, il était intrigué. Et l'intrigue est liée directement à la curiosité. Il monta donc.
A sa connaissance, il était le seul à connaître le numéro de son portable, c'est pourquoi il ne le portait jamais sur lui. Parvenu sous le ciel gris argenté de a fin de journée, il releva tout les détails que son champ de vision pouvait lui donner :
Des tentes et des huttes en tôle ondulée faisaient passer la place forte de Carthagène pour un bidonville. Cà et là, des vieillards assis par terre.
Un jeune garçon que Nito n'avait encore jamais vu à l'école était allongé sur la large rambarde en marbre de l'hôtel de police.
Et comme Nito le vit, il eu un pressentiment. Celui que c'était précisément lui qu'il cherchait. Nito faisait confiance a ses pressentiments, car il avait lu, il ne savait ou, qu'ils résultaient dans 80% des cas d'un rapprochement inconscient, d'une conclusion instinctive.
Donc, fidèle à ses habitudes, il alla lui parler. Il n'était pas du genre timide. Car il trouvait cela stupide.
"Bonjour.
-Bonjour.
-Je suis Nito. J'ai bien reçu votre message, risqua-t-il.
-Je ne vous attendais plus. M'invitez vous ? J'ai a vous parler... "
Au début, il avait apprécié qu'on le vouvoie, mais après coup, il s'était rendu compte que c'était déstabilisant. Nito voyait mal comment refuser, et, de plus, il était curieux de savoir ce qu'un adolescent de son age avait à lui apprendre.
"Suis-moi"
Pas un mot pendant le trajet.
C'est lui qui m'a demandé de venir, je ne vais pas lui faire la conversation.
La porte était restée ouverte. Nito se rendit compte que son "invité" avait noté ce détail. Que comme il allait lui montrer la maison, et donc, le système de sécurité de l'immeuble, il avait intérêt à s'en faire un ami.

Nito et l'enfant s'installèrent. Sans que personne ne l'y ait invité, étrangement, le convive se mit a raconter sa vie.
"Je m'appelle Dink. Je suis Français. Mais je n'ai plus la nationalité française. Tout petit, j'ai été sélectionné par l'école des talents juvéniles. Mes parents ont refusé de m'y envoyer. Deux mois plus tard, ils ont été tués accidentellement, et j'ai dès lors perdu tout mes droits civiques.
C'était il y a un an et demi. Je dis "Tout petit" parce qu'à cette époque j'étais jeune, naïf et puéril. Depuis je suis sorti de France et j'ai rejoint l'Espagne à pied. Par accident, j'ai découvert que toi aussi tu avait été sélectionné par l'AMTJ. Mais tes parents ont refusés. Depuis tu est orphelin. Je suis allé te rejoindre."
Nito ne comprit pas tout. Ou plutôt, il eu un peu peur de comprendre étant donné les conséquences qu'auraient la véracité des propos tenus par Dink. Il commença par l'interroger sur ce qu'il trouvait essentiel pour comprendre ce dont il parlait.
"Qu'est-ce que l'AMTJ ?"
A cet instant, et sans qu'il eût pu dire comment, Nito trouva que Dink avait l'air et paraissait particulièrement intelligent. Il s'était toujours considéré comme normal, et que le décalage qu'il avait avec les enfants de son age était du à ce qu'il avait vécu. Mais avec Dink, il se sentait sur la même longueur d'onde. Si Dink fut étonné par la question, il n'en montra rien.
"C'est la pire idée qu'ai eu la FI depuis sa fondation. Il s'agit d'une académie basée en France pour repérer et recruter les jeunes esprits les plus intelligents dans le but de les former dans trois disciplines décisives :
Stratégie militaire et géopolitique - Réflexion et philosophie politique – Science et techniques de l'armement.
Mais j'ai de bonnes raison de croire qu'ils dont ça pour priver tout les pays du monde des petits génies qui seront demain suffisamment pour être les adversaires de la FI.
En contrôlant la jeunesse Géniale, ils contrôlent le monde."
Ca sonnait comme une chanson. Nito se sentit frustré de ne pas l'avoir su plus tôt. Mais il y croyait. Pour deux raisons. La première était que cela collait aux énigmes qui s'étaient trouvés posées pendant la période antérieure à la mort de ses parents.
Deuxièmement, cette histoire, son histoire lui donnait ce dont il manquait le plus : L'envie de vivre. L'espoir.

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