A la vie, à la mort... Posté par jubi07 le 19/09/2004 00:00:56
Enfin, les vacances à la mer ! J'attendais depuis si longtemps d'avoir 18 ans, de pouvoir enfin m'échapper du climat familial oppressant, pour me rediriger vers quelque chose de beaucoup plus calme, beaucoup plus sain... Beaucoup plus libre ! Voici enfin des vacances à mon goût...
Marc est à mes côtés, sourire aux lèvres. Nous avons garé la voiture à quelques mètres de là, puis nous nous sommes rapprochés de la falaise. A présent nous apercevons la mer en contrebas, qui vient lécher avidement les rochers scintillants. Le soleil se reflète sur ces roches escarpées, recouvertes de coquillages par endroit. J'ai une folle envie de sauter comme un cabri jusqu'en bas, puis me jeter dans l'eau tiède, répandre mon corps de sel... Mais a descente est trop abrupte, je ne m'y risquerai pas. Je me penche cependant avec un sourire espiègle, mais Marc me tire la main doucement avec une moue attendrissante. Je comprends par les expressions de son visage tout ce qu'il veut me dire. Il sait me faire comprendre tous ses sentiments, me faire ressentir ses moindres émotions en un frémissement. J'ai appris à le connaître, et maintenant nous formons un couple magnifique. Son mutisme ne m'a jamais dérangé ; je ressens sa douceur et sa gentillesse à travers ses caresses. Il est énormément sensible, et même sans mots, j'entends ses murmures me frôler l'esprit.
Au début, mes parents n'ont pas compris pourquoi j'avais choisi Marc. "Il est muet !" ont-ils dit, ahuris. Ils se focalisent trop sur l'apparence, sur l'image qu'ils rendront aux autres. Moi, je ne m'en soucis pas. Marc est le plus beau cadeau que la vie m'ait offerte, et je ne laisserai personne prendre des choix à ma place. Je veux choisir ma vie, et j'ai décidé qu'elle serait à ses côtés.
Il me regarde avec tendresse, me tire doucement vers lui, et passe un bras autour de ma taille. Ses magnifiques yeux verts rient de plaisir. Il est bien à mes côtés ; je lui rends son sourire pour lui faire comprendre que cela est réciproque. Nous regardons encore le superbe paysage qui s'offre à nous ; le soleil qui fond, répandant dans le ciel sans nuage des traînées roses et orangées, et même pourpres par endroits. Le délicat coucher de soleil projette ses dernières lueurs pour nous laisser percevoir les alentours. La ville est sur la droite, quasiment plongée dans l'ombre, avec ses maisonnettes ornées de tuiles orangées, collées les unes aux autres, rappelant la chaleur de l'été. Les arbres sont en grand nombre : les pins parasol dressent fièrement leurs épines, et les palmiers bordent la plage de sable fin. Sur la gauche, les derniers pêcheurs rangent leur équipement, plient leur canne ou sortent leur dîner pour profiter un dernier instant de l'air du large. En face, la mer, éperdument. Au loin, quelques mouettes réclament leur dîner. Devant nous, à gauche, à droite, en haut, en bas, le roulement des vagues, le clapotis de l'eau, le murmure de l'écume qui meut à peine, et la délicatesse des derniers rayons du soleil...
Le bonheur. J'embrasse Marc longuement pour lui faire part de ma joie de vivre en sa présence et ma reconnaissance. Tout est parfait quand il est là, et dans ce milieu paradisiaque, je vais pouvoir oublier mes parents envahissants et mes problèmes quotidiens. Au moins pendant deux courtes journées...
Marc s'écarte doucement et me fait quelques signes pour que nous nous redirigions vers la voiture. Il connaît parfaitement le langage des signes ; j'arrive à saisir les gestes qu'il fait le plus souvent, qu'il utilise dans la vie de tous les jours. Pour le reste, nous nous comprenons tout de même. L'amour a aussi son propre langage, qui n'est pas fait de mots maladroits et impropres, juste de tendresse, de douceur et de passion. Nous n'avons besoin de rien de plus...
Nous montons dans la voiture après un dernier regard vers l'horizon. La pénombre s'installe peu à peu, et Marc préfère rejoindre l'hôtel avant la nuit. De plus, je commençais à avoir faim...
Je m'installe à ses côtés et pose une main sur son genou. Il se concentre sur sa conduite, car la route est sinueuse. Pendant ce temps, je pense à lui, à nous, encore et toujours.
Il y a quelques années, je n'aurais jamais pu imaginer que je serais heureuse à ce point un jour. J'étais une ado comme les autres, complexée, mal dans sa peau. J'attendais le grand amour, mais j'étais désespérée. Mes parents m'obligeaient à bien travailler (et c'est toujours le cas) et ne m'accordaient de l'attention que pour me parler de mes devoirs, de mes notes, de mes professeurs, de ma classe. Mes activités extra-scolaires se réduisaient à une heure de basket par semaine, ce qui ne m'enchantait pas vraiment. Mes parents m'avaient forcé à faire ce sport... "Tu es très grande, tu feras partie des meilleurs !" m'avaient-ils dit pour m'encourager. Soit... J'avais suivi leur conseil, passive et déjà vaincue par la vie. Je me laissais aller sans réfléchir, sans vraiment de volonté. Je n'avais aucun but, aucune envie précise. Je ne savais pas pourquoi j'existais. Il parait que c'est une période de la vie des adolescents, nous ne savons pas ce que nous faisons sur Terre et nous nous posons toutes sortes de questions. Pour le basket, je ne m'étais découverte aucune vocation ; j'étais simplement arrivée à me tordre le poignet. Mais mes parents n'avaient pas perdu espoir.
Je me regardais souvent dans le miroir, me fixant sur des formes inexistantes mais qui me rongeaient de l'intérieur. Je me trouvais énorme. Et ma peau ? Elle était grasse, épaisse, trop terne... Mes cheveux étaient banals, châtains clairs et longs comme la plupart des jeunes filles. Je n'avais pas beaucoup de poitrine, mes fesses étaient plates et mes hanches trop larges...
Pourquoi le bonheur aurait-il pris place dans mon cœur ? Pourquoi m'aurait-il choisi ?
Et pourtant il l'a fait...
Je bénis encore cette journée où je flânais à la bibliothèque, cherchant un livre de Barjavel qu'on m'avait recommandé. Et soudain, Marc apparut, un sourire aux lèvres, comme à son habitude. Je l'avais croisé plusieurs fois mais j'évitais son regard, pensant qu'il se ficherait de moi comme tous les autres. Il était différent, solitaire, silencieux. Mais un garçon comme lui n'aurait jamais pu s'intéresser à une fille comme moi, c'était l'évidence même.
Puis nous avons appris à nous connaître... J'ai vu combien il souffrait, mais combien il était fort. Tous les jours ils supportaient les remarques déplaisantes des autres ; je me suis reconnue dans son histoire. Mon silence habituel s'accordait parfaitement à son mutisme, nos douleurs et nos peurs étaient les mêmes, nous étions fait pour nous entendre...
Et aujourd'hui, un an après, nous sommes là. Ensemble, nous aimant éperdument. Marc représente tout pour moi. Je me suis rendue compte qu'il m'a fait vivre, ou du moins revivre. Il fut et il est toujours le seul à me comprendre, le seul à s'intéresser à ma personne et à ce que je suis. L'amour est le plus merveilleux des sentiments... Il m'a changé, je me suis épanouie et j'ai pris confiance en moi... De son côté, il est moins complexé à cause de son handicap : je lui ai fait comprendre que ça ne changeait rien pour moi...
Je jette un regard vers lui, sourcils froncés, fixé sur la route. Ses lèvres charnues sont pincés et dénotent la concentration. Soudain elles se détendent et il sourit. Il sent mon regard posé sur lui, l'admirant, le contemplant avec plaisir.
Il est vraiment l'homme de mes rêves, l'homme de ma vie. Je ne peux toujours pas croire à tout cela. Il y a quelques années, je n'aurais jamais cru pouvoir... Non, je ne dois pas me retourner vers le passé. Je dois regarder l'avenir, notre avenir, si prometteur. Nous avons fait différents projets, nous pensons déjà au mariage même s'il était un peu tôt... Nous aurons des enfants... Ce sera grandiose...
La nuit est déjà tombée. Tout va très vite à cette période, le soleil s'est enfui en quelques secondes. Marc gare la voiture devant l'hôtel et m'ouvre la portière comme une princesse. Il fait toutes sortes de mimiques et de révérences comiques. Je lui propose une dernière ballade avant de rentrer.
Au lieu de nous diriger vers la plage, nous prenons un petit chemin perdu dans les bois qui mène à une crique isolée. Les arbres sont très rapprochées et l'air est humide et frais. Marc dépose son pull sur mes épaules car il remarque ma chair de poule. Nos pas sont en cadence, nos mains s'épousent harmonieusement et nos corps hâtifs se pressent, ressentant l'appel de la mer.
Marc adore les bains de minuit, celui-ci ne respectera pas l'horaire donné par la tradition, mais mon chéri se fondra tout de même dans la pénombre liquide avec un bien-être insolent. Je connais ses habitudes et ses désirs...
Le sel se fait ressentir de plus près : nous arrivons à la crique. Marc connaît les lieux par cœur, il a passé une partie de son enfance ici, et me fait partager ses souvenirs.
Soudain, des voix étouffées nous parviennent. Marc me regarde, surpris. D'habitudes, les lieux sont déserts à cette heure-ci. Les touristes, peu nombreux à connaître cette crique, se retirent avant la tombée de la nuit, n'ayant plus aucun intérêt à rester ici puisque les derniers rayons du soleil, bénéfiques pour leur bronzage habituel, disparaissent en quelques instants.
Nous nous avançons, et lorsque les arbres se dispersent pour nous laisser entrevoir le sable fin parsemé de coquillages, notre surprise est de taille. Des personnes ont envahi la petite crique et ont répandu leurs déchets un peu partout sur la plage. Ils ont fait un feu, ce qui est interdit en cette période, et ont laissé traîner également des bouteilles d'alcool. Le sable est parsemé d'ordures étrangères. Deux jeunes hommes, ivres, sont allongés autour du feu et ricanent en maltraitant un chaton. Deux autres couraient dans le sable en faisant des borborygmes, tandis que le dernier fumait un joint assis dans le sable, les yeux dans le vague, un sourire béat aux lèvres. Marc écarquille les yeux et serre les poings. Il ne supporte pas qu'on maltraite qui que ce soit, et voir ce chaton miauler désespérément en dansant entre les mains épaisses de ces deux brutes le met hors de lui. De plus, la crique est méconnaissable : l'œuvre des cinq jeunes hommes était impressionnante. Ils avaient apparemment mangé avant de commencer leur petite fête, car il y avait des papiers dans tous les coins, des bouteilles d'alcool, des canettes de bière, il avait même étendu des tissus qui s'étaient laissé aller au gré du vent. Marc n'a jamais vu la crique dans un tel état : il la fréquente depuis son enfance et adore y passer des heures, surtout pendant la tempête. Il écoute le grondement des vagues, apprécie le souffle puissant du vent et l'air qui s'engouffre dans ses vêtements. Mais là, un véritable cyclone a dévasté ce lieu sacré. Marc trépigne, il est furieux et je vois son visage s'empourprer. Il me fit signe de rester ici. Je n'étais pas très consentante, mais il me fit un clin d'œil pour me rassurer. Alors il avance lentement vers les jeunes hommes, en tentant de garder son calme.
Une des personnes qui dansait et sautait entre les dunes stoppe net et le fixe de ses yeux sombres. Il doit avoir environs une vingtaine d'année. Son acolyte virevolte dans les airs, titube quelques instants en grommelant, puis s'arrête net après avoir aperçu Marc. "Hey regardez les mecs !" lance-t-il aux autres. Les deux garçons allongés auprès du feu redressent la tête et cessent leurs mouvements. Ahuris, ils dévisagent Marc de haut en bas. "Qu'est-ce qu'il fout là ?" balancent-ils d'une voix unanime. Leur surprise permet au chaton de prendre ses jambes à son cou. J'observe le spectacle de loin, ne lâchant pas Marc des yeux.
Alors, les deux garçons debout, qui paraissent les plus sobres malgré leurs visages rougeauds, s'avancent vers Marc avec un sourire malsain...
Re: A la vie, à la mort... Posté par gobinette le 22/09/2004 13:48:57
ben moi jtrouve pas ca si terrible ke ca..le début ca va même si c trop fleur bleue à mon gout, et après le "dénouement" est trop trop décevant...c'est trop le cliché des méchants ptits jeunes quii viennent polluer la plage...(je ss daccord c'est mal)enfin bon...peut -être que la suite remontera le niveau de la première partie...